CULTURE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ESSAI
ABDERRAHMANE DJELFAOUI- « ANNA GREKI…. »
Anna Greki. Les
mots d’amour, les mots de guerre. Essai de Abderrahmane Djelfaoui
(Illustration de couverture, Denis Martinez) . Casbah Editions , Alger 2016, 190 pages, 850 dinars
De son vrai nom Anna Colette Grégoire, Anna Greki
est née à Batna, le 14 mars 1931.Elle passe son enfance à Menaâ
(« un petit village dominant une « descente » rocailleuse vers
l’oasis de Biskra dont il ne subsistait pour toute route qu’une piste
ancestrale ») , commune d’Arris dans les Aurès,
où son père était instituteur. Elle effectue ses études primaires à Collo puis
au lycée à Skikda, mais interrompt ses études supérieures de lettres à Paris
pour pouvoir prendre part activement au combat pour l’indépendance de
l’Algérie.
Militante du Pca, très proche de Sid
Ahmed Inal, un Sorbonnard (futur officier de l’Aln,
dans le maquis de Tlemcen, tombé au
champ d’honneur le 31 octobre 1956 à l’âge de 25 ans) ,
elle est membre des Combattants de la libération-CDL .Elle est arrêtée en mars
1957 à Annaba (ex-Bône où résidaient ses parents alors qu’elle était recherchée
) et torturée (villa Sésini) avant d’être internée à
la prison Barberousse d’Alger. Greki est ensuite transférée ,en novembre 1958, au Camp de transit et de
triage de Beni Messous
(Alger) puis expulsée d’Algérie. Ensuite, elle rejoint Tunis.Elle
rentre en Algérie à l’Indépendance, en 1962.
Achevant sa licence en 1965, elle est professeur de français au lycée Emir
Abdelkader d’Alger et publie parallèlement des textes poétiques dans
l’hebdomadaire Révolution africaine, entre autres. Victime d’un accident
de la route, Anna Greki (épouse Melki,
un juif berbère du constantinois, devenu
un brillant expert en finances à l’indépendance) décède brutalement à l’âge de 33
ans, laissant des textes inachevés dont un roman
Belle
blonde du pays chaoui, résolument et très tôt engagée
politiquement pour la libération du pays du joug colonial (aidée
, peut-être , en cela, par l’éducation socialiste prônée par ses parents
et surtout par une enfance vécue au sein de la population
« indigène ») , elle avait l’Algérie dans le peau.
Amoureuse
des Belles Lettres, nourrie par les débuts généreux de la jeune littérature
nationale annoncée dès 1946 par « l’Eternel Jughurtha »
de Jean El Mouhoub Amrouche
et surtout par Kateb Yavine fustigeant le réel colonial,son expression était la poésie. Là où elle
vécut (ex : « Bône 1956 »). Mais,
les vers les plus prenants sont
ceux écrits en cellule sur des cahiers
d’écolier procurés on ne sait comment et
lus à ses compagnes , une quarantaine pour un
dortoir (n°3) de neuf lits
...allant jusqu’à leur faire découvrir Marcel Proust, cet « autre
chose qu’une littérature oisive » : Claudine Lacascade,
Nelly Porro (originaire de Bône) , Annie Steiner (une
autre poétesse) ,Zhor Zerari
(une autre poétesse), Louisette Ighilahriz, ,
Jacqueline Guerroudj, Baya Hocine, Chafika Meslem, Baichi Fatma, Blanche Moine, Fatima Slimani,
la maman et la grand-mère Ighilahriz, Eliette Loup, Nassima Heblal ......Des catholiques
libérales.....Des militantes communistes....Des moudjahidate
musulmanes.....presque tout l’ochestre de Fadhela Dziria.....
« Elle
était humaine et chaleureuse. Elle faisait tout pour que nous ayons le moral et
qu’auncune de nous ne sombre» ( témoignage
de Louisette Ighilahriz)
L’Auteur : Né à Alger
en 1950, études de cinéma (Prague) , sociologue (diplômé de l’Université
d’Alger), attaché culturel à la Cinémathèque algérienne, journaliste grand
reporter (Alger Républicain , El Watan,Le Soir d’Algérie
dans les années 90, entre autres) , réalisateur documentariste (télévision
nationale dans les années 70-80) , chargé de com’
d’entreprise, écrivain (dont un ouvrage sur le « Pr Jean Paul Grangaud » et un autre sur « Bab
El Oued » ) et...surtout poète
(Note : manque fiche de présentation de l’auteur en quatrième de
couverture)
Extraits : « Les
paras de Bigeard sont plus ignobles que la teigne. Leur férocité catholique
dépassant tout fracas des armes, toutes frontières » (p 25), « Mon
enfance et les délices /Naquirent là/A Menaâ-commune
mixte Arris/ Et mes passions après vingt ans/Sont les fruits de leurs
prédilections/ Du temps où les oiseaux tombés des nids/Tombaient aussi des
mains de Nedjai/Jusqu’au fond de mes yeux chaouia » ( p37, Extrait d’un poème ), « Militante comuniste,
elle était trop riche d’orgueil et d’amour de la vie pour rester en-deçà des
choix politiques, nourrie aussi depuis son enfance par la terre algérienne (p
143)
Avis : « Une vie
volontariste et flamboyante.....une femme loyale et passionnée, maîtresse de sa
parole comme de ses moyens d’expression, ». Non poètes et non
révolutionnaires, s’abstenir
Citation : « Les
souvenirs, c’est surtout la force de l’entraide » (p 117)