ECONOMIE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH-
ROMAN SALAH CHEKIROU- « LE TYCOON ET L’EMPIRE DES SABLES »
Le tycoon et
l’empire des sables. Roman de Salah Chekirou.
Edité à compte d’auteur (ACA) , Alger 2006, 255 pages,
480 dinars.
Le roman finit comme finissent toutes les histoires romancées basées sur une réalité dont les auteurs n’osent pas citer , par
leurs noms réels, les héros, les « méchants » et les institutions ou
organismes , soit par peur de
représailles (sous toutes les formes) , soit par souci de ne pas nuire aux
descendances, soit par peur d’on ne sait quel procès ou autre chasse aux
sorcières (sous toutes les formes).......Donc, « les faits relatés dans
cette histoire auraient pu être réels et la cellule de renseignements et
d’investigations financières , Cerif, n’a jamais
existé », écrit l’auteur en guise d’épilogue.
C’est donc l’histoire (se passant en Algérie, mais aussi à l’étranger , tout particulièrement en France) d’un jeune
pharmacien , fils d’un ancien « haut responsable », qui se
transforme, du jour au lendemain, en homme d’affaires international important
(jet privé , hôtels de luxe , whisky et « pépées » à gogo.... ) en
magnat (un « tycoon ») . Sous couvert
d’activités multiples (banque, compagnie d’aviation civile, chaînes de
télévision ...à l’étranger, immobilier...)
il brasse des milliards de dinars
(tous provenant des épargnes institutionnelles
devenues généreuses ...et de citoyens alléchés par un taux d’intérêt
très élevé) vite transformés (par des
voies « amicales » compréhensives ) en euros et en dollars et
transférés à l’étranger . Grâce à une
stratégie de com’ (cadeaux, voyages organisés en
faveur de la presse , des vedettes internationales,
et des épouses et amies des amis,
facilités bancaires, prêts à faible taux d’intérêt, cartes bancaires
internationales, recrutement d’ « enfants de... », sponsorings sportifs et politiques ...) qui ne regardait pas
à la dépense, il s’attire toutes les
bonnes grâces. Presque le sauveur d’une économie nationale à la recherche, il
est vrai, de « golden boys » pouvant « booster » le secteur
privé.
A-t-il franchi la « ligne rouge » tracée par ses parrains et
ses « mystérieux bailleurs et facilitateurs de fonds » ? Les fins limiers des
« services » sont chargés de l’enquête ...Le scandale éclate assez
vite , entraînant ,dans son sillage, la mort (inexpliquée ) de certains enquêteurs, l’effondrement de l’ «
empire des sables » , la ruine de
bien des familles et des épargnants, le chômage de milliers de travailleurs.
Sur une ardoise estimée à 4 milliards de dollars, plus de 2 milliards de
dollars avaient, en fin de parcours, disparu. Mais, c’est là le thème d’un
autre roman, peut-être !...Pas si sûr, l’auteur s’étant
« exilé » , par la suite, au Canada, et si mes souvenirs sont bons
son livre aurait même été retiré des
librairies ....et il aurait même été relevé de ses fonctions (il était cadre
dans une entreprise publique de communication)
.
L’Auteur : Né en 1954
à Redjas (wilaya de Mila) ,
études et journalisme (Université d’Alger) excellent bilingue (arabe et
français), il a longtemps dirigé la rédaction du journal l’Unité (Jfln) puis l’entreprise éditrice de cet
hebdomadaire. Directeur de l’édition au sein de l’Anep
durant les années 2000 . Réside actuellement au Canada
où il se consacre , entre autres , à l’écriture.
Auteur de plusieurs romans pour la plupart dans le genre « fiction
(très) réaliste »
Avis :
De la fiction qui a puisé ses éléments de travail dans la réalité....bien
amère.
Extrait : « De nombreux
immigrés versés dans le monde des affaires se plient en quatre devant les
personnes liées au pouvoir de l’autre côté de la Méditerranée » (p 171)
Citations : « Le pouvoir manipule tout dans ce pays. Rien ne
lui échappe. Il manipule les partis, la vie associative, comme il a bien
manipulé l’école et la religion. On connaît le résultat » (p 189) , « L’histoire de Khortall
est loin d’être un conte de fées ; elle se confond plutôt avec l’histoire
de Frankenstein, ce monstre de laboratoire qui, dès qu’il a reçu le souffle de
la vie, s’est retourné contre son propre créateur » (p 211)