HISTOIRE-
BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH – ESSAI PAUL VIGNÉ D’OCTON –« LA GLOIRE DU
SABRE »
La
gloire du sabre. Essai de Paul Vigné d’Octon (préface de Abdelaziz Bouteflika. Editions Anep
2006, 177 pages, 330 dinars
Personne n’avait lu ou
même entendu parler de Paul Vigné.Il est vrai que sa
voix et ses écrits ,malgré leur nombre et leur
puissance, ont été assez vite étouffés et il n’en est resté que de faibles
échos dans les rares livres consacrés à l’histoire coloniale , celle de la
France en particulier. Certains de ses
ouvrages sont même carrément portés « disparus » ou n’ont pas été
répertoriés ....Ainsi, « La sueur du bournous »
qui a pour sous-titre « Les crimes coloniaux de la IIIè
République », publié en 1911, est
introuvable...... à la BN d’Alger
Publié en 1900, le titre
« La gloire du sabre » a donné une fausse idée du contenu, avec un titre trompeur . Hors , il s’agit ,en vérité,
du procès en règle de la colonisation : « Que maudite soit
donc la gloire du sabre, quand le sabre n’est pas tiré pour la défense de
la patrie, que maudites soient les guerres coloniales... » écrivait le préfacier d’alors, Urbain Gohier.
Une lecture extrêmement
difficile au vu des exemples fournis : des documents officiels et des
témoignages directs présentés sur
l’esclavage, les massacres de masse, le sadisme et l’hypocrisie colonialistes qui sont
difficilement soutenables. Ils
justifient à eux seuls l’équivalence posée dans les années
cinquante : colonisation= décivilisation . Les défenseurs actuels (tout particulièrement
français) de l’action civilisatrice de
la colonisation, où qu’ils soient,
deviennent ce qu’ils sont, au fond, de simples clowns racistes, à
l’ignorance crasse, ne
connaissant rien à l’histoire....de leurs pays, car il n’y a pas que la France
qui est épinglée : La Grand-Bretagne, l’Italie,
l’Allemagne.....
L’Auteur :Né en 1859 et
décédé en 1943, Paul Vigné d’Octon
, libre penseur et athée, ami de Jules Guesde, a été lontgtemps
député à l’Assemblée nationale française, à partir de 1895 . Médecin,
psychologue, ayant séjourné en Afrique où il a servi en tant que médecin
militaire (Guadeloupe, Sénégal, Guinée....) , à travers ses interventions, ses
articles de presse et des livres (près d’une vingtaine de romans, dont l’un
couronné par l’Académie française, et
des essais) , il a continuellement
dénoncé « les infamies de la guerre coloniale et les crimes de la
colonisation ».Une voix claire et passionnée que rien ne pouvait arrêter.
Extraits : « Pendant la période active de
conquête :massacres, viols, incendies, pillages,
vols de territoires et traite de chair humaine. Une fois la pacification
( ?) faite , le but poursuivi consiste à achever
ce qui a survécu des peuples conquis par l’importation de l’alcoolisme, de la syphilis,
de la tuberculose, de toutes les diathèses (ndlr : « ensemble
d’affections qui frappent une même personne , et auxquelles on attribuait une
origine commune) et de toutes les tares qui sont le triste apanage des nations
épuisées » (p 68)
Avis : « L’acte d’accusation dressé par Paul Vigné d’Octon ,
nourri de son expérience en Afrique où il servi en tant que médecin militaire,
de témoignages directs et de documents officiels, est encore plus implacable
que le « Discours sur le colonialisme » et « Les Damnés de la
terre » . Sa virulence est telle que ces derniers apparaissent parfois
comme de simples euphémismes » (Préface signé de A. Bouteflika, p 10) .
Le livre a connu cinq ré-éditions en huit ans . C’est tout dit !
Citations : « Ah ! la guerre ,
l’affreuse guerre coloniale, lâche et bête, comme je la maudissais à haute
voix.. » (p 62), « Les
Américains du Nord vivent sur les alluvions de cadavres déposés par la série
interminable des massacres qui ont précédé la formation des Etats-Unis
» (p 77), « L’existence coloniale......je la dirai, cette vie, telle qu’elle est , impure,
sadique, sanglante, abêtisante, remplie de cauchemars
et de fièvre, faite d’héroïsme incessant quand on lutte contre le ciel, contre
le soleil, contre la pestilence des fleuves, pleine de bestiale lâcheté quand
on se bat contre les hommes « ( 175)