TELECOMMUNICATIONS -
ENQUÊTES ET REPORTAGES- SCANDALE ORASCOM/DJEZZY
© …L. M. /Ag/ fb, début
juin 2020
Cette firme de
téléphonie mobile avait dominé le marché (Djezzy, la
filiale algérienne, comptait 14 millions d’abonnés) et réalisé une plus-value
de plus de 2 milliards de dollars sur le dos de l’Algérie en revendant sa
filiale algérienne, la société Ciment blanc d’Algérie holding (Ciba) qui
regroupe deux cimenteries (M’sila et Mascara) au
géant français Lafarge en septembre 2007, quelques années seulement après son
acquisition auprès de l’Etat algérien.
Le
scandale est que Sawiris, fort de l'appui de
Bouteflika, a bénéficié des largesses pour s’installer et pour se renflouer
sans aucune difficulté. Banques et ministres de la République étaient à sa disposition.Orascom, c’est le «carré» de Bouteflika.
L’implantation
d’Orascom en Algérie est le fruit d’une magouille
couverte par le président de la République et qui eut lieu en 1999, à l’arrivée
de Bouteflika au pouvoir.En ce temps-là, les
monarchies arabes espéraient une Algérie réorientée vers une engeance
arabo-islamique, qui intégrerait leur sphère d’influence, mais également de
Bouteflika la reconnaissance du ventre.
Les
autorités de Riad et d’Abou Dhabi furent, en effet, d’une grande prodigalité
envers Bouteflika, dans ses années d’exil.
Cela
commença à Genève, où le futur président algérien avait été pris en charge par Zaki Yamani, alors patron d'Air
Harbour Technologies, spécialisée dans le tourisme d'affaires au Moyen-Orient
et en Afrique.
A
Paris, l’ambassade des Emirats payait tous les frais de Bouteflika, ceux du
transport aérien notamment.
C’était
avant que l’ancien ministre tunisien Masmoudi ne
l’aida à s’installer aux Emirats.
A
Abou Dhabi, Bouteflika avait passé son séjour entre un logement mis à sa
disposition par cheikh Zayed Ben Sultan Al Nahyan, chez qui il a travaillé comme vague conseiller à
l'Institut des études stratégiques, et l'hôtel Intercontinental, aux frais de
l'ancien ministre des Affaires étrangères émirati M. Souidi.
Il
se rendait assez souvent au Centre culturel de la ville, dirigé par le fils de Souidi, où, dit-on, il participait à des débats privés,
parfois des discussions informelles avec des représentants des corps
diplomatiques occidentaux et arabes.
Au
président Chadli qu’embarrassait cet exil doré accordé à un ancien ministre de
la République, cheikh Zayed donna cette explication
chafouine : «Mieux vaut que Bouteflika soit pris en charge par les Emirats que
par Saddam ou Kadhafi. Et puis, il est préférable pour nous tous qu’il ne
subisse pas l’exil en France.»
Une
fois élu président de la République, Bouteflika eut la reconnaissance du ventre
et se fera fort de se souvenir de l’hospitalité des amis émiratis qui l’avaient
hébergé.
Il
leur accordera de juteux marchés au mépris de la réglementation et le droit de
chasser les espèces rares dans le désert algérien.
C’est
toute l’histoire d’Orascom et de Djezzy,
sa filiale algérienne.
D’une
dette que le nouveau président Bouteflika avait envers ses bienfaiteurs émiratis.Personnage central : Mohamed Al Shorafa affairiste émirati et ami de Bouteflika.Les
deux hommes se sont connus aux Emirats dans les années d’exil de Bouteflika.
Dès
que fut certifiée, en novembre 1998, la désignation d’Abdelaziz Bouteflika par
la hiérarchie militaire comme futur président de la République algérienne,Mohamed Al Shorafa
s’empressa de créer, le 11 décembre 1998 à Abou Dhabi, une modeste société
familiale, dénommée United Eastern Group.C’est le gérant de cette petite firme toute nouvelle,
sans prestige, sans fonds et sans patrimoine que Bouteflika présentera comme
«grand partenaire arabe» et qu’il recevra avec tous les honneurs à la
Présidence dès juin 1999.
Al
Shorafa, un escroc notoire, impliqué dans les plus
grands scandales de ces dix dernières années, entrera dans le monde des
affaires algérien par la grande porte du palais d’El Mouradia.
Bouteflika confiera à la modeste United Eastern Group
d’immenses marchés, comme la rénovation et l’extension du port d’Alger et de
l’aéroport Houari-Boumédiène, la construction du port
de Djendjen, la zone franche de Bellara
et, surtout, la 2e licence de téléphonie mobile !
L’accord
entre cette petite SARL et le gouvernement algérien se fera le 4 août 1999
entre Al Shorafa et le conseiller spécial de
Bouteflika, Rachid Aïssat, devant les caméras de la
télévision algérienne.
L’agence
de presse officielle APS rapporte l’évènement, et les journaux publics en
feront leur titre de 1ère page !
Mohamed
Al Shorafa agissait en fait en tant qu’actionnaire de
la firme égyptienne Orascom à laquelle il devait
rétrocéder le marché de la téléphonie mobile.Au
final, ses relevés de compte montrent que «3 ans après l’ouverture de ses
bureaux en Algérie, Al Shorafa possédait moins de 100
dollars en banque.» Et lorsque les banques publiques refusent de lui accorder
des prêts, «des ordres venus directement de la présidence [les] contraignent à
débourser l’argent demandé», fonds qui «n’aident même pas au démarrage du plus
simple projet».
Des
cadres algériens s’opposent alors à l’arnaque. Il déposera plainte contre le
directeur du Matin, plainte qui se soldera par une condamnation à trois mois de
prison ferme. Bouteflika nourrira une grande rancune envers les journaux
algériens pour cette révélation handicapante pour sa réputation. Il parviendra
cependant à faire bénéficier Orascom de la licence
GSM en bafouant toute la réglementation.Orascom
bénéficiera ensuite de l’appui de Bouteflika pour jouir d’un montage financier
des banques publiques et privées algériennes pour toute ses activités.
Faut-il
rappeler également que son projet de réalisation de deux lignes de production
de ciment blanc et de ciment gris basées dans la région d’Oggaz
près de Mascara a été financé à hauteur de 61% par les banques publiques et
privées algériennes ?
Le
coût total de cette opération est évalué à 538 millions de dollars (38,74
milliards de dinars).
L’histoire
retiendra que jamais une entreprise algérienne ou étrangère n’a mobilisé autant
de banques de renom pour concéder un montant aussi important. C’est tout cela,
le scandale Orascom…