FINANCES-
ENQUETES ET REPORTAGES- MONNAIE-MARCHÉ DES CHANGES MAI/JUIN 2020
©Ali Titouche/Liberté, mardi 2 juin 2020
La valeur du dinar
s’érode
Sur le
marché parallèle, la percée de l’euro et du dollar se justifie par les
promesses d’une reprise plus tôt que prévu des liaisons aériennes au fur et à
mesure que les États déconfinent.
L’euro et le
dollar semblent surfer sur l’effet d’annonce du plan de déconfinement
progressif dès le 15 juin, actuellement en préparation au sein du gouvernement.
Les deux devises ont rebondi sur le marché parallèle, jusqu’ici en berne sous
le coup de la fermeture des frontières en raison de l’épidémie de coronavirus à
travers le monde.
Au square Port-Saïd, plaque tournante algéroise des transactions de change
parallèle, 100 euros valaient 19 000 dinars, alors qu’un billet vert de la même
valeur s’échangeait contre 17 400 dinars.
Ce mouvement haussier a été amorcé il y a quelques jours déjà ; la valeur de la
monnaie unique grimpant jusqu’à 19 500 dinars pour 100 euros et celle du dollar
à 17 800 dinars pour 100 dollars la semaine dernière, aidée essentiellement par
les rumeurs d’un déconfinement dès le 15 du mois
en cours. Selon un cambiste joint par téléphone, la percée des deux
principales devises, l’euro et le dollar en l’occurrence, se justifie par les
promesses d’une reprise plus tôt que prévu des liaisons aériennes,
particulièrement à destination de l’Europe et du Moyen-Orient.
La demande devrait ainsi croître au fur et à mesure que les pays de ces deux
régions accélèrent le déconfinement.
Le rebond ces derniers jours des cours de l’euro et du dollar tire sa source
d’une légère hausse de la demande, alors que l’offre continue à être limitée
après que le marché parallèle ait été carrément laminé par l’épidémie de Covid-19. “L’euro et le dollar ont été particulièrement
renforcés par les promesses d’une réouverture bientôt des frontières aériennes.
Des compagnies ont d’ores et déjà annoncé la reprise de leurs vols vers et
depuis Alger”, nous explique un cambiste qui, de prime abord, semble nourrir
davantage d’optimisme, alors que, il y a quelques semaines, le marché parallèle
des changes, implanté au square Port-Saïd, a carrément suspendu les
transactions sous l’effet d’une baisse vertigineuse des cours de l’euro et du dollar.
“Nous étions confrontés au choix de vendre à perte et/ou de suspendre les
transactions. Nous avons opté pour le second choix tout en maintenant les
opérations d’achat de devises, mais celles-ci étaient plutôt rares étant donné
que la période plaidait en faveur d’une thésaurisation en monnaies étrangères”,
apprend-on auprès d’un cambiste.
Depuis le mois de mars dernier, aucune nouvelle n’est venue animer le marché
parallèle des changes, la valeur de la monnaie unique et le billet vert
atteignant des plus bas jamais vus depuis plusieurs années.
Il y a un mois, dans un marché complètement à l’arrêt, ou presque, l’euro se
négociait à 185 dinars, alors que le dollar s’échangeait contre 170 dinars. Peu
avant la fermeture des frontières aériennes, présentée comme étant une des
mesures de lutte contre la propagation de l’épidémie de coronavirus, la monnaie
européenne valait 202 dinars sur le marché de
change parallèle, alors que le billet vert était coté à 190 dinars.
Les deux devises profitaient d’une accalmie inespérée sur le marché après les
baisses amorcées depuis la mi-2019.
Ce rebond n’était, cependant, que de courte durée, puisque la diffusion du Covid-19 est venue remettre les courbes en tendance
baissière. En revanche, la Banque d’Algérie a levé le voile, dimanche, sur les
cotations hebdomadaires des principales devises sur le marché officiel des
changes, confirmant une tendance vers la dépréciation du dinar par rapport aux
principales devises d’échange. C’est une tendance qui a été amorcée depuis le
début de l’année en cours ; le dinar se dépréciant de plus en plus face au
dollar et à l’euro, dans un contexte marqué essentiellement par le creusement
des déficits budgétaire et courant, ainsi que par une évolution défavorable de
certains fondamentaux de l’économie.
Dimanche, 31 mai, la valeur de la principale devise du Vieux Continent a été
ainsi fixée par la Banque centrale à 142,92 dinars, alors que la valeur du
billet vert était fixée à 128,49 dinars. Il y a un peu moins de quatre mois,
soit le 9 février dernier, la valeur du dollar était fixée par la Banque
centrale à 125,48 dinars, tandis que celle de l’euro était à 138,18 dinars à la
vente. Cette lente dépréciation amorcée depuis janvier coïncide avec la
dégringolade des cours pétroliers dans une conjoncture marquée par une chute de
la demande mondiale, conséquemment à une croissance économique morose, alors
que l’offre était abondante et les stocks excédentaires.