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Etudes Nabile Farès - "Maghreb, étrangeté et amazighité..."

Date de création: 31-05-2020 20:08
Dernière mise à jour: 31-05-2020 20:08
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CULTURE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ETUDES NABILE FARES- « MAGHREB, ETRANGETÉ ET AMAZIGHITÉ… »

Maghreb, étrangeté et amazighité. De Gustave Flaubert, Louis Bertrand, Albert Camus à Jean Amrouche, Mouloud Feraoun, Kateb Yacine et Abdelkébir Khatibi. Etudes d’analyse littéraire postcoloniale.  Essai de Nabile Farès (Présentation d’Ali Chibani). Koukou Editions, Alger 2016, 272 pages, 800 dinars

Littérature écrite et histoire/  Littérature et sémiologie/ Le système inversé de la littérature coloniale : L’œuvre de Louis Bertrand/ Ecriture et symbolicité..... En quatre grands chapitres, Nabile Farès  a , grâce à un travail  de recherche universitaire datant de 1986 (et resté à ce jour inédit) nous présente, nous fait découvrir  (et nous démontre) un territoire chargé de luttes symboliques,  déterminées par des confrontations historiques produites depuis de nombreux siècles.

Pour l’auteur, le Maghreb est le territoire qui doit naître à son étrangeté inscrite dans son âme. Et, pour atteindre cet objectif, il s’intéresse à la constitution des « discours et œuvres francophones sur les sociétés maghrébines » ...discours formulés par l’autre, de manières différentes, par plusieurs auteurs , sur le soi maghrébin ...et discours formulés par soi sur soi

« Maghreb », « Tamazgha » ou « Afrique du Nord » , chaque appellation ayant ses partisans et ses défenseurs ou ses contempteurs...appellations auxquelles il faut ajouter celle des Etats de la région ...et des islamistes « qui aiment à préciser , pour nier tout ce qui a été avant les invasions arabo-musulmanes du VIIè siècle, « Maghreb arabe »  (Ali Chibani, présentation, p 9)

En fin de lecture , on apprend une chose essentielle : la décolonisation sera toujours incomplète tant que la restitution à l’amazighité de la place qui est la sienne dans l’espace culturel maghrébin n’est pas intégrée totalement dans la réflexion, sans esquive , par tous les intellectuels maghrébins : « Une longue marche à faire pour aller jusqu’à eux-mêmes »....C’est, aussi, le seul moyen de « refuser la vassalité à l’égard des régimes et des identités politiques actuelles, comme le fit Jughurtha à l’égard de l’empire romain »

 

L’Auteur : Né à Collo en 1940 (d’une famille originaire d’Akbou....et fils aîné de Abderrahmane Farès, , notaire, président de l’Exécutif provisoire en 1962), ayant rejoint le Fln en 1960, il a fait des études de philosophie, de sociologie et de psychanalyse. Enseignant en Espagne, en Algérie (maître de conférences à l’Université d’Alger) et en France (professeur en littérature comparée à l’Université de Grenoble) , psychanalyste. Auteur de deux thèses

Romancier, dramaturge et poète...avec une trilogie marquante : « Le champ des Oliviers » (1972), « Mémoire de l’absent » (1974) , « L’Exil et le désarroi  » (1976). Décédé en France en août 2016

Extraits : « Nous désignerons l’anthropologie comme un discours - ou des discours – de l’homme , et un discours – ou des discours –sur l’homme ou, plus généralement, des discours de l’humain sur des mises en systèmes en état, ou en rupture, des coexistences humaines ;ceci , à la croisée des civilisations qui se rencontrent , se heurtent , ou, par instants, s’observent , se reconnaissent ou se manquent»  (p 17)

 Avis :Conseillé aux anthropologues, sémiologues, psy’ et sociologues,...et , bien sûr , aux étudiants qui veulent apprendre et s’assurer une meilleure lecture des débats et polémiques idéologiques actuels,   et qui découvriront un intellectuel de grande valeur à la culture multidisciplinaire remarquable

Citations : «  «  La parole d’écriture , manifestée par les sujets porteurs d’une interrogation d’écriture, va être à l’origine d’un exil linguistique et social de plus en plus affirmé ; tension nouvelle, cette fois, de l’écriture maghrébine de langue française en son rapport à ce qui préexistait de langues et de cultures, prise dans une mémoire sociale, symbolique, historiquement bouleversée » (p 33) , « Le Kabyle exprime naturellement sa pensée par images, d’une manière allusive. L’image et ce qu’elle signifie sont étroitement associés dans son esprit. C’est pourquoi ses poèmes sont purs de littérature, de rhétorique. Tout est incarné dans l’image ou le symbole. Le mythe est tout naturel à ces hommes simples et vrais » ( p 161, Extrait Jean El Mouhoub Amrouche, Extrait de « Chants berbères de Kabylie (1939) », L’Harmattan, Paris 1986 )