Relations Maroc/Algérie- Article N. Khelassi, D.31/5/2020-Synthèse Aps
Date de création: 31-05-2020 19:36 Dernière mise à jour: 31-05-2020 19:36 Lu: 966 fois
RELATIONS INTERNATIONALES-
OPINIONS ET POINTS DE VUE- RELATIONS MAROC/ALGERIE- ARTICLE N. KHELASSI, D 31/5/2020-
SYNTHESE APS
Khelassi: le
Maroc voit en l’Algérie "une menace stratégique permanente"
Le Maroc considère l’Algérie comme "une
menace stratégique permanente" et "un rival historique", a
déploré dimanche NoureddineKhelassi,
conseiller du ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, à la
suite de la multiplication de déclarations marocaines hostiles envers
l'Algérie.
Dans une contribution publiée ce dimanche par le
Quotidien le Soir d'Algérie, le journaliste NoureddineKhelassi a d'abord rappelé les trois épisodes
survenus récemment du côté marocain à savoir le dérapage contrôlé du consul du
Maroc à Oran qui a déclaré que l’Algérie est un "pays ennemi".
Ensuite, une étude intitulée "Pour une nouvelle
stratégie de défense intégrée du Maroc", œuvre d’un think
tank marocain qui considère notre pays comme une menace permanente. Cette boîte
à idées, caisse de résonance des Forces armées royales (FAR), ajoute l'auteur
de la contribution, voit elle aussi en l’Algérie "un rival historique et
un ennemi permanent". Et en troisième lieu, la construction en cours d’une
base militaire d’écoute juste à la frontière avec l’Algérie.
Le think tank en question,
préconise en effet "une nouvelle stratégie de défense intégrée"
contre les menaces militaires, jugées réelles, que représentent pour le royaume
alaouite l’Espagne au Nord et l’Algérie à l’Est.
Une préconisation, explique le journaliste, en forme d’aveu d’existence
d’une paranoïa aiguë qui fait penser aux auteurs de l’étude que le Maroc est
pris en tenailles entre deux menaces militaires puissantes et durables.
L’obsession durable "d’identifier ses ennemis et
rivaux historiques" est donc bien appuyée dans cette étude adossée à
l’examen de la balance militaire et, en filigrane, le souci d’atteindre au
moins la parité stratégique avec l’Algérie. Ses auteurs ne manquent donc pas de
suggérer que les FAR doivent au moins mettre à jour leur outil de défense pour
rattraper les retards technologiques et être en mesure de répondre le cas échéant
"aux manifestations de la supposée menace stratégique venue de
l’Est".
"On sait que la dissuasion consiste à prévenir un
acte éventuel en persuadant celui qui l'envisagerait que les coûts consécutifs
en excéderaient les bénéfices escomptés. Il est vrai que l’adoption par le
Makhzen de la théorie de la dissuasion stratégique est dans l’ordre logique des
choses, l’idée que la possession de moyens militaires appropriés est de nature
à dissuader un "pays ennemi" d'attaquer remontant à l'Antiquité".
Mais le Maroc veut par conséquent renouveler la place de la dissuasion
dans sa stratégie défensive-offensive. Pour que cette nouvelle stratégie
militaire offensive puisse avoir du sens, il faudrait que l’état-major des FAR
et le cabinet du palais royal soient en mesure d'évaluer avec précision les
coûts, les gains et les pertes de leurs actions, estime M. Khelassi.
Pour lui, le Maroc est donc "dans une posture
paranoïaque permanente. Délires découlant probablement du rêve grandiose du
"Grand Maroc" et des "stratégies d’expansion des empires
marocains".
Par ailleurs, l’étude du think
tank Forum FAR Maroc, qui a fait sienne la devise latine "si vis pacem para bellum" (pour
avoir la paix il faut préparer la guerre), reconnaît de prime abord que la
naissance de l’Algérie indépendante a constitué "la menace majeure sur
l’existence du Maroc actuel".
NoureddineKhelassi rappelle dans sa contribution la pertinente
formule de l’ancien ministre des Affaires étrangère RamtaneLamamra : "Les relations avec le Maroc sont
anormales ( ), même si les relations entre les deux peuples sont
exemplaires".
Le
journaliste explique cette "anormalité " par l’existence de deux
pommes de discorde à savoir, le Sahara occidental (occupé par le Maroc depuis
1975) et la frontière terrestre hermétiquement fermée (avec l’Algérie).
Sur le dossier sahraoui, "n'en déplaise toujours au voisin
marocain, la position de l'Algérie est en parfaite harmonie avec la légitimité
internationale".
En témoigne, entre autres résolutions, la décision de la
Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) qui rappelle que le Sahara
occidental ne fait pas partie du Maroc, confirmant ainsi la position de l'ONU,
celle de l'Union africaine (UA) et la position de principe de l'Algérie,
rappelle M. Khelassi dans son article.
A ce sujet, les autorités algériennes successives
ont souvent invité le Maroc à dissocier les problèmes bilatéraux de la question
du Sahara occidental qui est de la responsabilité de l'ONU.
L’autre pomme de discorde est les 1.559 km de frontière qui constituent
la plus longue frontière terrestre fermée au monde. Quoique bien fermée, cette
ligne de démarcation reste néanmoins ouverte aux échanges transfrontaliers
irréguliers. Le Maroc pratique ce que les spécialistes appellent une "teichopolitique", c'est-à-dire une politique de
cloisonnement de l'espace et d’édification de barrières diverses.
Raisons officielles invoquée: "la lutte contre
l'immigration clandestine, la contrebande et la protection face au
terrorisme". Arguments injustifiés, estiment les Algériens qui répondent
par le creusement de tranchées à la construction de barrières murales par le
Maroc".
Pour l’instant, l’ouverture de la frontière est plus un
souhait ardent marocain qu'algérien. Rabat déclare vouloir ouvrir la frontière,
tout en construisant des murs le long de la frontière et prétend
fallacieusement se heurter au refus des autorités algériennes. Ces dernières
sont pourtant catégoriques: elles n'ouvriront pas la frontière tant que les
points en litige ne seront pas éclaircis à la faveur d'un dialogue serein et
déconnecté du problème du Sahara occidental, conclut le journaliste.