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Essai Smail Goumeziane - " L'Islam n'est pas politique"

Date de création: 30-05-2020 19:32
Dernière mise à jour: 30-05-2020 19:32
Lu: 896 fois


VIE POLITIQUE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ESSAI SMAIL GOUMEZIANE- « L’ISLAM N’EST PAS POLITIQUE »

L’Islam n’est pas coupable. Essai de Smail Goumeziane .Edif 2000 , Alger 2016 (Non Lieu –AAPM, Paris 2016)  , 270   pages, 950 dinars)

Problématique posée par l’auteur  : « L’Islam est-il coupable des atrocités commises en son nom par des terroristes autoproclamés musulmans, et plus communément appelés « djihadistes » depuis qu’ils rejoignent ou prêtent allégenace à Daech, l’autre nom de « l’Etat islamique » récemment surgi en Irak et en Syrie ? ». Evidemment non......le titre de l’ouvrage étant assez clair. Donc ,d ’avance, on sait que l’auteur va tout faire pour aller dans le sens de sa thèse. Un engagement tout à son honneur de musulamn mais dont il aurait pu faire l’économie pour plus de « crédibilité » et, surtout, pour mieux démonter les thèses , bien souvent fantaisistes ,  des nouveaux « spécialistes » qui foisonnent......pratiquant, à partir des plateaux de télévision , des studios de radio, de tribunes de presse , de livres et de « blogs » , un véritable « terrorisme intellectuel » qui a fini par jeter l’opprobe et l’anathème sur tout ou partie de la « communauté musulmane », en particulier celle vivant dans les « banlieues vertes » d’Occident  . Trop de « vérités » toutes faites sont assenées sans logique ni démonstration augmentant la « peur des foules » déjà assez traumatisées par les attentats aveugles, meurtriers et criminels   - à travers le monde - de groupes ou d’individus isolés se réclamant hier d’ « Al Qaida », de l’ « Ais », du « Gia » et d’ « Aqmi »,  aujourd’hui   de « Daech »....Des attentats qui ont entraîné des réactions étatiques encore plus meurtrières, ainsi que de la xénophobie et du  racisme citoyen  .

La conclusion était  ......attendue : « Non, l’islam n’est pas coupable des crimes que certains « spécialistes » lui imputent »....et « l’islamisme n’est pas une maladie de l’islam ». Faut-il le croire ? En tant que musulman, oui. En tant qu’être doué de raison raisonnante (je me crois !), peut-être une maladie de certains musulmans qui n’ont rien compris (ou, alors, qui croient avoir tout compris) de l’islam. Chez nous, aussi, trop de faux « savants » et autres « docteurs » de la foi

Malheureusement donc, il nous livre trop de coupables. Ainsi,  « oui , les régimes autoritaires (....) sont coupables des violences, exactions et atteintes commises contre les populations ; oui, les terroristes de Daesch et d’Al Qaida , leurs commanditaires et leurs complices actifs et passifs sont coupables des atrocités commises (....), oui, tous ceux qui trouvent un intérêt (....) à la poursuite de la tragédie sont coupables, dans le monde musulman, comme dans le reste du monde ».... sans oublier les incontournables colonialisme, néo-colonialisme, impérialisme, mondialisation..... 

Et, il fallait s’y attendre, il ne nous fournit guère que deux solutions : la bataille de l’éducation et la bataille politico-économique....... sans oublier les instruments privilégiés du chemin démocratique que sont la liberté et la justice. Où les trouver ? Dans la Déclaration Universelle Droits de l’Homme, et les pactes subséquents....et dans  les textes fondateurs de l’islam . Une vision trop universaliste sur le dialogue des religions et le pluralisme  (R. Hammoudi) . De l’utopie ? De l’angélisme ? Trop de raison dans un monde sans conscience. Chez les uns comme chez les autres.

L’Auteur : Universitaire et spécialiste de la Méditerranée, ancien ministre (au sein du gouvernement Hamrouche)  , il a déjà publié plusieurs essais dont « Le Mal algérien » en 1994 (chez Fayard) , « Le Pouvoir des rentiers » en 2003 (chez Paris-Méditerranée) , « Algérie, l’Histoire en héritage » en 2012.....

Extraits : « L’Islam est au cœur d’enjeux politiques et sécuritaires planétaires dans lesquels il finit, le plus souvent, par devenir le principal accusé, pour ne pas dire le seul, de tous les crimes commis » (p 7),  « Dès les premiers califes, certains principes de l’islam ont été battus en brèche. La violence ne laisse que peu de place à la paix. Là où Mohammed avait résisté et finalement vaincu par la non-violence, les guerres de conquête, les guerres civiles et les assassinats marquent les quatre premiers califats, comme autant de jalons tragiques dans l’histoire tumultueuse et mouvementée du « monde musulman » (p 77), « Le terrorisme apparaît davantage comme le  sous-produit de sociétés musulmanes en état de crise politico-économique et comme celui d’une planète mondialisée elle-même en crise » (p 226),

Avis : En fin de compte, une sorte de gros  « Que sais-je ? » amélioré, très utile pour connaître l’histoire de l’islam et  son évolution ....une histoire assez mouvementée, alors que tout était si clair et (presque) si calme au départ.

Citations « De façon générale (....), le mal et la violence semblent bien des constituants génériques de l’humanité en général et non d’une nation, d’une ethnie, d’une religion ou d’un groupe particulier » (p 199), « La violence extrême, en ces temps particulièrement sombres, est ainsi l’arme politique ultime de tous ceux qui savent le pouvoir politico-économique inaccessible si ce n’est par la force et la confiscation des libertés individuelles et collectives «  (p 203) , « Plus que jamais, en ce XXIè siècle, l’humanité est plurielle. Pour les musulmans, reconnaître ce monde pluriel, c’est, au-delà des autres croyances, admettre, comme le fait le Coran, que des gens puissent ne pas croire en Dieu et nier son existence, ou disposer d’une religion sans Dieu, comme les bouddhistes chinois, ou encore croire en un Dieu « non abrahamique » comme les hindouistes » (p 232), « Les « communautarismes » peuvent apparaître dangereux, car ils essaient de rendre homogènes des indiviidus qui ne le sont pas, dont les intérêts peuvent être convergents ou divergents, momentanément ou durablement » (p 242)