POPULATION-
BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ESSAI AISSA CHENOUF- « LES JUIFS
D’ALGERIE…. »
Les Juifs d’Algérie.....2000 ans d’existence. Essai de Aïssa
Chenouf,
Editions El Maârifa , Alger 2004, 206
pages, 380 dinars
Plus de 2 000 ans
d’existence. C’est le temps passé par les Juifs au Maghreb. Une présence
soutenue en Afrique du Nord. Depuis les destruction du Temple, dit-on, renforcée par une deuxième vague arrivée
après 1492, suite à l’édit espagnol les expulsant d’Andalousie
. Une terre qui leur a tout donné, à laquelle ils ont beaucoup apporté ......et
que certains ont abandonné avec regrets. Beaucoup ont
participé activement à la lutte pour l’Indépendance du pays après avoir activé
dans les organisations syndicales, entre autres.....Certains, peut-être plus en
grand nombre, sont, aussi, restés se
moulant à la societé « en une sorte de groupes
sociaux discrets ». Les Algériens savent qu’ils existent, savent qu’ils
sont Algériens, savent qu’ils connaissent tout de l’Algérie, mais
« l’Algérie ne connaît rien d’eux ». On salue la mémoire de Roger
Hanin (Lévy), ce grand acteur de cinéma
natif de la Basse Casbah, aujourd’hui enterré à Bologhine,
on voue aux gémonies (pour ses positions politiques à l’endroit d’Israël) Enrico Macias (Ghrenassia), un natif de Constantine, gendre de Cheikh
Raymond, un maître du malouf constantinois, tout en fredonnant ses chansons,
nos anciens se remémorent avec nostalgie Reinette l’Oranaise (Sultana Daoud), la native de Tiaret, décédée en novembre
1998 .....c’est tout .
1813 : 3 105 Juifs à Constantine, 1 508 à
Tlemcen.....1838 : 6 065 Juifs à Alger, 5 637 à Oran, 1851 :
21 000 Juifs recensés sur l’ensemble du territoire algérien administré par
la France. 1881 : 35 663, 1901 : 57 132, 1931 :
110 127 .......1941 : 111 021 Juifs français et 6 625 Juifs
étrangers (une stagnation en raison d’une migration vers la France dès le début
du XXè siècle...et ,
surtout, un départ vers le Maroc, plus accueillant que l’ Algérie pétainiste).
1962, à la veille de l’Indépendance, environ 150 000 âmes....Octobre
1962 : 25 000 dont 6 000 à Alger. Aujourd’hui, peut-être
quelques dizaines ? En tout cas, bien peu. Ou, presque rien. Rien
ne sert de chiffrer une communauté qui , bien souvent,
s’est algériannisée presque totalement , sans cependant
, pour la plupart,et c’est tout à leur honneur , renier son origine ou sa foi…..et, sutout, son amour profond, réel, pour un pays à nul autre
pareil.
A qui la faute ?
Pour l‘auteur,
le panarabisme – précédé , bien avant la guerre
par le décret Crémieux, et juste avant
l‘Indépendance par les provocations et manipulations des pieds noirs ultras et
de l’Oas - qui a « enfanté un extrémisme dont
nous payons les frais aujourd’hui » est passé par là. Le sionisme a terminé
la tâche !
L’Auteur :
Journaliste professionnel, il a fait ses premières classes au quotidien El
Moudjahid. Collaborateur de plusieurs autres titres de la presse privée....
Extrait : « Indéniablement,
la guerre a modifié l’identité du Juif d’Algérie. Tout aussi profondément juif
(...), il se sent pourtant moins algérien lorsqu’il prend conscience que la
complicité jadis partagée entre Juifs et Arabes se meurt, et plus français
parce qu’il s’aperçoit que son appartenance à la France l’emporte
sur tout » (p 163)
Avis : Très bien documenté.....peut-être
structuré dans une certaine précipitation
Citations : « Le pouvoir, dans son désir d’imposer par le
haut « son » histoire, se retrouve incapable d’en mesurer le contenu.Ce qui est donné comme officiel n’a aucun lien avec
la réalité .....Tout est donc fait au
profit d’une minorité qui surfe sur les cimes du pouvoir » (pp 11
et 12), « L’insupportable est du côté du silence fait de mille silences
qui reçoit , en retour du souvenir qu’il tente d’évoquer , une mémoire
incertaine, qui s’efface au fur et à mesure qu’elle se constitue » (p 11),
« Le panarabisme a enfanté un extrémisme dont nous payons les frais
aujourd’hui. La société a fonctionné sans transition : ainsi, on passe de
la douleur à la violence, souvent sans comprendre pourquoi » (p 194)