HISTOIRE – BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH –
ROMAN ABDERRAZEK BENSALAH- « NESMIS, FILLE D’HIPPONE »
Nesmis , fille d’Hippone. Roman de Abderrazek Bensalah, Thala Editions, Alger 2013 (3ème édition) , 240 pages, 342,40 dinars
De «la belle ouvrage» que ce livre , bâti à partir d’un matériau peu connu, sinon rare .
L’histoire du pays, à travers celle d’un homme, St Augustin, et d’une ville , Hippone (aujourd’hui Annaba).
Pour faire passer son intention réelle, faire connaître un pan extarordinaire de notre passé et un homme hors du commun ,
l’auteur nous raconte l’histoire de Nesmis, une belle
jeune fille de lapetite bourgeoisie Hipponienne ou, bien plutôt l’histoire assez mouvementée de
sa famille....Une famille partagée entre les chrétiens catholiques bon teint,
les chrétiens donatistes alliés aux rebelles circoncellions, le paganisme, le
judaïsme......le tout dominé économiquement et militairement par la puissance
occupante romaine, alliée d’une classe de riches colons jouissant pleinement de
gros privilèges...... et aux portes de l’Empire , une invasion vandale qui va
tout balayer sur sa route....jusqu’à Hippone...qui sera en grande partie rayée
de la carte et occupée durant plus ce’un siècle.Heureuseùment, Augustin était mort juste avant
l’entrée des nouveaux occupants dans la ville, et ses écrits (mille trente
écrits, revus et revistés) , ainsi que sa dépouille,
mis en sécurité (d’abord en Sardaigne puis à Pavie.....une relique – le bras
droit, « celui qui avaient défendu fermement l’Eglise pendant les heures
sombres de son bhistoire » , ayant été remise ,
en octobre 1842, à l’Eglise d’Hippone ...sur les hauteurs de l’actuelle Annaba,
revenue définitivement à ses enfants).
L’histoire : Nesmis , la cousine, amie de Kamelius
est enlevée , enceinte de son amant, un rebelle sanguinaire, toujours en
fuite, défendant la « vraie
foi » (donatiste.....les extrêmistes de
l’époque). Elle est vendue comme esclave bien loin du pays .
Nassine ,
la sœur de Kamelius achète, vend et place des
esclaves, de préférence de belles jeunes filles et de beaux jeunes hommes ainsi
que des ennuques, .
auprès des riches propriétaires et commerçants, de préférence de belles
jeunes filles et de beaux jeunes hommes . Sans foi , ni
loi ! Un frère est rentré dans les« ordres » augustiniens après un vie délirante dans le milieu artistique de l’époque. Un
autre frère , Yerbas, est officier de l’armée romaine. Une famille
partagée......perturbée par les changements politiques ,
mais surtout par les dissensions religieuses de l’époque, toujours sanglantes.
Et, un neveu, Alyus, fils naturel de Kamelius et de Nesmis, enfin
retrouvant toute la famille...grâce aux Vandales de Genséric (aidé par les
donatistes et les Berbères) dont il était un combattant. Et, Augustin, l’évêque d’Hippone
, déjà à la santé fragile et délicate,
rendra son dernier souffle, laissant deriière
lui, un pays pays occupé (pour plus d’un siècle , de
431 à 535) et ravagé.....mais une
famille recomposée et unie dans un même foi.
L’Auteur :
Né en 1951 à Annaba, médecin spécialiste libéral (Orl) , formé à Alger
puis à Lyon , exerçant à Annaba, sa ville natale. Passioné
d’histoire antique de l’Algérie. A déjà écrit plusieurs romans historiques
Extraits : « Les
habitants de ce pays sont si versatiles, malléables, mais tellement bons qu’on
peut tout leur pardonner » ( p 168), «
L’Eglise Africaine (à la conférence de Carthage , l’été 411) :Les évêques
donatistes étaient au nombre de 278, les catholiques 286. 120 catholiques
avaient été retenus chez eux par l’âge ou la maladie. 64 autres sièges étaient
alors vacants, cequi offre un total de 748 sièges épiscopaux , soit toutes les cités et bourgs du pays »
(p 171) , « Quelle malédiction Dieu a-t-il fait tomber ur ce pays ? Une guerre chasse une autre, de
désolations en pillages, d’incendies en rapines, de cruautés en tueries, quand
sortirons-nous de ce long tunnel de la mort ? » (p 225),
« Durant cette guerre fratricide, nous avons plus perdu que gagné ;
combien d’amis et de compagnons qui sont partis pour ne plus revenir. Un romain
part, un vandale reprend sa place, mais notre pays nous échappe à chaque
fois ! De nouvells calamités frapperont de
nouveau notre peuple, comme une malédiction, nous souffrirons à cause des
richesses et de la beauté de cette terre que nous aimons tant « (p 235)
Avis :Du (très) bon roman
historique. St Augustin a le beau rôle, celui d’ unificateur
de l’Eglise, mais aussi, ce qui n’est pas peu, d’un peuple désorienté par des
occupations ininterrompues. A noter, en bas de page, les notes explicatives claires et
passionnantes qui contextualsient .
Citations :
« Nous sommes tous tributaires d’une secte, d’un parti ou d’un dieu, et
quelquefois, il est indispensable de choisir son camp » (p 39),
« Plus l’homme de bien aura été maltraité, plus éclatante sera sa sa réhabilitation et plus humiliante sera la honte de ses
ennemis » (p 67), « Chaque Empire a ses vicissitudes, les bons paient
pour les mauvais, mais tout finit dans la misère et la dévastation » (p
234) , « Ce pays (l’Algérie) est à la croisée des chemins, il attirera
toujours les convoitises. Nous ne seront jamais oubliés, une invasion en
appellera une autre et cela durera jusqu’à l’éternité » (p 235)