RELATIONS
INTERNATIONALES- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ESSAI ARDAVAN AMIR ASLANI-
« L’ÂGE D’OR DE LA DIPLOMATIE ALGERIENNE »
L’âge
d’or de la Diplomatie algérienne. Essai de Ardavan Amir-Aslani,
Editions Media-Plus, Constantine, 2016,
237 pages, 1 250 dinars.
De
juillet 1962 et la fin des années 1970 ,c’est l’
« âge d’or de la diplomatie algérienne» . Vrai ou faux, mais l’expression
est désormais retenue et validée par pas mal d’acteurs, de témoins et
d’historiens concernant la politique extérieure menée par l’Algérie.
Il est
vrai, et on a tendance à l’oublier avec notre sale manie « zaïmiste », cette politique avait été
« expérimentée » par bien d’autres personnes, tout particulièrement,
les « diplomates clandestins » militants du Fln et fonctionnaires du Gpra.....tous ceux qui ont amené ou forcé la puissance
coloniale à reconnaître l’Indépendance du pays . Des jeunes qui, au départ,
n’avaient aucune expérience des instances internationales .
Ce qui a fait écrire à l’auteur que « Paris a sous-estimé la portée des
initiatives de la « cellule diplomatique du Fln » (dont la démarche
reposait pourtant sur une stratégie non secrète, celle tracée par le Congrès de
la Soummam). Il y avait déjà huit missions implantées à travers le monde et le Dr Lamine Debaghine
en fut , dès novembre 1955 un des premiers moteurs.
D’autres noms lumineux : Yazid , Mehri, Tewfiq El Madani, Khemisti, Benyahia, Brahimi, Krim Belkacem,
Saâd Dahleb, Abbas, Ben Khedda.......
et d’autres, et d’autres.
L’« âge
d’or » s’inscrit dans un contexte dominé par la Guerre froide, la dégradation
des relations franco-algériennes et par deux conflits au Moyen-Orient – la
guerre des Six-Jours en 1967 et la guerre du Kippour en 1973. C’est également
l’époque des grandes figures révolutionnaires, d’Ernesto Che Guevara (Cuba) à
Nelson Mandela (Afrique du Sud) en passant par Amilcar
Cabral (Guinée-Bissau et Cap-Vert) ou encore Samora
Machel (Mozambique). ....et Alger qui devient la « Mecque des
révolutionnaires » et capitale du Tiers -Monde
Des revers , il y en eut....mais aussi des succès ! Avec d’autres nouveaux noms...
même si Boumediène
y avait son domaine réservé, les instances arabo-musulmanes en
particulier .Il y a donc Bouteflika (on ne va quand même l’effacer »
de nos mémoires ?) mais, il y a , aussi, A. Benhabylès, O. Oussedik, S .
Mahroug, L. Yaker, Lamine Khene, Driss Djazairi.....sans
oublier tous ceux qui , en fait, étaient les vrais
« laboureurs » de la vie diplomatique
Pages (
169 à 173) à étudier : Celles consacrées à la rencontre (tenue secrète
assez longtemps, et elle sera à l’origine du rétablissement des relations diplomatiques
entre Alger et Washington le 12 novembre 1974 ) de H. Boumediène
avec R. Nixon , H. Kissinger et le général Brent Scowcroft, à la Maison
Blanche, en 1974 (Après l’AG extraordinaire des Nations unis ouverte le 10
avril 1974 avec un discours du président Boumediène
sur le N.o.e.i, au nom des Pays non-alignés........et
AG dont la présidence va échoir à l’Algérie qui avait réussi le tour de force
de mettre au ban de la communauté onusienne l’Afrique du Sud raciste et
d’accueillir , le 13 novembre à la tribune, Yasser Arafat.)
La mort
de Houari Boumediène ne va pas changer les fondamentaux . Chadli Bendjedid « conscient
de la trace que laisse l’Algérie sur la scène internationale » va ,plusieurs fois, affirmer sa fidélité à la politique
étrangère de son prédécesseur....et, à l’instar de Boumediène,
il continuera de choisir ses ministres parmi les diplomates (après s’être
« débarrassé » de A. Bouteflika, candidat à la présidence, mais....) : Benyahia,
Bouhara, Bessaieh, Bakhti Nemiche, ... . .
Quelques coups d’éclat........et des drames (comme la disparition tragique de
M-Seddik Benyahia et de
cadres de valeur qui va marquer la fin de l’apogée de la diplomatie
algérienne), mais les problèmes intérieurs vont bientôt prendre le
dessus...entravant ainsi les desseins internationaux
L’Auteur : Français
d’origine iranienne. La cinquantaine. Docteur en droit, avocat (d’affaires) au
barreau de Paris, conseiller de grandes firmes européennes, essayiste et
spécialiste de la géopolitique du Moyen –Orient, s’intéressant beaucoup à la
théologie comparée et, de manière générale , au fait religieux. Enseignant à
l’Ecole de Guerre économique. Auteur de nombreux ouvrages portant sur les
relations internationales ......et Colonel (de réserve )
de la Gendarmerie nationale.
Extraits : « Entre
1956 et 1962, les émissaires du Fln, puis du Gpra,
ont fait irruption sur la scène internationale, conjuguant l’art de la guerre
et l’art de la négociation. Souvent durs, retors dans les discussions, ils se
sont toujours révélés habiles à exploiter les situations. Ils ont posé les
fondements de la « diplomatie à arêtes vives » ,
creuset de la future politique étrangère
de l’Algérie souveraine.. » (p 36), « Il convient de
relativiser l’influence soviétique sur la diplomatie de Houari
Boumediene....L’alignement officiel d’Alger sur certaines positions
diplomatiques de Moscou, et réciproquement , doit être
nuancé. C’est un alignement de nature idéologique, une posture souvent dépassée
par un pragmatisme que le régime algérien n’a jamais négligé » (p 218)
Avis : Le
ministère français des Affaires étrangères et plusieurs personnalités
algériennes ont mis leurs archives à la disposition de l’auteur. A lire par les
anciens diplomates pour se souvenir , par les nouveaux
pour apprendre, et par tous les autres
pour comprendre.
Citations : « Les
rapports entre Paris et Alger oscillent entre attraction et répulsion » (p
40), « L’âge d’or de la diplomatie algérienne a été ce savant dosage entre
quelques principes idéologiques obstinément revendiqués et un pragmatisme impérieux , machiavélique ou
calculé » (p 46), « Grand vieux jeune homme mince et fin, austère,
secret, bourreau de travail aimant la solitude » (Portrait de Houari
Boumediene par un haut fonctionnaire français, 1965, p 73), « Dénué de
scrupules, doté d’une intelligence aiguë
et d’une grande ambition capable de risquer sa mise d’un seul coup, M.
Bouteflika est un négociateur redoutable.... » (Note de Maurice Schumann,
Mae français, 1969, p 101), « Nous
n’avons aucun choix à faire entre deux colonialismes ou deux impérialismes.
Nous les avons répudiés tous deux et à jamais » (Houari Boumediene,
discours, extrait, 13 avril 1971, p 121) , « Pour le président Boumediene, les relations
internationales sont d’abord, en toutes circonstances, un champ de force »
(p 198)