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Essai Ardavan Amir Aslani - "L'âge d'or de la diplomatie algérienne"

Date de création: 29-05-2020 18:05
Dernière mise à jour: 29-05-2020 18:05
Lu: 877 fois


RELATIONS INTERNATIONALES- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ESSAI ARDAVAN AMIR ASLANI- « L’ÂGE D’OR DE LA DIPLOMATIE ALGERIENNE »

  L’âge d’or de la Diplomatie algérienne. Essai de Ardavan Amir-Aslani, Editions Media-Plus, Constantine, 2016,  237  pages, 1 250 dinars.

De juillet 1962 et la fin des années 1970 ,c’est l’ « âge d’or de la diplomatie algérienne» . Vrai ou faux, mais l’expression est désormais retenue et validée par pas mal d’acteurs, de témoins et d’historiens concernant la politique extérieure menée par l’Algérie. 

Il est vrai, et on a tendance à l’oublier avec notre sale manie « zaïmiste », cette politique avait été « expérimentée » par bien d’autres personnes, tout particulièrement, les « diplomates clandestins » militants du Fln et fonctionnaires du Gpra.....tous ceux qui ont amené ou forcé la puissance coloniale à reconnaître l’Indépendance du pays . Des jeunes qui, au départ, n’avaient aucune expérience des instances internationales . Ce qui a fait écrire à l’auteur que « Paris a sous-estimé la portée des initiatives de la « cellule diplomatique du Fln » (dont la démarche reposait pourtant sur une stratégie non secrète, celle tracée par le Congrès de la Soummam). Il y avait déjà huit missions implantées à travers le monde  et le Dr Lamine Debaghine en fut , dès novembre 1955 un des premiers moteurs. D’autres  noms lumineux : Yazid , Mehri, Tewfiq El Madani, Khemisti, Benyahia, Brahimi, Krim Belkacem, Saâd Dahleb, Abbas,  Ben Khedda....... et d’autres, et d’autres.

L’« âge d’or » s’inscrit dans un contexte dominé par la Guerre froide, la dégradation des relations franco-algériennes et par deux conflits au Moyen-Orient – la guerre des Six-Jours en 1967 et la guerre du Kippour en 1973. C’est également l’époque des grandes figures révolutionnaires, d’Ernesto Che Guevara (Cuba) à Nelson Mandela (Afrique du Sud) en passant par Amilcar Cabral (Guinée-Bissau et Cap-Vert) ou encore Samora Machel (Mozambique). ....et Alger qui devient la « Mecque des révolutionnaires » et capitale du Tiers -Monde

Des revers , il y en eut....mais aussi des  succès ! Avec d’autres nouveaux noms... même si  Boumediène y avait son domaine réservé, les instances arabo-musulmanes en particulier .Il y a donc Bouteflika (on ne va quand même l’effacer » de nos mémoires ?) mais, il y a , aussi, A. Benhabylès, O. Oussedik, S . Mahroug, L. Yaker, Lamine Khene, Driss Djazairi.....sans oublier tous ceux qui , en fait, étaient les vrais « laboureurs » de la vie diplomatique

Pages ( 169 à 173) à étudier : Celles consacrées à la rencontre (tenue secrète assez longtemps, et elle sera à l’origine du rétablissement des relations diplomatiques entre Alger et Washington le 12 novembre 1974 ) de H. Boumediène avec R. Nixon , H. Kissinger et le général Brent Scowcroft, à la Maison Blanche, en 1974 (Après l’AG extraordinaire des Nations unis ouverte le 10 avril 1974 avec un discours du président Boumediène sur le N.o.e.i, au nom des Pays non-alignés........et AG dont la présidence va échoir à l’Algérie qui avait réussi le tour de force de mettre au ban de la communauté onusienne l’Afrique du Sud raciste et d’accueillir , le 13 novembre à la tribune, Yasser Arafat.)

La mort de Houari Boumediène ne va pas changer les fondamentaux . Chadli Bendjedid « conscient de la trace que laisse l’Algérie sur la scène internationale » va ,plusieurs fois, affirmer sa fidélité à la politique étrangère de son prédécesseur....et, à l’instar de Boumediène, il continuera de choisir ses ministres parmi les diplomates (après s’être « débarrassé » de A. Bouteflika, candidat à la présidence,  mais....) : Benyahia, Bouhara, Bessaieh, Bakhti Nemiche, ... . . Quelques coups d’éclat........et des drames (comme la disparition tragique de M-Seddik Benyahia et de cadres de valeur qui va marquer la fin de l’apogée de la diplomatie algérienne), mais les problèmes intérieurs vont bientôt prendre le dessus...entravant ainsi les desseins internationaux

 

 

 L’Auteur : Français d’origine iranienne. La cinquantaine. Docteur en droit, avocat (d’affaires) au barreau de Paris, conseiller de grandes firmes européennes, essayiste et spécialiste de la géopolitique du Moyen –Orient, s’intéressant beaucoup à la théologie comparée et, de manière générale , au fait religieux. Enseignant à l’Ecole de Guerre économique. Auteur de nombreux ouvrages portant sur les relations internationales ......et Colonel (de réserve ) de la Gendarmerie nationale.

Extraits : « Entre 1956 et 1962, les émissaires du Fln, puis du Gpra, ont fait irruption sur la scène internationale, conjuguant l’art de la guerre et l’art de la négociation. Souvent durs, retors dans les discussions, ils se sont toujours révélés habiles à exploiter les situations. Ils ont posé les fondements de la « diplomatie à arêtes vives » , creuset de la future politique étrangère  de l’Algérie souveraine.. » (p 36), « Il convient de relativiser l’influence soviétique sur la diplomatie de Houari Boumediene....L’alignement officiel d’Alger sur certaines positions diplomatiques de Moscou, et réciproquement , doit être nuancé. C’est un alignement de nature idéologique, une posture souvent dépassée par un pragmatisme que le régime algérien n’a jamais négligé » (p 218)

Avis : Le ministère français des Affaires étrangères et plusieurs personnalités algériennes ont mis leurs archives à la disposition de l’auteur. A lire par les anciens diplomates pour se souvenir , par les nouveaux pour apprendre, et par tous les autres  pour comprendre.

Citations : « Les rapports entre Paris et Alger oscillent entre attraction et répulsion » (p 40), « L’âge d’or de la diplomatie algérienne a été ce savant dosage entre quelques principes idéologiques obstinément revendiqués et un  pragmatisme impérieux , machiavélique ou calculé » (p 46), «  Grand vieux jeune homme mince et fin, austère, secret, bourreau de travail aimant la solitude » (Portrait de Houari Boumediene par un haut fonctionnaire français, 1965, p 73), « Dénué de scrupules, doté d’une intelligence aiguë  et d’une grande ambition capable de risquer sa mise d’un seul coup, M. Bouteflika est un négociateur redoutable.... » (Note de Maurice Schumann, Mae français, 1969, p 101),  « Nous n’avons aucun choix à faire entre deux colonialismes ou deux impérialismes. Nous les avons répudiés tous deux et à jamais » (Houari Boumediene, discours, extrait,  13 avril 1971, p 121) , « Pour le président Boumediene, les relations internationales sont d’abord, en toutes circonstances, un champ de force » (p 198)