CULTURE- PERSONNALITÉS- GUY BEDOS
L’humoriste
et comédien français né à Alger Guy Bedos, est décédé jeudi 28 mai 2020 à
Paris à l’âge de 85 ans.
Né
le 15 juin 1934 à Alger, Guy Bedos fils d’Alfred Bedos, visiteur médical, et d’Hildeberte Verdier, fille du proviseur du lycée
Bugeaud à Alger (l’actuel lycée Émir Abd el-Kader),
où il a été élève. Ses parents s’étant séparés, il est ballotté de maison en
hôtel, entre Kouba, où il est mis en pension à
l’âge de sept ans, Souk Ahras et
Constantine. Il est scolarisé à treize ans au lycée public Saint-Augustin de
Bône (aujourd’hui Annaba où il a conservé des amis d’e,nfance qu’il a retrouvé
plus tard ). Selon son autobiographie « Mémoires d’outre-mère »,
ses mauvais rapports avec sa mère et son beau-père (ouvrier, puis patron
d’une scierie ) avec lequel Hildeberte s’est remariée lui rendent la vie
difficile. C’est son oncle Jacques Bedos, qui a travaillé à Radio Alger
avant d’entrer à l’ORTF à Paris, qui est à l’origine de sa vocation
d’artiste.
Devant
accomplir son service militaire durant la guerre d’Algérie, il fait la grève de
la faim et réussit à être réformé pour maladie mentale. Il a refusé de faire la
guerre, parce qu’il ne voulait pas se battre contre ses copains, avait-il
déclaré à l’époque. Il commencé sa carrière par un duo avec son épouse de
l’époque, Sophie Daumier. Ensemble, ils jouent des sketches emblématiques comme
« La Drague » ou « Les vacances à Marrakech ».
Il
a également mené une longue carrière au cinéma, apparaissant dans les films
d’Yves Robert, comme « Les copains » en 1965, « Un
éléphant ça trompe énormément » en 1976, ou encore « Nous
irons tous au paradis » en 1977 et « Le Bal des
casse-pieds », en 1991.
L’humoriste
va surtout devenir célèbre dans les années 90 pour ses engagements politiques
qu’il défendra sur scène et sur les plateaux de télévision. Sa dernière
apparition au théâtre date de 2015 .
Bedos
a toujours soutenu les algériens dans ses positions. En tant qu’enfant du pays,
il s’est toujours exprimé pour défendre les algériens contre la menace du
Front National.
Depuis
sa retraite, l’artiste était venu à plusieurs reprises en Algérie. En
2016, il a projeté le documentaire « Guy Bedos: En toutes libertés » réalisé
par Mireille Dumas le 16 mars à l’Institut Français d’Alger. Ce
documentaire a été l’occasion de retracer le parcours de l’acteur qui a fait
ses adieux à la scène le 23 décembre 2015 à l’Olympia à Paris.
Une
année plus tard, Bedos était revenu avec le candidat Arnaud Montebourg
(qui a des racines algériennes) en janvier 2017 dans le cadre
d’une visite politique. Guy Bedos tenait le rôle de « président du
comité de soutien ».
Enfin
sa dernière virée à Alger était en 2018, à l’occasion du spectacle de Nawal
Madani à l’opéra d’Alger. Un film devait être tourné en Algérie, sur
l’histoire tumultueuse de sa vie en Algérie. L’enfant d’Algérie s’en est
allé sans pouvoir réaliser son dernier vœux et
marquer à jamais son lien avec son pays natal.
1/Comique, polémiste, le comédien qui a reçu le
Molière du meilleur « one man show » en 1990
2/.Il sera, selon son souhait, enterré dans le
cimetière de Lumio en Corse, cette île qu’il aimait
tant. Il la surnommait « mon
Algérie de rechange » à cause « des odeurs de maquis » qui lui rappelaient son
enfance. Il avait rêvé d’être enterré à Tipasa « aux « côtés »
de son ami Camus »
3/Gambadant sur scène, il réglait ses comptes
avec « les fachos »,
confiait sa peur de la montée du Front national, rendait hommage à Nelson
Mandela, saluait le « courage » de
son « amie » Christiane
Taubira. Il se demandait ce que Manuel Valls faisait
à gauche
4/ Devant accomplir son service militaire durant la guerre d'Algérie, il fait la grève de la faim et réussit à être réformé pour maladie mentale
5/Guy Bedos était un « mélancomique » qui
ne cachait pas ses larmes. Sans fard, il disait à quel point il ne
s’habituerait jamais à la disparition de ceux qu’il aimait (Sophie Daumier,
Pierre Desproges, Simone Signoret, James Baldwin…). Il est parti les rejoindre.
Adhérent à l’Association pour le droit de mourir dans la dignité, il avait
prévenu qu’on ne lui retirerait pas cette ultime liberté : « En cas d’urgence, je choisirai le
suicide assisté. Avec ou sans la permission du président de la
République. »