COMMUNICATION- ETUDES ET
ANALYSES- ACCES MEDIAS- MINISTRE COMMUNICATION M26/5/2020- ENTRETIEN PRESSE
L’accès des professionnels des médias à l’information publique "doit
relever du droit au service public", a indiqué mardi le ministre de la
Communication, porte-parole du gouvernement, Amar Belhimer.
L’accès à l’information doit être aussi
"le reflet des obligations pesant sur les personnes publiques", a
relevé M. Belhimer dans un entretien au quotidien Le
Courrier d’Algérie, précisant que l’un des dix chantiers du plan de son secteur
est dédié à ce volet.
Il a fait savoir qu’à "l’ère de la
5G et de la volonté du président de la République d’œuvrer à l’émergence d’une
nouvelle République, c’est la transparence qui semble prendre aujourd’hui le
pas sur le secret au fil des évolutions de notre société et à l’aune des
réformes constitutionnelles, législatives et administratives à venir qui
l’érigeront en principe fondamental de l’action publique".
"Jusqu’ici, le droit national a
faiblement encadré cette obligation, mais les choses sont vouées au changement
inéluctable et rapide", a-t-il souligné.
"Rien n’est figé,
rien n’est irrémédiable", a affirmé le ministre, rappelant que "c’est
dans cet esprit et dans cette optique que, dès ma nomination à mon poste et en
ma qualité de porte-parole du gouvernement, j’ai ouvert un chantier de
réflexion sur la communication institutionnelle à laquelle une direction
centrale est déjà dédiée au ministère de la Communication".
Il a rappelé dans le même sillage avoir
proposé au gouvernement "la mise en place d’un système d’information
intégré basé sur l’existence d’un service d’information gouvernemental, d’un
service de documentation gouvernemental et d’un autre service de veille
médiatique", affirmant que ces propositions "ont été validées en
Conseil de gouvernement et adoptées en Conseil des ministres. Ceci "sans
compter la réflexion sur la fonction même de porte-parole du gouvernement qui
sera relancée dès le lancement du processus de déconfinement
à l’échelle nationale", a indiqué M. Belhimer.
Sur l’amélioration en matière de
communication des pouvoirs publics, il a précisé qu’il ne s’agit que du
"début d’un long processus de maîtrise de l’art de communiquer à une
époque où les progrès fulgurants de la communication de masse, via les réseaux
sociaux, imposent de communiquer en permanence en s’acquittant du maximum de
transparence possible".
Pour le ministre de la Communication,
"le mutisme, l’opacité et le culte du secret qui caractérisent un peu, et
depuis longtemps, les modes de gouvernance anciens, souvent autoritaires et peu
participatifs, sont incompatibles avec la communication globale et les
extraordinaires flux d’information dans la sphère Internet".
Evaluant la presse nationale, il noté
que celle-ci "présente des faiblesses structurelles en termes de contenus
et de contenants", considérant que "la forme et le fond sont, de
manière générale, moyennement attractifs quand ils ne sont pas, par endroits,
faibles et indigents".
"Le constat vaut
pour l’ensemble de la presse, écrite et audiovisuelle, y compris les médias en
ligne", a-t-il fait savoir, expliquant cela par le fait que
"l’université et les entreprises de presse ne forment plus pour tous les
corps de métiers impliqués dans le processus de production et de mise à disposition
de l’offre éditoriale".
"La formation universitaire est
centrée essentiellement sur les techniques de rédaction et le cursus de culture
générale. A leur tour, les médias ne s’acquittent pas de leurs obligations
patronales, éthiques et légales de former et de perfectionner", a-t-il
mentionné.
Le résultat final est "une offre
éditoriale faible et peu séduisante de manière globale, avec cette impression
qu’a le lecteur ou l’auditeur d’être en présence d’une presse qui informe peu
quand elle ne déforme pas, et qui ne produit que faiblement du contenu et du
sens", a-t-il déploré.
Toutefois, "cela ne veut pas dire
qu’il n’y a pas de bons journalistes, de bons techniciens et de bons managers,
voire de très bons", a-t-il relevé. Mais, il a fait remarquer que
"cette frange qui représente l’élite est l’arbre de la qualité qui cache
la forêt de la pauvreté globale du fond et de la forme".
Evoquant la situation de l’Agence
nationale d'édition et de publicité (ANEP), le ministre a indiqué qu’au cours
"des vingt dernières années, sa gestion, son administration et ses choix
d’entreprise furent catastrophiques, une période marquée par l’impéritie, la
gabegie, la concussion, la corruption, la dilapidation, les déviations
d’attributions et la médiocrité".
Il a ajouté que cette grande entreprise
publique était "soumise à l’influence systématique de forces
extra-médiatiques et extra-constitutionnelles".
Face à la situation dans laquelle se
trouve l’entreprise, une "vaste entreprise d’assainissement et de
redressement est en cours", a-t-il assuré.
"Sur instruction du
président de la République et sous ma direction, une vaste entreprise
d’assainissement et de redressement de l’ANEP est en cours. Sous la houlette de
son nouveau PDG, mon conseiller au ministère de la Communication, M. Larbi Ouenoughi", a précise
M. Belhimer.
Il a rappelé, à ce titre, qu’en
"quelques semaines seulement, et parallèlement à des enquêtes approfondies
de l’Inspection générale des finances et des services spécialisés de la
Gendarmerie nationale, et avec l’aide experte et précieuse d’un Conseil
d’administration entièrement renouvelé et appuyé par 4 comités d’audit qui
seront incessamment installés, un travail profond de diagnostic, d’évaluation,
de rationalisation et de mise à niveau a été accompli depuis le 6 avril, date à
laquelle j’ai installé M. Ouenoughi dans sa mission
de réformes".
"Les premiers indicateurs du
tableau de bord de gestion, du tableau de bord opérationnel et du tableau de
bord stratégique qui s’en sont ainsi dégagés, dessinent déjà les contours
précis d’une vaste œuvre de restructuration et de redéploiement d’une
entreprise qui ne sera plus jamais réduite à la seule gestion de la cagnotte
publicitaire", a-t-il expliqué.
Il a fait savoir que
l’ANEP "ne sera plus jamais une simple centrale d’annonces et une
exclusive courroie de distribution de l’argent des annonceurs publics. Une ANEP
qui ne dispose pas d’une direction commerciale, qui égare en cours de route des
pièces d’administration, et dont un certains nombre de faits de gestion étaient
le produit d’injonctions téléphoniques, sans compter une certaine prédilection
pour le gré à gré dans la passation de certains marchés".
Ainsi, "son redéploiement et son
essor relèvent d’une action complexe et durable pour laquelle Larbi Ouenoughi a été choisi. Sa
longue expérience de gestionnaire d’entreprises de presse publique, sa carrière
de journaliste au long cours, sa réputation d’intégrité et sa forte
personnalité ont plaidé pour ce choix", a-t-il soutenu.