CULTURE- MUSIQUE- SADDEK EL BEJAOUI
De son vrai nom Saddek Bouyahia, Cheikh Saddek El Bejaoui est né le 17 décembre 1907 à Bejaia, dans une
modeste famille du vieux quartier Bab El Louz, dans la haute ville. Il a étudié à l’école coranique
de Sidi El Badroni sous la direction d’éminents
enseignants dont Cheikh Bachir Zerrouki. Très assidu, dans sa jeunesse, il
était très doué pour la musique et la poésie qu’il développa à travers les
chants. Possédant d’excellentes capacités du verbe et de sa voix de ténor, Saddek El Bejaoui jouit
rapidement d’un talent d’artiste exceptionnel qui lui ouvre le chemin de se
distinguer parmi les meilleurs artistes de cette époque. Au début des années
trente, l’école de Bejaia étant en souffrance, il décide d’aller à Alger pour
parfaire ses connaissances. A cette époque, Saddek El
Bejaoui jouait déjà de la guitare et de la kouitra. A Alger, il rejoindra El Mossilia
en 1933 et eut pour maître Si Mahieddine Lakhal et côtoya de brillants interprètes. En 1934, lors
d’un séjour à Tlemcen, Saddek El Bejaoui
rencontra Cheikh Hadj Larbi Ben Sari et sa carrière
prend un nouveau tournant. Ce fut pour lui l’occasion d’acquérir un répertoire hawzi plus étoffé. En 1936, Il revient à sa ville natale
avec la maîtrise de la nouba dans sa structure complète. Il crée, après la
dissolution de son association culturelle par les forces coloniales, un cercle
musical dans son café pour accueillir tous les artistes du pays et du Maghreb
qui viennent se produire fréquemment. D’autre part, il dirigeait Radio Bejaia
et fut son principal animateur et chef d’orchestre pendant les dernières années
de l’époque coloniale. Cette période fut particulièrement féconde en pièces
théâtrales radiophoniques et chansons kabyles, ainsi qu’en concerts de musique
classique et chaabi. Il participa en 1938 au Festival
de musique arabo-andalouse de Fès, où il fut décoré par le Sultan du Maroc. En
mai 1949, lors du même Festival en Tunisie, il fut décoré par le Bey de Tunis
du Nichan El Iftikhar. Moins d’une année après l’indépendance,
Saddek El Bejaoui fonda le
conservatoire de musique classique algérienne de Bejaia qui fut parmi les
toutes premières écoles. Il y formera de 1963 à 1986 de nombreuses générations
de chanteurs et de musiciens interprètes, dont Youcef
At Abdelouahab Abdjaoui, El Ghazi, Djamel Allam,
Mohamed Raïs, M’hamed Rédouane,
Kamel Stambouli et autres. Le cheikh composa
plusieurs chansons, dans le djed avec Ya Smaâ Leklam, Sellou
Aâla Ennabi, Sid Lessiyed, Medh Sidi Essoufi, Medh Sidi M’hemed Mokrane et dans le style hezl avec El Hawa Ouel Houb, Win Ahli Win, Ya Qed El Mesrar, Mehla Del Aâchiya ainsi que d’autres chansons comme Ya Hamem, Ya Qelbi Esmaâ, Ya Elli T’hab Temlek, Ah Ah ya Belyazit, Ah Ya Kheti, Tlemcen Ya El Bahia. Le cheikh Saddek
El Bejaoui laissa son empreinte dans le chant andalou
avec sa voix de rossignol en animant des grands festivals dans le pays et à
l’étranger. Ses soirées artistiques animées au théâtre de Bejaia, mitoyen de
son conservatoire musical et particulièrement durant les veillées ramadhanesques demeurent gravées dans la mémoire des Bejaouis. Il décède
le 7 janvier 1995, laissant derrière lui un riche répertoire artistique
mais surtout une école qui veille sur ce riche héritage dirigé par un de ses
fils au niveau du conservatoire municipal de Bejaia avec un orchestre de ses
anciens élèves nommé orchestre Ahbab Cheikh Sadek El Bédjaoui.