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Essai Lahouari Addi- "L'Algérie et la Démocratie..."

Date de création: 25-05-2020 10:09
Dernière mise à jour: 25-05-2020 10:09
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VIE POLITIQUE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ESSAI LAHOUARI ADDI- « L’ALGERIE ET LA DEMOCRATIE….. »

L’Algérie et la Démocratie. Pouvoir et crise du politique dans l’Algérie contemporaine. Essai de Lahouari Addi (Préface de Djamel Zenati) . Editions El Maarifa, Alger 2014, 600 dinars 177 pages.

L’ouvrage date déjà de plus de vingt années (première publication en 1994, au plus fort de la décennie noire)   mais il n’a rien perdu de son actualité . Au-délà des procès intentés aux « janviéristes  » , aux « putchistes », au-delà de la thèse défendue, celle de l’acceptation d’une « régression féconde » , thèse qui avait alors suscité des réactions et des controverses parfois sévères,  surtout  de la part des républicains démocrates face au « péril vert » devenant publiquement et physiquement plus que violent (sans compter les exemples islamiques à l’étranger) , l’auteur  aborde de manière rigoureuse la problématique du pouvoir  et des pratiques politiques . Il met en exergue l’absence de culture et de valeurs démocratiques avec une  « façon d’être »,  ce « non-écrit » d’importance particulière. Il exhorte à une « dépolitisation » , non seulement de la sphère religieuse, mais aussi des autres sphères comme l’armée, l’école, l’histoire, la culture, la sport…..seule voie pouvant se dégager des deux autoritarismes , le nationalitaire et le communautaire. Vaste programme…..non encore totalement et encore imparfaitement appliqué.

Car , les pesanteurs  du passé sont restées vivaces  empêchant toute progression : « De 1962 à nos jours, l’Algérie a mis en place une administration d’Etat et non un Etat politique soutenu par une administration. La police était politique,l’Etat ne l’était pas ; l’armée était politique , ainsi que l’université, l’économie, la religion, tandis que l’Etat ne l’était point »…..avec une conception du pouvoir résultant de la force…..par celui « qui détient les armes ». On aura tout compris …..La 2è ( ????) République clamée  (avec l’adoption, le 7 février 2016, de nouveaux et nombreux amendements constitutionnels ) par certains politiciens (au pouvoir) , tout en donnant amplement raison à l’auteur, va-t-elle donner du sens  avec le déperissement des représentations symboliques du passé,  à la démocratisation réelle du pays. Il faut attendre son prochain ouvrage pour  savoir si vraiment la polique s’est « civilisée »!

L’Auteur : Né à Oran, licences en sociologie et en économie (Université d’Oran), Doctorat d’Etat en 1988 (France ), enseignant universitaire à Oran et  à Paris, professeur associé à Princeton et  à Salt Lake City (Usa)  et , finalement, à Lyon (professeur à l’IEP) , chercheur , auteur de plusieurs ouvrages dont « Etat et Pouvoir. Approche méthodologique et sociologique »  en 1990 à l’Opu,  et « l’Impasse du populisme » en 1991 à l’Enal.

Avis :On peut penser tout ce que l’on veut de l’auteur, mais il est objectivement un de nos plus grands et plus brillants universitaires et analystes socio-politiques. «  Un trésor d’enseignements  » selon le préfacier.  Mais , à lire avec précaution, tout en conservant vos propres opinions, surtout sur la théorie de la « régression féconde » assez alléchante. C’est si bien dit !  Bien écrit, cela va  de soi.

Citations : «  Au-delà des apparences, le nationalisme radical du Fln –variante maghrébine du nationalisme arabe- n’a emprunté à la modernité que les formes extérieures , tout en reproduisant les catégories prémodernes du politique de la société traditionnelle » ( p 47),  «  Le nationalisme radical du monde arabe n’a pas produit de « despotes éclairés » ;il a produit des dictateurs dont l’autoritarisme n’a été qu’un coup d’épée dans l’eau » (p 49), «  Le populisme (produit historique de la société algérienne et non invention des dirigeants) est une idéologie qui flatte et mythifie le peuple, présenté comme un corps soudé et non comme un ensemble d’individus suceptibles d’avoir des intérêts idéologiques et matériels divergents …..Une telle communauté n’a pas besoin de représentants élus, n’a pas besoin de droit, puisque l’objet du droit est de départager le mien du tien dans une société égoïste ordonnée par la propriété  privée  »  ( p 81)  , « Née de ce que les espoirs mis dans les indépendances ont été profondément déçus, l’utopie islamiste prolonge l’utopie nationaliste qui ne s’est pas réalisée » (p 118), «  Dès lors qu’il y a dans la compétition électorale un parti religieux –ou se présentant comme tel- il n’y a pas de choix libre rationnel de la part de l’électeur pour qui il est inconcevable de voter contre le message divin » (p 124), « La société algérienne sera dans l’incapacité de produire ce projet (moderne, en articulation avec son passé, sa culture et sa religion) tant que l’islam suscitera l’illusion quu’il est possible de reconstruire l’âge d’or de l’islam uniquement en appliquant la chari’a » ( p 176),«  La violence excite la bête immonde qu’il y a en tout homme, la culture démocratique la domestique »  (p 177)