CULTURE- MUSIQUE- ABABSA ABDELHAMID
Célèbre pour sa
chanson «Hiziya», Abdelhamid Ababsa
est un auteur-compositeur et interprète né à Barika le 15 décembre 1918.
Orphelin de
mère à dix mois, il grandit à Biskra où il fait l’école primaire française et à
Constantine où, à huit ans, il commence à travailler comme apprenti typographe
de la revue «Echihab» de cheikh Abdelhamid Ben Badis, où son père est journaliste. Parallèlement, il
excelle dans le tajwid et écoute chanter Oum Kaltoum, Mohamed Abdelouahab et
Farid El Atrache.
Quand
la famille s’installe à Alger, en 1930, Abdelhamid Ababsa
suit les classes d’arabe à l’école Chabiba, qui
appartient aux oulémas. Parmi les camarades de classe de sa médersa, il y a
Abderrahmane Aziz. Son maître, le poète Mohamed Laïd
Al-Khalifa, lui donne un nachid à mettre en musique :
«Alaïki mini salam ya arda ajdadi» (Salut ô terre de mes ancêtres). En dehors de ses
cours, il travaille comme typographe à l’imprimerie arabe (matbaâ
al arabya). En 1931, son père lance à Alger la revue
«Al Mirçad», qui est interdite et vite remplacée par
«Eṭabat» (La Constance). Abdelhamid Ababsa apprend la musique en allant tapoter du piano dans
une taverne appartenant à un Italien du côté de l’Amirauté. Il apprend ensuite
le luth (l’orgue; el manfakh). Mais le secret de la
musique, il l’a pénétré en autodidacte et ses premiers pas dans la chanson
nationaliste, il les fit en mettant en musique un poème de son père.
C’est lui aussi
qui composa la musique du chant patriotique Fidaou el
Djazair de son ami Moufdi
Zakaria. Né dans le terreau du nationalisme et de la poésie populaire, il
atteint la plénitude dans l’interprétation des chants, celle des qaçaids (poème populaire), en 1936, à Tlemcen, sur la place
El Kheddam, quand il chante devant douze mille
personnes, le nachid «Fidaou
el Djazair». Pour cela, il est proscrit de la ville.
Il se met alors à composer des q’cidates et des
chansons.
En 1942, il
enregistre chez Pacific «Talet aâlya»,
en 1944 «Ya rahala», mais c’est «Hiziya»
qui connaît le plus grand succès, chanson qu’il interprète pour la première
fois en 1938, à la radio d’Alger, et qu’il n'enregistre sur disque qu’en
1947.
Après cet
exploit, encouragé par le public, il monte sa propre troupe Djawala
Ababsa (1937 1976) et compose lui-même les poèmes de
ses chansons.
En
1945, Abdelhamid Ababsa dénonce le massacre du 8 mai
et en 1946, il chante la même chanson lors d’un meeting à Paris : il se
retrouve en prison pour deux ans, en compagnie de Cheikh El Hasnaoui.
Durant la guerre d’Algérie, il organise en France des galas privés pour la
communauté émigrée, et à la veille de l’indépendance, il se consacra aux nachid et chansons patriotiques. Jusqu’en 1984, le
répertoire du scénariste du téléfilm «Hiziya» se
composait de 350 poèmes. Abdelhamid Ababsa nous
quitte le 15 mai 1998 laissant un riche héritage artistique. Sa petite famille
s’est imprégnée de son art, sa femme Fatma Zohra, ses filles Naïma et Fella Ababsa, son fils Salah Eddine dit Mobarek
sont également des musiciens et interprètes.