CULTURE-
MUSIQUE- EL HASNAOUI (CHEIKH)/FICHE COMPLEMENTAIRE
Mohamed Khelouat est un chanteur,
musicien et auteur-compositeur-interprète de chanson kabyle, plus connu sous le
nom de cheikh El Hasnaoui -ce nom d’emprunt se réfère
à sa région natale de l’Aârch des Ihesnawen
où il naît le 23 juillet 1910 au hameau de Taâzibt,
village de Tadart Tamuqrant
relevant de la commune de Beni Zmenzer
à Tizi Ouzou. Orphelin de
mère à deux ans, cheikh El Hasnaoui
grandit dans le climat de la culture des zaouïas. Il quitte son village natal
vers 1930 pour Alger où il est embauché sur les quais, travaillant de nuit. Il
habite alors la rue Mogador à la Casbah et fait partie de l’orchestre de Hadj
M’hamed El Anka. Sa
première chanson A Yemma yemma,
une complainte de déracinés, est chantée et découverte à Alger en 1936.
En réalité, cette chanson a été composée en 1928, soit 10 ans après la fin de
la Première guerre mondiale selon la mémoire populaire et de ses contemporains,
qui auraient entendu cette chanson avant son départ définitif à Alger. Pas
étonnant, d’ailleurs, qu’à l’époque, le refrain de cette chanson qui prenait à
témoin sa mère frappa de stupeur plus d’un de ses auditeurs quand on sait qu’il
a perdu la sienne à l’âge de deux ans.
En 1937, à l’orée de la Seconde guerre mondiale,
cheikh El Hasnaoui quitte le pays pour la France, où
il s’installera à Paris, dans le 15e arrondissement. De 1939 jusqu’au début des
années 1950, avant le déclenchement de la guerre d’Algérie, il produit
l’essentiel de son répertoire composé de 29 chansons kabyles et de 17 en arabe
algérien.
En 1968, il enregistre ses dernières chansons,
nous citons à titre d’exemple Cheïkh Amokrane, Haïla hop, Mrebḥa, et Ya Noudjoum Elli ainsi que Rod Balek. Suite à ces enregistrements, cheikh El Hasnaoui quitte définitivement la scène artistique.
Considéré comme une figure de proue de son genre musical et souvent
associé à un titre majeur intitulé La Maison Blanche, il s’illustre dès les
années 1930 en créant son propre style, reconnaissable à sa cascade de voix
grave, aux sonorités lancinantes du banjo et à ses textes qui évoquent la
douleur sentimentale. Douleur pour laquelle cheikh El Hasnaoui
s’exile en France. Le thème de l’exil deviendra, par ailleurs, le leitmotiv
d’une grande partie de son œuvre. Il passe les douze dernières années de sa vie
à Saint-Pierre où il décède le 6 juillet 2002. Cheikh El Hasnaoui repose au cimetière paysager aux côtés de son
épouse Denise Khelouat. Sa tombe se trouve derrière
le columbarium, entre la rue Luc Lorion et la rue Caumont, à côté du cimetière musulman. De Matoub Lounès à Lounis Ait Mengueller ou plus
tard Kamel Messaouidi, ainsi que Hasnaoui
Amechtouh et bien d’autres s’inspirent ou évoquent
l’œuvre musicale de cheikh El Hasnaoui, pour sa
musique ou sa thématique récurrente de l’exil comme source d’inspiration.