HISTOIRE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH-
RÉCIT HISTORIQUE TAHAR OUSSEDIK- « L’LA FAT’MA N’SOUMEUR»
L’LA FAT’MA N’SOUMEUR. Récit historique de Tahar Oussedik. Enag Editions, Alger
2005, 93 pages, 180 dinars
Aujourd’hui encore son nom résonne
,pas seulement en Kabylie mais à travers toute l’Algérie….aux côtés
d’autres héroïnes….Kahina, Djamila….
Au départ, c’est une jeune femme d’une
quinzaine d’années, Sid Ahmed Fatma, belle mais déjà totalement rebelle.
D’abord refusant de se plier à certaines coutumes et traditions locales…comme
le mariage imposé, puis investissant le domaine réservé aux hommes….la guerre.
Il est vrai qu’ayant des dons de voyance, elle était crainte mais très
respectée.
Native du village de Soumeur,
une agglomération d’importance moyenne et semblable à toutes les autres du
Djurdjura, Sid Ahmed Fatma, née à Ouerja (versant
ouest de Tizi l’Djamaâ),
aux environs de 1830, fille d’un Sage (affilié à l’école coranique de la
confrérie de Sidi Abderrahmane Bou Kobrine) a vécu au
sein d’une famille nombreuse : cinq garçons et trois filles. D’une grande
beauté , de taille moyenne, forte, un corps robuste et une démarche souple, des
cheveux souples et couleur des blés, de grands yeux bleus….
très courtisée mais refusant toutes les demandes en mariage….Reléguée au rang
de « révoltée », astreinte à vivre enfermée….elle accepta ,par la
suite, comme époux, un cousin….mais le mariage ne fut jamais consommé….d’où un
retour au domicile parental….sans que le divorce ne soit prononcé, l’époux
contrit l’ayant refusé. C’est pour cela qu’elle ne put jamais se
remarier.
Par la suite, tout cela fera d’elle un
véritable leader dans la résistance populaire à la colonisation qui,
menée par une armée bien outillée en hommes et en armes, était décidée , à partir de 1852, à envahir et à conquérir le
Djurdjura et la Grande Kabylie. Elle venait d’avoir une vision annonçant
l’invasion. Il fallait donc se préparer à la résistance : « Ils
avancent, résolus à nous réduire en esclavage….Nous devons ,
pour nos biens, pour nos champs, pour nos foyers et notre bonheur, consentir le
sacrifice suprême » . Par une mobilisation générale de toutes les énergies
et toutes les armes.
Une lutte qui allait durer cinq ans,
avec des victoires (dont celle , le 20 juillet 1854 ,
à Tachekirt contre le général Massait, qui dura deux
jours et qui enregistra 25 officiers et 800 soldats français tués) mais
aussi des échecs (dont celui du 25 mai 1857, face à un Randon enragé et
revanchard , du côté de Larbaâ n’ath
Yirathen/Icheridhen. 400
morts et 800 blessés du côté français).
Elle ne fut « capturée » - comme
presque toujours grâce à la lâcheté et à la trahison d’un « harki »
de l’époque - que plusieurs années plus tard, en 1857 : 27 ans d’âge, toujours aussi belle, fière
et altière. De quoi intimider son « vainqueur » de l’heure
, le Maréchal Randon…qui la dénomma « La Jeanne d’Arc du
Djurdjura ».
Conduite à Béni Slimane , près de Tablat, emprisonnée dans une zaouïa , avec ses frères et
amis… se consacrant au culte et à la méditation, tombée gravement malade en
1862, minée par le chagrin de voir l’Algérie occupée , elle décéda en septembre
1863 , …..à trente trois ans à peine.
Mais elle avait semé la graine de la révolte….et
son nom résonne encore dans nos oreilles…..comme il a longtemps résonné dans
les oreilles de ses descendants dont ceux de Novembre 54.
L’Auteur : Voir
plus haut
Sommaire : Lla Fat’ma
n’Soumeur : origines/ Pénétration française en
Algérie et poussée vers l’Est/ A l’assaut du Djurdjura/ Bataille de Tachekirt/Conclusion
Extraits : « L’existence
d’un sauvage est parfois plus enviable que celle d’un civilisé, car vivant dans
la forêt , au sein de la nature, ses besoins sont
réduits et ne dispose que du strict nécessaire pour survivre. Il ne peut faire
naître la moindre convoitise, car il n’a rien à défendre contre ses semblables
qui sont dans la même situation que lui » (p 30), « La tâche du
soldat colonialiste est fort aisée à remplir car l’homme est préparé en vue de
jouer un rôle de robot. Il exécute mécaniquement tous les ordres qui lui sont
donnés sans chercher à apprécier leur valeur morale. On lui a appris que
« la discipline faisait la force principale des armées », il
importe qu’il observe « une obéissance passive et de tous les
instants ».Il ne lui est laissé ni même réservé aucune possibilité pour
réfléchir, raisonner et juger » (p 72)
Avis : Ecrit
très simplement mais très clairement, allant à l’essentiel, avec le style
nationaliste et patriotique si propre à l'auteur .
Un autre sujet de film long métrage. D’ailleurs, on a l’impression que ‘Ammi
Tahar avait déjà une idée derrière la tête :le
récit a le rythme d’un film et l’articulation d’un scénario. Et, par la suite,
très certainement , ceux qui ont écrit pour le
feuilleton historique sur l’héroïne l’ont parcouru. En attendant
l’arrivée de l’anglais, à lire et, surtout, à faire lire aux enfants….car
écrit, en plus, en bon et excellent français
Citation: « La
liberté est une fleur rare que tous les peuples recherchent mais qui ne
s’épanouit que parmi ceux qui consentent à l’arroser avec du sang » (p 6) .