VIE POLITIQUE- DOCUMENTS
POLITIQUES- CONFERENCE DE PRESSE PORTE PAROLE PRESIDENCE, MERCREDI 13/5/2020
Le ministre conseiller à la communication,
porte-parole officiel de la présidence de la République, Belaïd Mohand Oussaïd,
a indiqué mercredi 13 mai 2020 qu’une commission
de suivi des débats sur l’avant-projet de la Constitution a été mise en place
au niveau de la présidence de la République. «Cette commission est chargée du
suivi de toutes les publications relatives aux débats sur l’avant-projet de loi
d’amendement de la Constitution.
L’objectif étant de connaître les autres avis dans ce projet, je ne peux
faire de commentaire, car cela risque d’être interprété comme une ingérence de
la présidence de la République», a-t-il assuré. M. Belaïd répondait à une
question d’un journaliste sur certaines propositions, lors d’une conférence de
presse animée hier au siège de la présidence.
«Cette commission va collecter les propositions qui unissent les Algériens,
nous avons besoin de l’unité du peuple et de la préservation des constantes de
la nation. Par la suite, le projet sera soumis aux deux chambres du Parlement,
avant de le présenter au référendum populaire, dans le cadre de la construction
d’une Algérie nouvelle», a-t-il rappelé.
Une commission de suivi des publications
sur les débats
Le ministre a affirmé que «le projet de
révision de la Constitution a été remis aux acteurs politiques et
représentants de la société civile, suite à leur insistance. Le président de la
République avait déclaré auparavant que la présentation du projet a été
retardée en raison de la pandémie du Coronavirus.
Le Président a insisté, lors de la dernière entrevue avec les médias, sur la
nécessité du respect des mesures de confinement sanitaire, et face à
l’insistance répétée, la mouture a été diffusée en dépit de l’impossibilité de
tenir des réunions publiques», a-t-il précisé, tout en appelant à éviter les
préjugés sur le timing. «Le Président a donné son accord, car cela dépend de
son engagement, lors de son discours d’investiture», a-t-il rappelé. Selon le
porte-parole de la présidence, «la présentation du projet en période de
confinement sanitaire va permettre de débattre et d’enrichir le débat en
profondeur et avec sérénité, à travers les médias, les moyens de communication
et en vidéoconférence», a-t-il soutenu.
M. Belaïd a annoncé que la mouture sera diffusée sur internet à partir de la
semaine prochaine, «pour l’intérêt général», a-t-il soutenu. Il a également
fait savoir qu’un programme est tracé pour ouvrir le débat télévisé à tous les
acteurs politiques, y compris l’opposition, dont l’un a été l’invité d’une
émission à l’ENTV.
À une question sur les «faux débats» sur
ce projet sur les réseaux sociaux, marqués par certaines dérives, notamment
l’article lié à l’identité, le porte-parole de la présidence a affirmé que «les
débats sont longs et se poursuivent. Il s’agit d’une affaire constitutionnelle
pas d’humeur. L’avant-projet d’amendement constitutionnel n’est qu’une ébauche
de révision, une plateforme de débat et une méthodologie de travail, pour que
le débat démarre d’un document élaboré par une élite de grands professeurs en
droit.
L’objectif est d’arriver à une constitution consensuelle qui vise à construire
des institutions, pas des cas pour des intérêts de personnes, mais construire
un nouvel État afin de préserver le pays contre l’autoritarisme et de vivre des
crises à chaque fois qu’il y a un dysfonctionnement à la tête du pouvoir»,
a-t-il insisté. M. Belaïd a rappelé, dans l’allocution d’ouverture de la
conférence de presse devenue une tradition, que «l’amendement de la
Constitution constitue l’une des revendications populaires pour un changement
radical du mode et des pratiques de gouvernance à tous les niveaux et la
restauration de l’autorité de l’État à travers la moralisation de la vie
publique, la lutte contre la corruption et la prévalence de la compétence sur
l’allégeance au service de l’intérêt général».
M. Belaïd a également indiqué qu’une commission travaille d’ores et déjà sur le
projet de loi électorale, pour
gagner du temps et être au rendez-vous en 2021 avec de nouvelles institutions,
tout en affirmant que «des élections législatives et locales anticipées ne sont
pas à l’ordre du jour», avant d’ajouter que le travail sera achevé d’ici la fin
de l’année en cours. «On va entamer l’année 2021 avec de nouvelles institutions
et de nouveaux comportements en rupture avec les pratiques du passé». Dans son
allocution d’ouverture, le porte-parole de la présidence de la République a
présenté un bilan chiffré des aides
octroyées aux personnes affectées par la pandémie du Coronavirus. Il s’agit
de près de 300.000 personnes inscrites pour bénéficier de l’allocation de
10.000 DA. «Les allocations seront versées dans les prochains jours et
certainement avant l’Aïd-el-Fitr», a-t-il assuré. En outre, plus de 700.000
familles ont bénéficié de près de 22.000 tonnes de denrées alimentaires et de
quantités importantes de produits détergents et d’équipements médicaux, dont
74% sont issues des zone d’ombre, tout en assurant que les opérations de
solidarité se poursuivent. Dans son intervention, le ministre Conseiller a
rappelé que 2.200.000 millions de citoyens ont bénéficié d’une somme de 10.000
DA, au titre du couffin de Ramadhan, versée sur leur compte CCP, la
veille du mois de Ramadhan. À cette occasion, il a rendu hommage aux
associations caritatives et aux comités de quartiers et de villages dans
l’encadrement de l’action de solidarité et de bénévolat. «Elles représentent
près de 30.000 comités locaux», a affirmé M. Belaïd, saluant l’élan de
solidarité qui renforce l’esprit de fraternité dans tous les domaines,
notamment avec le secteur médical et pharmaceutique, rappelant la production
par l’Algérie de kits de dépistage de Coronavirus. «L’Algérie devient ainsi le
premier pays du Maghreb à produire ce genre de tests et le deuxième en Afrique,
après l’Afrique du Sud», s’est-il félicité.
Dans le même contexte, le conférencier a annoncé que «la valeur des dons numéraires versés dans les comptes
dédiés à la lutte contre la COVID-19 a atteint, jusqu'à mardi, les sommes
de 3 milliards DA, soit 300 milliards de centimes et 1,9 million de
dollars». «Ces fonds seront distribués à leurs véritables ayants droit et aux
personnes lésées par la pandémie en fonction de critères transparents fixés par
une commission présidée par le Premier ministre et constituée des représentants
du Croissant rouge algérien et de la société civile», a-t-il assuré.
M. Belaïd a par ailleurs mis en exergue les
activités du président de la République dans la gestion des affaires de l’État,
notamment les Conseils des ministres et les réunions restreintes avec des
ministres, en présence du Premier ministre Abdelaziz Djerad sur des thèmes
ayant une relation directe avec la vie socioéconomique ou la situation
générale, ainsi que la participation du Président au Sommet virtuel des chefs
d'État et de gouvernement du Mouvement des pays non alignés. «Les activités
phare consistent en la tenue de deux réunions avant la validation du projet de
loi de finances et l’éducation nationale, ainsi que la diffusion de
l’avant-projet de constitution».
À une question sur le prolongement du
confinement sanitaire, le ministre Conseiller à la Communication a estimé
que «l’Algérie enregistre un recul de la pandémie dans le monde, et notre pays
a enregistré une évolution stable de la pandémie, comme le montrent les bilans
quotidiens. On constate un recul du nombre d’infections à moins de 200 cas et
de décès à moins de 10 cas, contre une hausse du nombre de guérisons», dit-il,
précisant que le confinement est lié étroitement au comportement du citoyen,
qui a une entière responsabilité en la matière. En ce sens, M. Belaïd a mis en
garde contre toute rechute, à cause du non-respect des règles du confinement.
«Nous étions en passe de sortir de la zone de danger et des décisions ont été
prises, mais la précipitation des citoyens et la forte affluence enregistrée au
lendemain de la décision ont amené les autorités à durcir à nouveau les mesures
de confinement sanitaire. L’État a mis tous les moyens pour lutter contre cette
pandémie. On a actuellement recensé moins de 20 cas en réanimation, alors
qu’on a prévu 6.000 lits de réanimation dans le cadre du dispositif mis en
place. Certes, c’est une situation inédite qui exige davantage d’efforts de la
part des citoyens afin d’en sortir au plus vite», a-t-il martelé, appelant au
respect des règles de prévention. «On constate une irresponsabilité et de l’ imprudence. Que chacun assume sa responsabilité dans
l’aggravation de la pandémie et le retard de la relance économique», a-t-il
averti.
S’agissant de la restitution des fonds détournés, .
Belaïd Mohand Oussaïd a affirmé que le déclenchement des mécanismes de
restitution des fonds pillés ne peut se faire qu’à la suite de jugements
définitifs de la justice. La démarche «est soumise à des procédures internationales
qui ne sont pas simples», a-t-il dit. À une autre question sur la
décision du président de la République de décréter le 8 mai, Journée nationale de la mémoire, et de créer une chaîne
télévisée dédiée à l’histoire, le ministre conseiller a souligné : «Nous sommes
très en retard. L’Algérie défendra de toutes ses forces la question de la
mémoire. Le message du Président, à l'occasion du 75e anniversaire des
massacres du 8 mai 1945, était très clair sur ce sujet, la mémoire est la
propriété du peuple algérien.»
Pour ce qui est du projet de loi de
finances complémentaire pour 2020, qui prévoit une réduction à 50% du
budget du fonctionnement, M. Belaïd a précisé que le projet a prévu un prix
référentiel du baril de 30 USD, contre 50 USD dans la loi de finances initiale,
«qui sera soumis au débat aux deux chambres du Parlement». Il a indiqué que «la
décision a été étudiée sur tous les plans dans ses aspects négatifs et
positifs, et a pris en compte toutes les considérations à court et moyen
termes. Nous avons pris en considération également les dépenses liées à la
pandémie du Coronavirus qui n’étaient pas programmées». À une question sur le
financement des décisions qui auront un impact dans le cadre de la LFC-2020, le
porte-parole a affirmé qu’une réorganisation interne des dépenses est possible,
tout en assurant le maintien des salaires, pensions et tous les acquis sociaux,
ainsi que les grands projets stratégiques. «Toutes les précautions ont été
prises pour la mise en œuvre de toutes les décisions annoncées. La réduction
des dépenses de fonctionnement est une mesure qui vise essentiellement
l’ajustement des dépenses de manière à financer toutes les opérations
annoncées», a-t-il tenu à assurer.
À une question sur des arrestations
suite à des publications sur les réseaux sociaux, le porte-parole de la
présidence a expliqué que «des personnes se sont habituées au non-respect de la
loi. Aujourd’hui, il y a une volonté politique et une rigueur pour
l’application et le respect de la loi. Tout auteur de violation des lois sera
poursuivi par la justice. La liberté s’exerce dans le cadre du respect de la
loi. La mouture de l’avant-projet de la Constitution prévoit le renforcement de
la liberté de la presse. La liberté est une responsabilité loin de la diffamation,
notamment sur les réseaux sociaux», a-t-il affirmé. M. Belaïd a estimé, par
ailleurs, que «la politique étrangère de l’Algérie est claire», en réponse à
une question liée au rapprochement
entre la Chine et l’Algérie. «Nos relations bilatérales ne datent pas
d’hier», rappelant le rôle de la Chine durant la guerre de Libération et les
efforts de l’Algérie devant le Conseil de sécurité pour son admission à l’ONU.
Enfin, sur l’affaire de la transaction
commerciale d’une filiale du groupe Sonatrach au Liban, le conférencier a
indiqué que le président de la République a instruit le ministre de la Justice
d’ouvrir une enquête qui est en cours. «L’affaire est un dossier
libano-libanais. Ce qui est certain, c’est que l'Algérie, en tant que État,
n'est pas impliquée dans de tels actes. Si des individus sont impliqués, la
justice suivra son cours et dévoilera la vérité», a-t-il assuré.
S’agissant de l’obligation du port de la
bavette en cas de déconfinement, M. Belaïd a souligné que «cet aspect
relève des prérogatives du ministre de la Santé, mais la confection des
bavettes à domicile n’est pas compliquée», tout en assurant que l’Algérie
produit actuellement 7 millions de bavettes par semaine.