ENQUETES ET
REPORTAGES- MONNAIE- TAUX DE CHANGE DE LA MONNAIE NATIONALE
©Ali Titouche/Liberté, jeudi 14 mai 2020
Les dernières
cotations du dinar, publiées dimanche par la Banque d’Algérie, créditent l’hypothèse
d’un glissement de la valeur du dinar après s’être légèrement raffermi, durant
2019, sans véritable explication, si ce n’est un simple reflet de l’évolution
des cours de change de l’euro et du dinar. Face à ces deux principales monnaies
de règlement de l’Algérie, le dinar semble se déprécier lentement depuis le
début de l’année en cours, dans un contexte marqué essentiellement par le
creusement des déficits budgétaire et courant, ainsi que par une évolution
défavorable de certains fondamentaux de l’économie.
Cette
semaine, la valeur du dollar était fixée à 134,66 DA à la vente, alors que
celle de l’euro était fixée à 145,67 DA. Comparé aux cotations d’il y a trois
mois, le dinar semble s’être affaibli face aux principales devises dans un
contexte d’une rechute brutale des prix du pétrole sur les marchés mondiaux qui
implique une baisse des recettes pétrolières du pays et du produit intérieur
brut. En même temps, la situation économique de plusieurs pays partenaires de
l’Algérie s’est nettement détériorée des suites de la crise sanitaire liée au
coronavirus.
Cette
pandémie a entraîné l’économie mondiale dans une situation de récession sans
précédent. Il était ainsi clair que la valeur du dinar allait se déprécier dans
ce contexte de déséquilibre des comptes extérieurs et publics et de récession
économique mondiale. Preuve en est que, il y a trois mois, soit le 9 février
dernier, la valeur du dollar était fixée par la banque centrale à 125,48 DA,
tandis que celle de l’euro était fixée à 138,18 DA à la vente.
Sur trois
mois, le dinar a perdu les quelques gains grappillés sur l’année 2019, les
pertes se chiffrant à 9,18 DA par rapport au billet vert et à 7,79 DA par
rapport à la principale devise du vieux continent. Cette année, de janvier à
février seulement, le dinar a perdu autant que de février à mai. Sur la semaine
du 5 au 11 janvier, la valeur du dollar était fixée à 119,38 DA à la vente,
tandis que celle de la monnaie unique à 133,2080 DA.
Cette lente
dépréciation amorcée depuis janvier coïncide avec la dégringolade des cours
pétroliers dans une conjoncture marquée par une chute de la demande mondiale,
conséquemment à une croissance économique morose, alors que l’offre était
abondante et les stocks excédentaires. Sur l’année 2019, le cours du change du dinar
évoluait en dents de scie sans réelle tendance, mais en phase avec l’évolution
des cours de change de l’euro face au dollar.
La même
tendance a été observée en 2018, alors que le dinar a connu des ajustements
importants depuis le choc externe de la mi-2014. Ces ajustements ont joué le
rôle d’amortisseur pour atténuer l’effet de la chute des prix du pétrole.
Depuis début janvier, un remake de la situation de l’après-été 2014 semble
s’observer, où les interventions de la banque centrale sur le marché de change
sont quasi fréquentes.
Cette
institution avait prévenu, début 2019, que “l’ajustement du taux de change ne
doit pas constituer le principal, voire l’unique levier d’ajustement
macroéconomique”. “Pour être efficace, il doit accompagner la mise en œuvre
effective d’autres mesures et politiques d’ajustement macroéconomique,
notamment budgétaire, aux fins de rétablir durablement les équilibres
macroéconomiques, et de réformes structurelles aux fins d’asseoir une
diversification effective de l’économie et, in fine, une hausse de l’offre
domestique de biens et services”, avait écrit la Banque d’Algérie dans sa
dernière note de conjoncture. Depuis, force est de constater que rien ne semble
avoir été fait au chapitre des ajustements budgétaires et des réformes
économiques.