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Essai M'hamed Houaoura- "La Plume et le Combat, les témiganges"

Date de création: 13-05-2020 17:36
Dernière mise à jour: 13-05-2020 17:36
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HISTOIRE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ESSAI M’HAMED HOUAOURA- « LA PLUME ET LE COMBAT. LES TÉMOIGNAGES »

La plume et le combat.Les témoignages. Essai de M’hamed Houaoura (préfacé par Belkacem Ahcene-Djaballah) . Editions Dar El Gharb, Oran 2029, 217 pages, 700 dinars .

Pour les  nouvelles générations, la presse algérienne (je ne parle pas du journalisme algérien et de titres nationalistes qui ont existé bien avant jusqu’en 54-55 en Algérie même et il y en eut) n’a que  58 ans d’âge. Eh bien non, elle est bien plus âgée que ça. Elle est plus que sexagénaire et presque septuagénaire. En effet, le premier journal au titre bien évocateur « Résistance Algérienne » (« El Moudjahid » reprendra le flambeau en juin 1956, à Alger, dans la clandestinité puis à Tétouan , puis à Tunis) est né en juillet 1955 …..à Tétouan.

Par la suite , on a eu la radio fin 56 avec « La Voix de l’Algérie combattante »….puis le cinéma fin 1957….puis l’Aps  fin 61….

De nombreux militants et résistants se sont, donc, retrouvés, parfois sans le faire exprès, plongés dans le monde de la communication de combat et donc, ont pratiqué  le journalisme…au service de la Révolution algérienne. Ceci sans compter les Commissaires politiques (les Mouhafedh Essiassi) « pères » fondateurs  de la communication « institutionnelle ». 

Pour les seuls journalistes, ce sont environ plus de cent qui ont effectivement travaillé dans la presse nationaliste de 1954 à 1962….et près d’une cinquantaine ont été emprisonnés dans les camps de concentration colonialistes.

Une grande, belle et périlleuse aventure qui reste encore à décrire et à écrire. Cette fois-ci, l’auteur  journaliste de terrain et d’investigation s’est intéressé au parcours de quelques héros .Chacun d’entre- eux livre ses souvenirs et ses espoirs. En toute simplicité , en toute franchise.

Zahir Ihadadène, né à Sidi Aïch le 17 juillet 1929, « élevé dans la ferveur patriotique » (comme son frère aîné, déjà militant de l’Os/Ppa), traumatisé par la tragédie du 8 mai 45, étudiant à la médersa de Constantine, militant à Alger, enseignant à Miliana, , arrêté par la police coloniale , « interdit de séjour » , «confiné » à Oran, en France puis se retrouve au Maroc…..et à Tétouan au sein de la première équipe rédactionnelle de « Résistance algérienne » (alors dirigé par Ali Haroun) .Il est décédé le 20 janvier 2018.

Lamine Bechichi, né à Sedrata le 19 décembre 1927, d’un père imam mouderres , étudiant à Tunis pour devenir enseignant de  langue arabe, se « met » aussi à la musique (violoniste). Enseignant à Sedrata, , il rejoint , en septembre 56, la Tunisie et se retrouve intégré dans l’équipe rédactionnelle de « Résistance algérienne » (Edition C dont le premier n° sort le 1er novembre 1956) puis dans celle d’ « El Moudhjahid » (langue arabe) ainsi dans l’émission « Sawt El Djazair » sur « Radio Tunis » au côté de Aïssa Messaoudi . Puis Le Caire, toujours dans la Com’, puis Tripoli.

 Pierre Chaulet né à Alger . Pour lui,médecin, le 1er Novembre 1954 était une délivrance . Proche de André Mandouze, il avait, en décembre 54, hébergé chez lui A.Mehri et Salah Louanchi recherchés par la police. L’épouse, Claudine  elle aussi élève en sociologie de Mandouze, fut , à son tour happée par la Révolution algérienne. La suite est une grande (més-) aventure qui  mènera le couple à Tunis au sein de la rédaction d’ « El Moudjahid » en compagnie de Frantz Fanon . Il sera journaliste, organisateur de la documentation puis du service cinéma, puis réalisateur de documentaires cinématographiques, et, aussi, Dg p/i (pour quelques jours, fin juin 1962) de l’Aps…..Après l’indépendance du pays, il redeviendra médecin. Il est décédé le 5 octobre 2012.

Evelyne Lavalette, est née en 1927 à Rouiba. Belle et élégante et n’ayant aucun contact avec « les indigènes »,elle découvre, en 1948, en tant qu’enseignante, la réalité de la  vie des populations algériennes en tant qu’enseignante ….à la Basse Casbah. Proche de Mohamed Drareni (à travers les activités  scouts et la revue « Consciences Maghrébines »)  ,elle découvre sa véritable identité . Benyoucef Benkhedda lui confie des missions de liaison…dont certaines à Oran où elle rencontre Denise Pia, une autre militante. Elle fut , aussi , logeuse , rue Daguerre puis rue Kehlifa Boukhalfa, de: Benkhedda, Sadek Dehilès, Amar Ouamrane, Abane Ramdane….Larbi Ben M’hidi. Et, aussi, membre de l’équipe qui avait confectionné les premiers numéros d’ « El Moudjahid »….Elle avait dactylographié et transporté l’appel à la grève des étudiants du 19 mai 1956 et la lettre que Zabana Ahmed avait envoyée à ses parents la veille de son exécution. Arrêtée, elle  n’est libérée  qu’en août 1959. Exilée en France, elle est « exfiltrée »  en Tunisie où elle s’occupera des enfants orphelins algériens dont les parents avaient été tués en Algérie. Après l’indépendance, elle a fait partie de la 1ère Assemblée nationale du pays….et épousera Abdelkader Safir, un journaliste.

Elle est décédée le 25 avril 2014

L’Auteur : Né à Cherchell en novembre 1954, journaliste –correspondant d’El Watan, déjà auteur d’un ouvrage sur « Yamina Oudaï, l’héroïne oubliée » (Anep, 2016)

Sommaire : Préface/ Introduction/ Zahir Ihadadène/ Lamine Bechichi/ Pierre Chaulet/ Evelyne Lavalette/ La contribution de Z.Souissi et de O. Belhouchet à la création de la Journée mondiale de la liberté de la presse, le 3 mai / Militantes incarcérées/Journalistes ayant exercé avant 1954/ Journalistes ayant exercé 1954-1962/ Autres témoignages /….

Extraits :  Ils (les journalistes algériens durant la guerre de libération nationale) sont parmi les « djihadistes éclairés de la plume » les plus percutants, au même titre que le reste des héroïnes et des héros qui avaient su accompagner « l’essaim de plumes » dans le combat » (p22),

Avis : Les détails de vies , d’engagements et de sacrifices qui ont fait (aussi) l’Histoire. Car, ce sont les innombrables rivières qui font les grands fleuves. Un véritable ouvrage d’histoire….. vécue.

Citation : « L’Histoire constitue un gisement d’espoir » (p 25)