CULTURE-
MUSIQUE- CHEIKH HAMADA
Le Cheikh Hamada est le chantre éternel du chant
bédouin et l’un des fondateurs du mouvement de musique gasba.
Il a fait partie du bouillonnement musical de l’entre-deux-guerres. Ce chanteur
hors pair a enclenché la citadinisation du bédouin
traditionnel. Phénomène majeur dans la musique maghrébine. Cheikh Hamada
de son vrai nom Mohamed Gouaich est né en 1889 à Blad Touahria près de Mostaganem.
Cet artiste d’une grande famille de la tribu des Médjahers
est d’une vaste culture, s’intéressant à tous les genres musicaux à travers le
pays et même le théâtre. Il aura eu de son vivant révolutionné, à lui seul, la
tradition musicale dans le genre bédouin et ce, en réussissant de façon
magistrale à brosser la poésie citadine entre el hadri,
el hawzi et l’aâroubi, et
sur le plan musical il a apporté la précision du jeu en utilisant que deux
flutistes au lieu de trois. Dans ses compositions, la gasba
sera remaniée et lui apportera une touche propre à la région des Medjahers, influençant ainsi le répertoire chaâbi, qui entre sous sa férule dans le mode bédouin.
Cheikh Hamada était l’ami intime de Hadj M’hamed El Anka et aussi Hadj Boudissa,
autre artiste référence. Ils avaient pour habitude, lors de dîners
philosophiques avec les poètes, les musiciens comme Hadj Lazoughli,
Hachemi Bensmir, Abdelkader
El Khaldi, d’échanger et travailler ensemble des q’çayeds (poèmes). Cheikh Hamada sera aussi un maître pour
les jeunes générations. Il recevra dans sa maison plusieurs artistes comme Maâzouz Bouadjadj, leur
expliquant, de temps à autre, pendant de longues heures, une tonalité, une strophe,
le sens caché d'un mot, d'un vers, d’une q’çida. Il a
fait connaître cette musique basée sur des poésies bédouines ancestrales et une
influence arabe harmonique en rapprochant la campagne et la ville, élargissant
ainsi le mouvement sur toute l’Algérie et par-delà les frontières. Il a fait
son premier enregistrement en 1920 et, par la suite, il a continué à faire des
disques en Algérie, à Paris et Berlin, jusqu’à sa mort. Ce musicien et chanteur
est aussi le père de deux fils résistants à l’ordre colonial tués durant la
guerre de Libération nationale. Ce pionnier de Mostaganemois
a su brandir l’étendard culturel et artistique de Mostaganem et l’a porté très
haut, au firmament, par la force de son poignet. Les disques de vinyle en sont
les seuls témoignages fragmentaires de ses œuvres. Il est à noter sa
participation à un festival de la musique folklorique à Bruxelles en 1936,
comme sa participation à l’Olympia à Paris. Il fréquentait également le trio
gagnant les enfants prodiges de Mostaganem et d’Alger Kaki Ould
Abderahmane, Cheikh Djillali
Aïn Tédelès, Cheikh Khaldi, une grande figure de la musique algérienne qui a su
mixer le haouzi, l’andalou et le bedoui.
De plus, son interprétation instrumentale ne se limite pas au symbolique gallal comme l’on croirait. La particularité et le génie de
cet éminent chanteur bédouin réside dans le fait d’avoir ressenti et d’avoir
été à l’origine de cette nécessité que de rénover et moderniser ce genre, en
lui permettant de répondre aux aspirations de l’auditoire des temps d’alors.
Cet homme est doté d’un désir de recherche musicale poussé pour avoir
métamorphosé l’antique genre aroubi en un genre
modernisé beaucoup plus attractif et abordable aux populations de tout bord,
citadine et bédouine. Ceci sous l’influence de grands courants dont
l’intronisation en a été la chanson Boussalef Meriem
(Ma Chayli) suivies d’autant d’autres Ya Dhalma, El Youechem, Aïd el kebir, Ya bouya, etc… Ce qui l’a porté à se produire autant à travers toute
l’Algérie qu’à l’étranger. Surtout à partir du Maroc d’où il a rapatrié de
grands succès qu’il a travaillé par la suite à sa manière dont la fameuse
chanson «Hajou lefkar sidi»
reprise par El Anka. Ce qui contribua à un genre
nouveau rehaussant les autres genres musicaux de notre patrimoine artistique et
des recherches étymologiques dans cette vaste et pléthore glèbe du malhoun. Filon inestimable de valeurs alimentées de tout
temps par nos élogieux poètes. Une autre chanson très prisée à l’actif de
Hamada reprise par le chanteur constantinois Ali Fergani
qui l’a propulsée «Ya dhalma» du poète mostaganémois Benguenoun. Il a
tiré sa révérence le 9 avril 1968 à Mostaganem, après son retour de son
pèlerinage à la Mecque. Cheikh Hamada à assis et consolidé sa notoriété
artistique à la force du poignet. Ce grand classique était également reconnu
pour ses qualités comme une référence de la part d’artistes de talent tels El Anka et Mazouz Bouadjaj et autres dans le domaine du chaâbi
et le précurseur d’une vague de chanteurs de bedouin
nostalgiques du genre aroubi sous sa forme nouvelle