COMMUNICATION-
ETUDES ET ANALYSES- ENTRETIEN REPORTERS/A.CHENIKI
(Ahmed
Cheniki est ancien journaliste et professeur des
universités)
© Amirouche Yazid/Reporters, lundi
4 mai 2020
Reporters : Trente ans (1990-2020) de
pluralisme médiatique et nous sommes encore à constater une quête renouvelée
d’un encadrement législatif adéquat, côté tutelle, et un effort pour leur
propre pérennité, côté entreprises de presse. Cela signifie quoi pour M. Cheniki ?
Ahmed Cheniki : Je crois que pour comprendre la
situation actuelle, il faudrait revenir aux conditions d’émergence de cette
presse dite plurielle et de ces incessants appels à un encadrement législatif.
Je pense que toute expression médiatique sérieuse et crédible n’a nullement
besoin d’autres espaces d’embastillement, les textes législatifs actuels sont
suffisants. Chaque fois qu’on parle d’encadrement, j’ai davantage peur,
d’autant qu’encadrer signifie tout simplement surveiller, punir, sanctionner.
La question ne se pose nullement dans les textes. Ce serait bon de lire ou de
relire le code de l’information de 2012 et les derniers amendements de mars
2016 de la Constitution, en dehors des pouvoirs très étendus consacrés au
Président, vous verrez que les libertés, notamment celle de la presse, sont
consacrées. Reste la mise en pratique de ces textes. J’ai l’impression que ni
les pouvoirs publics ni les «patrons» de presse ne voudraient de la stricte application
de ces textes. L’opacité sert finalement tout le monde, sauf les lecteurs et
les journalistes sérieux. Comment et dans quelles conditions a émergé cette
presse dite indépendante ? On parlait à l’époque d’«aventure intellectuelle»,
ce qui était franchement risible, certains s’étaient présentés en
«réformateurs», alors que le métier de journaliste exige de la distance. Oui,
cette expérience, nouvelle, par rapport à un passé récent où il n’y avait
qu’une presse publique, marquée néanmoins par des luttes incessantes au sein
des rédactions faites de licenciements, de censures, d’interdictions de
signatures, allait plus ou moins changer les choses dans un environnement
illusoirement pluraliste. Les journaux privés affublés du qualificatif
malheureux d’«indépendant», héritage de la presse publique et des multiples
contradictions du «système» politique algérien, allaient s’imposer sur la scène
publique, se métamorphosant en des espaces politiques, marginalisant tout
travail d’investigation. Les journaux publics fonctionnent tout simplement
comme de simples espaces de communication monologique, alors que les titres
privés soutiennent, dans un certain nombre de cas, un clan dominant ou de
l’opposition en fonction du contexte.
C’est ce qui pose problème au niveau de l’éthique journalistique. La presse
privée qui serait, selon une lecture trop rapide et trop peu informée,
l’apanage d’une «génération spontanée», ignorant les combats et les luttes
anonymes de nombreux journalistes défendant, entre chapelles politiques
diverses et propagande officielle, leur métier, en dehors des compromis et des
calculs des espaces partisans et des interminables tentatives de récupération,
est plutôt le produit d’un combat mené depuis l’Indépendance par quelques
journalistes et d’autres forces politiques et syndicales. Elle n’est nullement
le lieu exclusif de journalistes partisans, elle comporte également de
nombreuses plumes sans lien direct ou indirect avec les lieux politiques
dominants ou d’opposition. Personnellement, j’ai toujours évité tout
embrigadement partisan, cherchant à prendre de la distance avec les faits, en
évitant de partir de constructions, de présupposés ou de préjugés. J’essaie de
le faire ainsi, en m’éloignant le plus possible de la subjectivité qui est, il
faut l’admettre, constamment présente. Les luttes d’un certain nombre de
journalistes qui avaient payé au prix fort leur engagement (brimades,
humiliations, licenciement, interdiction de plume…) avaient permis au secteur
de l’information d’engranger quelques victoires, à ouvrir le secteur à
l’initiative privée et à acquérir quelques espaces de liberté. Ils se
démarquaient souvent publiquement des lignes de leurs journaux (pétitions et
assemblées générales de 1980, 60 journalistes, et de 1988, environ 75, tables
rondes organisées dans des lieux publics…). A l’époque, le Mouvement des
journalistes algériens (MJA) qui a, certes, entrepris un grand travail, n’a
jamais évoqué, ne serait-ce qu’une seule fois, l’éventuelle émergence d’une
presse privée dont il combattait violemment l’idée avant que nombre de ses
dirigeants ne se muent en patrons et associés dans des entreprises de presse.
Le paysage médiatique est-il toujours le reflet de son
contexte sociopolitique ?
Un journal devrait, selon moi, être l’expression des bruissements de la
société, être à l’écoute de la société et ne pas, comme c’est souvent le cas,
être prisonnier que des seuls murmures des appareils. C’est ce que nous avons
oublié en Algérie, la lecture des journaux, comme des autres médias (télévisons
par exemple) nous donne l’impression que nous avons affaire à des voix très
partisanes, usant, même au niveau du style, d’une inflation d’impératifs,
d’adjectifs qualificatifs, d’adverbes ou de titres à construction infinitivale. On a l’impression que les journaux ne sont
réellement crédibles que s’ils évacuent la société pour ne mettre en avant, au
niveau de la hiérarchisation de l’information, que les «patrons». Même
l’Algérie de l’intérieur est exclue des travées de ces quotidiens et chaînes de
télévision à caractère théoriquement national. Je crois que le journaliste
devrait avoir une certaine autonomie, produisant une information plurielle,
marquée par les jeux multiformes de la société. Nous avons plutôt, au lieu d’un
journalisme de terrain, à l’écoute des gens et de la société, eu affaire à un
journalisme qui prend partie. Certes, en l’absence de partis et de groupes
politiques crédibles et sérieux, la presse se trouve au four et au moulin,
dépassant sa fonction, qui est celle d’informer. Paradoxalement, il y eut de
belles expériences, rares certes, dans les années 1960-70-80, avec Alger
Républicain (1963-1965), Révolution Africaine (1963-1965), La République
(1972-1976), Algérie-Actualité (1978-1983) ou Echaab
(1975), mais elles furent toutes sérieusement liquidées ou poussées, par la
suite, à être de simples illustrateurs du discours politique ambiant. Lors de
l’«élection» présidentielle de 2004, par exemple, des journaux et une
télévision ont soutenu la candidature de Ali Benflis,
alors que d’autres avaient, comme en 2014, pris fait et cause pour le candidat
du «pouvoir». L’arrêt du processus électoral en 1992 et l’élection
présidentielle de 2004 ont mis en lumière ces pratiques trop restrictives et
prisonnières de lieux manichéens. Dans les deux cas de soutien ou d’opposition,
le journal est marqué par une sorte d’assujettissement à un clan ou à un autre,
se dépouillant ainsi de ce qu’on pourrait appeler sa neutralité opératoire.
Faut-il croire que l’absence de structuration dans la
corporation des journalistes algériens induit le recul du journalisme en
Algérie ?
Je ne sais pas ce que vous entendez par structuration. Comme je vous l’ai
dit au début, les conditions d’émergence et les pratiques concrètes,
prisonnières des attitudes mentales du passé, expliqueraient les failles de
cette presse. Il y a les textes, il n’y a pas de syndicats, l’opacité du
fonctionnement et des pratiques éditoriales actuelles rendent pour le moment la
constitution d’un syndicat ou la mise en œuvre d’un conseil d’éthique qui est
l’affaire des professionnels. Je crois, quand le texte de 1990 est né dans des
conditions floues, les relations entre les pouvoirs publics et les journaux
n’étaient pas claires. Souvenez-vous, le gouvernement de l’époque fut amené, à
la suite des événements d’Octobre 1988, à prendre un certain nombre de mesures
libérales marquées par les hésitations, le conformisme des dirigeants et leurs
vieux réflexes autoritaires. Ainsi, furent adoptées en 1989-1990, sous la
pression des événements, les lois relatives aux «associations politiques» (5
juillet 1989), à la presse (adoptée le 19 mars 1990 et promulguée le 3 avril
1990) et aux élections (août 1989). C’est dans ce contexte fait
d’appréhensions, de manœuvres et d’espérance que les premiers journaux virent
le jour. C’étaient souvent des collectifs de journalistes du secteur public,
forts des 24 mois de salaires avancés par les pouvoirs publics qui allaient
prendre en charge ces nouveaux organes de presse dits outrageusement «indépendants».
Mais l’opacité va tragiquement marquer le terrain, dès les années 1990, ce qui
va rendre les choses opaques, les textes peu visibles. On voulait tromper le
monde en parlant d’indépendance. Alors que l’indépendance est une vue de
l’esprit, elle est inconcevable dans la mesure où les gens entretiennent des
relations entre eux. On peut parler d’interdépendance ou d’autonomie relative.
Les choses ne sont toujours pas claires. Même l’univers audiovisuel est marqué
par cette anarchie. De nombreuses chaînes privées off-shore, certaines de
droits suisse ou britannique, d’autres émettent de Bahreïn ou de Amman. Ce n’est donc pas si simple.
Quel regard portez-vous sur le contenu de la presse
écrite ?
Je suis de ceux qui considèrent que nous sommes en présence d’une presse,
privée et publique, manquant tragiquement de professionnalisme, évacuant toute
possibilité d’interventions plurielles. Je dis à propos de la presse dite
publique qu’elle est carrément hors le service public. Les journaux et les
télévisions évacuent souvent de leur champ d’action l’investigation. Les lignes
éditoriales traversées par de multiples contradictions se caractérisent par une
extrême ambigüité. Les journaux, marqués par les stigmates de leurs conditions
de production, sont prisonniers de bureaux et de sources souvent peu fiables ou
uniques, se dispensant d’entreprendre un nécessaire travail de questionnement.
Ces conditions ne permettent nullement au rédacteur de se faire une idée
sérieuse du fait informationnel, ni de se libérer de ses différentes sources,
déjà otages de considérations idéologiques et éthiques particulières. Nous
sommes souvent en présence d’une reproduction non réfléchie de la parole de celui qui fournit
l’«information» sans aucun travail d’interrogation ou de vérification. La
lecture attentive des journaux et des chaînes de télévision permet de constater
que les journalistes reprennent souvent les dépêches de différentes agences de
presse (AFP, Reuters, UPI…) sans les interroger ni entreprendre un travail
d’interrogation et de critique des sources. La paresse du bureau délégitime la
parole médiatique algérienne et met en œuvre la fabrication d’un discours
monologique. Tout se fait au niveau des sièges centraux ou de certains bureaux
régionaux où exercent des correspondants, souvent non rémunérés ou travaillant
carrément au noir. L’investigation exige des dépenses et un sérieux engagement
professionnel. Ce qui n’est pas du goût des nouveaux «patrons» qui préfèrent
investir dans d’autres créneaux comme si l’information n’était pas la raison
d’être des journaux. La formation des journalistes, le travail sur le terrain
pâtissent sérieusement de ces choix éditoriaux qui mettent sérieusement à mal
cette «indépendance» en en faisant des organes d’opinion politique. L’espace
est souvent mal géré, ignorant les contingences spatiales, la hiérarchisation
de l’information et la configuration géométrique. Les partis-pris, le manque de
vérification de l’information, la précipitation, les nombreux problèmes
techniques et linguistiques caractérisent de nombreux titres. Seuls quatre
titres quotidiens possèdent de véritables rédactions régionales. Le journalisme
n’est pas le lieu où se manifestent les états d’âme et les formules
sentencieuses qui réduisent souvent un propos fondamental à quelque tournure
phrastique, hautement marquée subjectivement. L’écriture journalistique a
horreur des drôleries partisanes caractérisant certaines interventions, du
manque de rigueur et de concision et des contorsions lexicales d’écrits où
s’illustre la présence de mots «difficiles» et peu abordables. La confusion
entre les différents genres (reportage, commentaire, éditorial, enquête…) est
courante. L’investigation et le reportage sont les éléments essentiels de
l’écriture journalistique, mais souvent absents de l’univers médiatique, faute
de moyens financiers suffisants. La quête de l’information implique une
formation conséquente car celle-ci doit-être vérifiée et revérifiée avant
d’être digne d’être publiée. L’usage des mots n’est pas aussi simple et facile
que certains ont tendance à le penser. L’omission d’une virgule dans une
dépêche a été à l’origine de la plus longue guerre européenne de l’Histoire.
Liberté rime avec responsabilité. Responsabilité devant les faits à publier et
devant le lecteur. Aujourd’hui, dans quelques titres de la presse algérienne,
l’insulte et l’invective s’érigent en véritables règles de conduite.
Quel remède pour améliorer l’offre éditoriale des
journaux ?
Les journaux devraient saisir que les questions éthiques sont primordiales
et que la relation entre les pouvoirs publics, les patrons des entreprises de
presse et les journalistes devrait être transparente. Ce serait bon
d’encourager l’investigation, mais pour cela, il faudrait que les journaux
apprennent à dépenser, à faire des investissements et ne pas rester prisonniers
de pleurnicheries périodiques. Rien ne se fera si les employés des différents
services ne se sentent pas à l’aise dans leurs rapports à l’entreprise en
matière sociale (salaires, assurances, formation…) et professionnelle. Il n’est
pas sérieux d’évoquer la presse en évacuant les logiques économiques et
politiques qui déterminent le fonctionnement de son discours, ni la place
prépondérante qu’elle occupe dans l’espace public. C’est dans ce sens, je
crois, que les «patrons» des journaux pour changer les choses devraient
commencer à balayer à l’intérieur de leur maison et d’éviter d’être des espaces
d’assujettissement à cause d’une publicité à attendre et à monnayer, perdant
ainsi toute possible autonomie. Dans des journaux sérieux, certes rares, dans
le monde, on exige du journaliste une grande distance avec les faits et un
éloignement permanent des espaces de décisions politiques et économiques, ce
qui l’empêcherait de fréquenter les hommes politiques et les décideurs. Toute
proximité avec ces univers rendrait son projet sujet à caution, discutable et
trop peu crédible. N’est-il pas utile d’appliquer la même logique dans les
écrits journalistiques, évitant de faire le jeu volontaire ou involontaire des
tribus politiques ? Le journalisme est l’espace privilégié du manque et de la
frustration. C’est aussi le lieu de l’humilité. Il faudrait que le journaliste
soit libre d’exercer son métier et il faudrait cesser d’accuser les uns et les
autres de trahison, mais s’il fait une gaffe, il doit payer. Le patriotisme
n’est la propriété de personne. Si un journaliste est soupçonné de diffamation
ou d’un autre délit, il faudrait tout d’abord prouver le fait avant de
l’accuser. Mais le droit devrait primer…
Les rubriques culturelles de l’ensemble des journaux ne semblent plus ce
qu’elles étaient censées être. Pourquoi ? Est-ce un déficit d’encadrement ou
plutôt un manque de considération à cet espace ?
J’ai eu la chance de travailler dans des journaux (Algérie-Actualité et Révolution
Africaine) où on consacrait un espace important aux affaires culturelles.
D’ailleurs, la notion de «culture» a été redéfinie dans ces deux hebdomadaires,
perçue comme un espace incluant les arts et la relation avec la société. Il
faut aussi le dire, il y avait, à l’intérieur du service culturel, de grandes
plumes qui lisaient beaucoup, un important background, une grande érudition. Ce
qui, apparemment, ne serait plus le cas aujourd’hui. Il faut ajouter à cela que
beaucoup de responsables de journaux et de rédactions semblent, eux, fermés à
la chose culturelle la considérant comme peu rentable. C’est vrai que la
culturelle devrait avoir un autre style, simple, travaillé par les jeux de la
société et ouvert aux bruissements du quotidien. Il faudrait une autre
approche. La «culture», ce n’est pas uniquement les arts, même quand on parle
des arts, il faudrait, je pense, les mettre en relation avec le vécu. Il faut
éviter l’usage d’un jargon technique qui fait fuir les gens, alors que c’est un
journal qui devrait attirer le grand public. C’est un peu comme la rubrique
économique ou les contributions extérieures. Souvent, je ne sais pour quelles
raisons, les patrons affectent à la rubrique économique des journalistes qui
ont fait économie, alors que la logique professionnelle devrait les pousser à
choisir des journalistes qui ne sont pas titulaires de licence en économie pour
qu’ils puissent communiquer facilement avec les lecteurs, poser leurs questions
et répondre à leurs attentes. Les interventions des universitaires devraient
être réécrites et adaptées au style général et à l’attente supposée des
lecteurs.
Peut-on dire aujourd’hui que ce qui a été désigné par
le passé par «l’aventure intellectuelle» est désormais un pari impossible
devant les fragilités économiques qui sont visiblement inévitables dans le
parcours d’une entreprise de presse ?
Un journal, une télévision, est avant tout une entreprise économique, elle
obéit aux instances de l’organisation économique. On ne peut parler d’une
entreprise médiatique sans omettre ce volet important. Comme on ne peut oublier
cette tendance, notamment, depuis les années 2000, à une concentration de
médias aux mains d’hommes d’affaires et d’argent. Ce qui est extrêmement
dangereux. Un journal, une chaîne de télévision, surtout maintenant avec
l’apparition des technologies de l’information et de la communication,
devraient changer leur fonctionnement en tentant de conquérir les espaces
numériques, sans abandonner la version papier. La publicité qui ne devrait pas
être distribuée aux uns ou aux autres, mais libre, c’est-à-dire respectant les
vœux de l’annonceur qui devrait opter pour tel ou tel média. Ce serait bon,
qu’à terme, on arrive à une libéralisation totale de la publicité. Comme en
Europe. On avait, je me souviens, beaucoup parlé des Enamep,
elles ont fini par partir et le secteur de la diffusion se porte très bien. Je
ne sais pas ce que c’est qu’une «aventure intellectuelle». Mais je sais que
tout le monde y gagne quand nous aurons une presse relativement autonome. Il
est aujourd’hui important d’assainir le secteur, de le rendre tout simplement
conforme aux textes en vigueur. Aujourd’hui, notamment, avec l’avènement
d’Internet qui permet un accès libre à l’information, gratuite et disponible et
la présence de sites commerciaux, les lecteurs préfèrent, bien entendu,
Internet. Ce qui risquerait de pousser les annonceurs à accorder leur pub aux
espaces en ligne. Il faudrait que les journaux comprennent, au temps de
l’éclatement de la bulle technologique, l’importance de se tourner vers
l’espace numérique qui devrait être sérieusement maîtrisé sans pour autant
abandonner le journal papier. La presse écrite devrait être sérieusement aidée
par l’Etat qui devrait fonctionner comme espace égalitaire et modérateur, bien entendu,
tout en nettoyant les écuries d’Augias de cette presse. Les attributions
financières devraient être transparentes, c’est-à-dire rendues publiques. Il ne
resterait, au terme de ce balayage législatif, qu’une quinzaine de titres. Et
je suis optimiste. Dans tous les pays du monde, existent des structures
chargées de l’aide à la presse, même aux Etats-Unis. C’est le cas de la
Finlande, par exemple, qui a plus de 200 journaux et 4 000 magazines pour une
population de 5,5 millions. Dans ce pays, 20% des revenus sont le résultat des
subventions de l’Etat. En France, où il y a 2 000 entreprises de presse
employant pas moins de 80 000 salariés, avec 9 000 titres et 25 000
journalistes, l’aide de l’Etat dépasse le milliard d’euros : mesure
d’abattement fiscal pour frais professionnels des journalistes, mesures
d’exonération sociale. En Italie, existent plusieurs types d’aides très
conséquentes pour les quotidiens ou les périodiques édités par des coopératives
journalistiques ou de journalistes et d’autres instances, attribution de
subvention à l’accès à l’information et à la diffusion de l’information à
l’étranger. La Suède, qui a 170 quotidiens et plus de 4 millions d’exemplaires
pour 10 millions d’habitants, soutient sérieusement l’exploitation et le
fonctionnement des entreprises de presse dans le but d’encourager le pluralisme
et la représentation de tous les courants d’opinion.