HISTOIRE –RESISTANCE- LALLA FADHMA N’SOUMEUR
–THAKHELOUITH(ERMITAGE)
Thakhelouith
(ermitage) de l’héroïne de la résistance populaire contre l’occupation
française, Lalla Fadhma N’soumer, petite mansarde nichée à l’intérieur du village Soumeur, dans la commune d’Iferhounen,
est un lieu fortement chargé d’histoire d’une précoce prise de conscience
révolutionnaire de la Kabylie contre la conquête militaire française.
Lalla Fadhma n’Soumeur réunissait ses lieutenants pour préparer la résistance
populaire contre les tentatives d’occupation des troupes de Maréchal Randon
dans cet édifice est classé par les services de la culture au patrimoine
national comme monument à caractère muséal et a, par conséquent, bénéficié
d’une opération de réhabilitation ayant permis la reconstitution de cette
ancienne maison qui était sur le point de s’écrouler. De vieux ustensiles, de
la poterie, de la cire de vieilles bougies fondues et un sabre en fer forgé
datant probablement de l’époque où l’héroïne dirigeait l’une des premières
résistances contre la conquête française sont jalousement conservés à
l’intérieur de cet ermitage où chaque pierre raconte l’histoire de cette
glorieuse épopée. Ce haut lieu chargé d’histoire a été sauvé de la disparition
grâce à une symbolique, mais salvatrice, contribution financière des autorités
de la wilaya et surtout l’appréciable participation des enfants du village aux
travaux de restauration ayant permis de le conserver et de le maintenir pour
qu’il soit témoin de l’héroïque résistance de la population du village et de
tous les autres villages de la Kabylie contre les envahisseurs coloniaux.
C’est à partir de cette maison au cœur de ce village niché au pied du splendide
col Tirourda que la légendaire Lalla
Fadhma N’soumeur, de son
vrai nom Fadhma Sid-Ahmed Bent
Mohamed, organisait, à l’âge de 24, la résistance en commençant par l’achat des
armes, ralliant tous les archs et les chefs de tribus
ainsi qu’en mobilisant les femmes pour prêter main forte aux guerriers qui se
sont lancés dans cette farouche résistance contre les troupes du maréchal
Randon.
A la tête de plusieurs hommes, Lalla Fadhma N’soumeur infligea de
grosses pertes aux troupes conquérantes (1854 et 1856), notamment durant les
batailles d’Azazga, à Tachkirt,
à Larbaâ Nath-Irathen.
La grande bataille d’Ichariden, qu’elle a menée en
compagnie de ses honorables lieutenants et guerriers, a fini par faire de cette
héroïne une véritable icône de la résistance populaire dans la région, voire à
travers l’ensemble du territoire national. Surnommée, pour sa bravoure et son
honneur, La Jeanne d’arc du Djurdjura par le maréchal Randon qui a fini par
conquérir la Kabylie (1857), la légendaire héroïne est aujourd’hui le symbole
de la résistance et de la lutte pour la préservation de l’unité du territoire
national et contre la domination et la discrimination. Elle est aussi l’icône
des femmes luttant pour leur émancipation et leurs droits. La légendaire
combattante est décédée en 1863 à Béni Slimane, dans la wilaya de Médéa, où une
zaouïa, en l’occurrence El Aïssaouia, lui a offert
gîte et protection. Son refuge au sein de cette zaouïa devint, durant son
séjour, un lieu de prière, mais aussi un endroit très fréquenté par les
habitants des villages et hameaux limitrophes, qui faisaient de longs
déplacements pour la rencontrer et trouver conseil auprès d’elle. Comme ce
refuge, celui de son village de naissance, Soumeur,
est lui aussi devenu un lieu de pèlerinage des habitants des villages et
localités limitrophes mais aussi des autres régions du pays..