HABITAT- VILLE- BEJAIA (II)
Bab El Bahr, plus connue sous le
nom de Porte Sarazine, fut édifiée sous le règne des Hammadites au XIe siècle, soit en 1070, par le sultan En Nacer, donnant jadis accès sur le front de mer et par où
s'organise le débarquement des troupes françaises commandées par le général
Trézel. De son côté, le fort Sidi Abdelkader, qui domine l’espace entre le port
et le cap Bouak, servait de garnison pour les
Espagnols en 1510. Ce grand monument s’est transformé de nos jours en un lieu
de pèlerinage où, chaque mercredi, des visiteurs et particulièrement des femmes
s’y rendent pour se recueillir sur la tombe du saint originaire de Syrie, Sidi Abd El Kader El Djilali, enterré dans la mosquée du fort.
De l’autre côté de la haute ville, avec ses vieilles bâtisses, quartiers
privilégiés des colons, se trouve Bab El Bounoud, Bâb El Fouka actuel, qui
est considéré comme l’entrée principale de la cité En Naciria,
constituée de deux portes que les Béjaouis empruntent
pour accéder à la place Philippe et à la mosquée Sidi Souffi
ainsi que le fort Bordj Moussa. Du point de vue culturel, le patrimoine est
source d’identité. Il transmet les traditions, les coutumes, les valeurs et les
savoirs d’une société. Sa sauvegarde est fondée sur la crainte de la perte de
la mémoire historique. Mais Béjaia, avec tous ses
philosophes et chercheurs éminents, ne renferme pas uniquement ces monuments
historiques des différentes occupations qu'elle a connues durant des siècles. Béjaia, ville sainte, compte aussi des mosquées et des
zaouïas répandues à travers toutes les localités. Des maîtres avaient choisi Béjaia pour étudier, enseigner et y vivre. Certains de ces
savants et religieux y sont enterrés.
Le cimetière de Naciria, plus connu sous le nom de
djebel Khelifa, a été considéré comme un lieu de
pèlerinage. On y organise le 27e jour du ramadhan, la prière collective en
plein air en occupant la grande route qui sépare le bois sacré du quartier les
eucalyptus, plus connu sous le nom de quartier Sebâa Ouacherine.
Savants et religieux ont laissé un souvenir attachant et les habitants ont
construit des mausolées et des mosquées.
Sidi Souffi a sa mosquée
ornée de faïences du Maroc au XVIe siècle. Sidi Yahia
et son père, tous deux savants, reposent côte à côte dans un mausolée dominant
la baie de Béjaia. Sidi Abdelkader El Djilali est
enterré dans l'ancien fort de la mer.
Yemma Gouraya domine tout
le paysage de son tombeau placé sur la crête de la montagne qui porte son nom.
Non loin d’elle, Lala Yamina a son mausolée sur la
pente de la même montagne, et les visiteurs qui affluent vers Gouraya ne délaissent jamais l'une au profit de l'autre.
Certes les bejaouis ont toujours tendance à le
répéter : «Il ne manque qu'un seul saint pour que Béjaia
totalise cent et pour qu'elle éclipse la Mecque comme lieu de pèlerinage.» Dans
plusieurs villages de la wilaya, des mausolées et zaouias
reflètent les valeurs spirituelles des actions menées par de nombreux savants à
l'exemple de Cheikh Bel Haddad et sidi Saïd Amsisen
de Seddouk, Sidi Ahmed Ouhaddad
à Akfadou, Sidi Ahmed Ouyahia
à Amalou, Sidi Adli à Tamokra, Cheikh Kacem Al Husseyni à Akbou, Sidi Boudrahem, Sidi El Mouhoub, Sidi Yahia El Aidli et autres. Les
habitants continuent de visiter ces mausolées en apportant leur aide financière
pour l'entretien des sites, mais surtout pour se procurer la baraka de ces
saints marabouts qui ont marqué la grandeur de l'histoire de la région de Béjaia, Begayeth. Bejaïa «la
sainte» demeure une véritable ville pleine d’histoire et de la science. La
perle de l’Afrique du Nord, qui a connu plusieurs civilisations qui se sont
succédé à travers le temps, demeure la capitale des Hammadites
qui fut de tout temps un lieu de pèlerinage et une ville du savoir. Elle
présente aujourd’hui une richesse culturelle inestimable, où une grande partie
de ses vestiges sont classés patrimoine culturel. Avec ses 99 saints, Bejaïa,
citée comme la petite Mecque, demeure jalousement accrochée à son histoire et à
sa noblesse bien gardée par la sainte Yemma Gouraya qui offrait à tous ses visiteurs sa baraka lors de
leurs multiples pèlerinages guidés sur ce haut mont de 630 km de la mer.