FINANCES- ENQUETES ET
REPORTAGES- - TRANSFERTS IMMIGRATION-ETUDE BM 2020
Les envois de fonds des
immigrés à leurs pays devraient connaître cette année ce que la Banque mondiale
qualifie de «déclin le plus brusque»de l’histoire
récente. Il est évident que l’état de fait en question est dû à la crise
sanitaire induite par le Covid-19.
L’institution monétaire internationale a annoncé, dans un bulletin diffusé il y
a deux jours, que les envois de fonds des migrants devraient chuter cette année
de 20%. Un déclin, le plus brusque de l’histoire récente donc, à imputer
largement à un fléchissement des salaires et de l’emploi des travailleurs
migrants, souvent particulièrement exposés aux pertes de revenu et d’emploi en
cas de crise économique dans leur pays d’accueil, comme c’est le cas depuis
près de deux mois maintenant avec la pandémie de Covid-19
et ce qu’elle a induit comme effets sur les économies du monde entier,
notamment des pays «refuges» d’immigrés issus de pays à revenu faible et
intermédiaire. Il est ainsi attendu que cette année les envois de fonds chutent
dans les régions du monde dont le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord qui verra
les envois de sa diaspora se rétrécir de 19,6% cette année pour atteindre 47
milliards de dollars.
«Les envois de fonds depuis les pays de la zone euro devraient également être
pénalisés par le ralentissement préalable à la pandémie de Covid-19
et la dépréciation de leur monnaie par rapport au dollar américain», anticipe
la Banque mondiale qui s’attend tout de même, en 2021, à ce que les transferts
d’argent vers la région se rétablissent mais à un rythme faible d’environ 1,6%,
sous l’effet de la croissance modeste anticipée dans la zone euro et de l’affaiblissement
des transferts provenant des pays du Golfe. Pour ce qui est de l’Algérie, la Banque mondiale, dans de précédents
rapports, avait estimé le montant des fonds transférés par nos compatriotes
établis à l’étranger à 1,9 milliard de dollars en 2018, soit à peine 1% du
produit intérieur brut (PIB), contre 2 milliards de dollars transférés en 2017.
Des chiffres qui, selon toute vraisemblance, ne seront pas atteints cette année
en raison de la conjoncture plus difficile encore qu’auparavant lorsque les envois
de nos compatriotes de l’étranger étaient jugés plutôt faibles et un peu à la
traîne comparés à ceux de nos voisins immédiats de l’Est et de l’Ouest. En
tous les cas, loin du pic atteint en 2004 lorsque les Algériens établis à
l’étranger avaient envoyé au pays 2,4 milliards de dollars malgré les embûches
qu’ils rencontrent à ce jour d’envoyer de l’argent à leurs familles. Une autre
piste à creuser en somme dans le grand chantier de la refonte économique à
laquelle appellent les autorités du pays.