HISTOIRE- GUERRE
DE LIBERATION NATIONALE- EQUIPE NATIONALE DE FOOTBALL (complément
© El Moudjahid/Amar B, jeudi 16/4/2020
Il y a 62 ans
naquît la glorieuse équipe du FLN, ancêtre de l’équipe nationale, deux fois
championne d’Afrique en titre. Le 13 avril 1958, neuf joueurs professionnels
désertaient leur club pour former le nouveau noyau de l’équipe du Front
de libération nationale, porte-drapeau de la cause algérienne dans de nombreux
tournois de football à travers le monde. Un sacrifice qui restera gravé, en
lettres d’or, dans les annales de l’histoire
Le dimanche 13
avril 1958, alors que la guerre d’indépendance s’apprêtait à boucler sa
quatrième année de lutte acharnée pour son indépendance, neuf footballeurs
professionnels quitteront le sol français dans la clandestinité, avec comme
seuls bagages, femmes et enfants pour rejoindre Tunis, en passant, qui par la
Suisse, qui par l’Italie. La veille, tous avaient pris part à la 30e journée de
la Ligue-1 française.
Neuf sur les dix
joueurs déserteurs parviendront moins de vingt-quatre heures après le début de
leur cavale à gagner Tunis où siège le Gouvernement Provisoire de la République
Algérienne (GPRA). Hassen Chabri,
qui évoluait alors à l’AS Monaco, avait été, pour sa part, appréhendé par
la police à la frontière italienne.
Un sacrifice pour l’histoire
Au moins
trois d’entre-eux, en l’occurrence Mustapha Zitouni, Abdelaziz Ben Tifour et
Rachid Mekhloufi étaient présélectionnés pour la
Coupe du monde-1958 en Suède. «Nous sommes partis dans l’incertitude la plus
totale, mais nous sommes allés jouer au foot pour une liberté totale, bref pour
une cause noble», confia des années plus tard, l’inégalable Rachid Mekhloufi. Tous avaient choisi le sacrifice à la gloire, la
lutte comme jeu et l’indépendance comme enjeu. Aucun trophée, aucune médaille
ne vaut cet honneur. Ces joueurs allaient entrer dans l’histoire pour toujours.
En réalité, l’idée de bâtir une équipe nationale de football qui fera office
d’une ambassadrice de la cause algérienne avait commencé à germer en 1957. La
tâche de sélectionner les joueurs avait été attribuée à Mohamed Boumezrag, alors directeur à la sous-division régionale de
la Fédération française de football. «C’est Boumezrag
qui en avait eu l’idée. Il venait de participer aux Jeux de la jeunesse à
Moscou. Il m’avait appelé juste après pour me parler du projet. Après quoi, on
avait multiplié les rencontre chaque mercredi au Café du Luxembourg à Paris
pour planifier ça», témoigne Mohamed Maouche, l’un
des pionniers de cette équipe et non moins l’un des plus célèbres joueurs.
Entre 1958 et 1960, l’équipe du FLN sera étoffée par plusieurs nouveaux
joueurs et multiplia, à partir de là, matches internationaux et tournois à
travers le monde. D’ailleurs, plusieurs fédérations qui avaient accepté
d’affronter l’Algérie durant cette période avaient payé cash leur choix. C’est
le cas de la Tunisie par exemple qui avait vu sa demande d’adhésion à la FIFA
rejetée parce qu’elle avait accueilli les joueurs de l’EN.
Mohamed Maouche, membre de l’équipe du
FLN : «Le choix de la date du 13 avril n’était pas fortuit.»
Alors
pourquoi avoir choisi le 13 avril pour lancer l’action et non pas le 12 ou le
14 ? Il faut dire que les fondateurs de l’équipe du FLN avait
tout planifié dans les moindres détails. Rien n’avait été laissé au hasard.
Comme nous l’écrivions plus haut, le 12 avril se jouait la 30e journée de la
Ligue-1 française et les dix joueurs qui allaient constituer le noyau de la
future sélection étaient tous retenus en club. Leur absences
injustifiées à un regroupement de veille de match allait
incontestablement susciter les soupçons. Mais le lendemain, le 13, tous les
joueurs avaient quartier libre. Une journée propice pour enclencher l’action,
comme le témoigne Mohamed Maouche. «C’était un
dimanche et c’était une journée de championnat. Boumezrag
avait remarqué qu’au moins cinq joueurs allaient être opposés dans des matches
qui se déroulaient à la frontière italienne ou suisse. C’était une bonne porte
de sortie pour les joueurs», a t-il raconté.
Les globes-trotteurs du foot !
Depuis
cette date du 13 avril, l’équipe du FLN avait disputé toute une série de
matches à travers le monde. Le périple avait débuté dans les pays de l’Union
soviétique, en passant par la Chine, le Vietnam, le Maroc, la Tunisie, la
Libye, l’Irak et la Jordanie. Ainsi entre avril 1958 et novembre 1960, l’EN
avait disputé 91 matches, pour 65 victoires, 13 nuls et 13 défaites. Une
référence ! Mais au delà de cet exploit sportif, c’est l’esprit de sacrifice et
le comportement exemplaire des joueurs de cette glorieuse équipe du FLN qui est
retenu. «Il est évident que nous attachons une extrême importance au
comportement de cette équipe, car elle représentera à travers ses exhibitions à
l’étranger l’image du peuple algérien en lutte pour son indépendanc
», disait Ferhat Abbas dans un message adressé aux joueurs à l’époque.
Soixante-deux ans après, les velours de sacrifice, de bravoure et de
nationalisme incarnés par ces valeureux joueurs demeurent aujourd’hui encore,
si bien que Djamel Belmadi s’en servait pour motiver
ses troupes lors de la CAN-2019 que l’Algérie remportera haut la main.
Longtemps après, les fils et petits-fils de ces valeureux Algériens ont fait en
sorte de perpétuer l’esprit combattant de cette équipe, flanqués depuis du
surnom des «Guerriers du désert». Dormez sereins, vos sacrifices n’ont pas été
vains... Désert. Dormez sereins, vos sacrifices n’ont pas été vains...