HABITAT-
BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ESSAI D’ANALYSE (THÈSE) SADDEK BENKADA- « ORAN
1732/1912……. »
-Oran
1732-1912.Essai d’analyse de la transition historique d’une ville algérienne
vers la modernité urbaine. Thèse de Saddek Benkada. Editions Crasc, Oran,
2019, 631 pages, 2000 dinars
Voilà donc
un ouvrage fruit d’une thèse de doctorat soutenue à la Faculté des
Sciences sociales de l’Université d’Oran, le 16 juin 2008 (sous la direction du
Pr Ahmed Lalaoui) et avec un jury sous la
présidence du Pr Djilali Sari.
Beaucoup
d’eau a coulé sous les ponts avant qu’elle ne soit publiée. Il est vrai que
l’auteur pouvait légitimement s’interroger sur l’accueil et la demande de
lecture d’un tel travail tant il est vrai , à mon avis
je le souligne , le lectorat universitaire –étudiants et enseignants-
s’est beaucoup plus intéressé à des travaux de recherche universitaire et
« scientifique » (quand ils sont édités ici et là) liés au
passé très récent, moins rébarbatifs, assez « hors-terrain » , là où
la compilation de documentation –déjà assez claire -est plus aisée. Il est vrai
que l’absence d’archives ou leur indisponibilité (ailleurs et encore plus ici,
hélas….sauf quelques rares exceptions comme les Archives d’Oran à la réputation
bien établie depuis longtemps) ainsi que l’habitude , bien mauvaise mais en
apparence plus « prestigieuse », de se concentrer sur des
sujets liés à l’histoire la plus récente du pays ( arabo-musulmane,
guerre de libération nationale, mouvement national…) et de rejeter ou d’ignorer
tout ce qui a trait au passé (très) lointain, ne facilitent pas les projets.
Mais tout
vient à point à qui sait attendre ! Cela a d’ailleurs permis à l’auteur
d’apporter des corrections en tenant compte des remarques et des conseils
formulés npar les membres du jury.
Près d’un
quart de siècle de recherches sur l’évolution urbaine de la ville ont permis
donc de montrer qu’il ya « une autre façon d’écrire l’histoire
urbaine» et de présenter Oran pendant trois périodes :Espagnole, algéro-ottomane et
coloniale française…chacune qui, « selon sa propre logique, a marqué des
moments forts de l’histoire de l’Algérie qui l’ont faite entrer dans
« l’historicité « du monde méditerranéen moderne »
Il a
« fouillé les entrailles » non sans peine ……Et, au passage , il avoue que la période coloniale a produit la
plus grande masse de documents d’archives….et que pour la période coloniale, il
a mené ses recherches uniquement à partir d’archives disponibles à Oran. Que
disais-je plus haut ?
L’Auteur :Sociologue et historien, chercheur associé au Crasc (1992-2005) puis chercheur permanent (2006-2017).
Actuellement chercheur associé et membre du comité de rédaction de la revue
« Insaniyat ». Président de l‘Apc d’Oran de 2007 à 2010.
Table des
matières :Présentation/ Oran , modèle de ville
occidentale. Prélude à la modernité urbaine 1732-1792/ Reconquête et
repeuplement à partir de 1792/Réorganisation et représentation symbolique de
l’espace/ Espace et équipements de l’économie urbaine/La réorganisation
coloniale de l’espace urbain durant la période militaire 1831-1847/ Outils
d’aménagement et extension urbaine/ Aménagements urbains et
spéculations/Conclusion générale/ Acronymes, sources et bibliographie.
Documents/ Annexes/Liste des documents, tableaux ,
figures.
Extraits : « En dépit des aléas de
l’histoire, Oran a pu connaître la modernité avant toute autre ville algérienne
« (p 21) , « Contrairement à ce que nous
a enseigné une certaine histoire coloniale ;les débuts de la modernité
urbaine ne commence pas justement avec la colonisation ;mais bel et bien
avec le retour de la ville à la communauté nationale en 1792 » p 491),
« En Algérie, l’Etat, c’est l’Armée, c’est elle qui vend les terrains
urbains et en impose le prix ;c’est elle qui exproprie, pour tracer les murs
des fortifications ;c’est elle qui les déclasse quand elle veut et a droit
de regard sur la destination qui pourrait en faire l’autorité civile ;en
matière d’urbanisme cela a été toujours comme cela et pas autrement, le pouvoir
civil n’a jamais été en Algérie colonisée un pouvoir fort au point d’en imposer
à l’Armée » (p 495)
Avis :Le roman d’une ville…..un
« roman » qui reconstruit une large période du passé pour mieux
comprendre une bonne partie du présent. Ah ! si
chaque ville ou village du pays (et région) pouvait faire l’objet d’une telle
recherche …scientifique. Il y en a, bien sûr , mais
encore trop peu….Ce qui est sûr , c’est que le modèle est là.
Citations : « La ville change plus vite, on
le sait, que le cœur d’un mortel » (p 13, extrait l’exergue : Julien
Gracq, 1985) , « Le sociologie, pour analyser sa société, doit
impérativement recourir à l’étude des systèmes sociétaux qui ont régi les
sociétés dans le passé » (p 14), « Il faudrait reconnaître
aux concepteurs et aux acteurs de la construction d’Oran coloniale, c’est
manifestement de ne pas avoir perdu de vue le caractère indéniablement
méditerranéen de la ville » (p 495)
Autres
publications du Crasc :
-Cultiver
l’urbain, où résident les paradoxes. Réflexion mésologique. Eude de Ammara Bekkouche (Architecte et
urbaniste, chercheuse-associée) ,Oran 2019, 143 pages,
800 dinars.
-Le
baccalauréat en Algérie et l’évaluation des compétences. Cas du français langue
étrangère, Fle. Recherches de Ferhani-Meghraoui Fatma , Hamidou Nabila et Lahouel Ameur, sous la
direction de Naima Guendouz-Benammar
(préface de Mohamed Miliani et postface de Christian Puren). Oran 2019, 199 pages, 800 dinars
-Langues et identités des écrivains
méditerranéens francophones de la diaspora .Etat des lieux (France et Canada). Actes d’une journée d’études,
16-17 décembre 2014. Coordonnée par Naziha Benbachir. Oran 2019, 158 pages, 600 dinars