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Covid 19 en Afrique- Fondation Mo Ibrahim

Date de création: 11-04-2020 09:57
Dernière mise à jour: 11-04-2020 09:57
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SANTE- ETUDES ET ANALYSES- COVID19 EN AFRIQUE- FONDATION MO IBRAHIM

© agence ecofin/Borgia Kobri, 10 avril 2020

 - Dans son dernier rapport intitulé « Covid-19 en Afrique : un appel à une gouvernance coordonnée des structures de santé améliorées et de meilleures données », la Fondation Mo Ibrahim fait remarquer que la démographie du continent semble constituer un avantage comparatif dans la lutte contre la pandémie. Par contre, certains facteurs spécifiques au nombre desquels figure la faiblesse de son système de santé indiquent que l’Afrique est particulièrement vulnérable faisant craindre un taux de létalité plus élevé sur le continent.

Un continent peu exposé à la pandémie

Après le déclenchement de l'épidémie de covid-19 en Chine fin décembre 2019, et sa diffusion dans certaines parties de l'Asie, de l'Europe, du Moyen-Orient et des Etats-Unis, l'Afrique semble avoir été épargnée d’une épidémie majeure pendant des mois, enregistrant son premier cas confirmé seulement le 14 février 2020 en Egypte.

Reprenant les données de The Lancet, le rapport de la Fondation Mo Ibrahim souligne que malgré les liens étroits entre la Chine et l’Afrique, son risque d'importation du covid-19 est plus faible qu'en Europe (1% à 11% respectivement), expliquant peut-être la propagation relativement tardive du virus sur le continent.

Au 25 mars 2020, les chiffres étaient limités par rapport aux autres régions : 43 pays africains traitaient 2412 patients atteints du nouveau coronavirus, et 64 décès étaient enregistrés. À ce stade cependant, relève la Fondation, il faut se demander si ces faibles chiffres reflètent la réalité ou un manque de données fiables.

L’avantage d’une population jeune

Pour la Fondation Mo Ibrahim, l'Afrique semble avoir des avantages comparatifs en matière de lutte contre le covid-19. Un de ces avantages est sa démographie.

L'Afrique est le plus jeune continent du monde avec un âge médian de moins de 20 ans, et il semble actuellement que les populations plus jeunes souffrent moins des symptômes du virus que les personnes âgées qui ont un risque significativement plus élevé de contracter des symptômes graves.

Les premières données de la Chine suggèrent que la majorité des décès dus au covid-19 sont survenus chez des adultes âgés de 60 ans et plus. Seulement 3% de la population de l’Afrique subsaharienne est âgée de plus de 65 ans, contre environ 12% en Chine.

Un autre avantage pourrait être lié à son climat. Parmi les nombreux facteurs environnementaux qui influencent la survie et la propagation des infections virales respiratoires, l'air et la température jouent un rôle crucial et dans les climats tropicaux, la grippe et les virus respiratoires sont transmis principalement pendant les plus froides saisons.

En outre, relève le rapport, il existe actuellement des différences de température marquées entre les pays les plus touchés (plus froids) et les moins touchés (plus chauds) par la pandémie de covid-19. Toutefois, de façon assez prudente, la Fondation précise que ces deux dernières affirmations devront être confirmées à mi-parcours.

Un système de santé et d’autres facteurs qui accroissent la vulnérabilité de l’Afrique

Selon le rapport, bien que les experts ne soient pas formels sur l’explosion de la pandémie en Afrique, certains facteurs indiquent que le continent est particulièrement vulnérable.

Le premier de ces facteurs est l’urbanisation galopante et non contrôlée. Selon les chiffres de 2019, près de 43% de la population africaine vit dans des zones urbaines, y compris dans les mégapoles ; des zones densément peuplées avec une croissance rapide et une forte mobilité de la population. Ces grandes agglomérations urbaines posent ainsi un défi dans la lutte contre le covid-19 en raison de possibilités réduites pour une distanciation sociale, d’une hygiène et d’un assainissement souvent médiocres, des difficultés de mise en œuvre des réglementations telles que la désinfection des lieux, ainsi que le nombre limité d'hôpitaux et d'établissements de santé.

Le deuxième facteur est le niveau élevé de maladies infectieuses et respiratoires en Afrique. Le continent accueille 22 des 25 pays les plus vulnérables aux maladies infectieuses, selon l'indice de vulnérabilité aux maladies infectieuses 2016 (IDVI).

L'incidence des affections telles que la maladie pulmonaire obstructive chronique ou l'asthme est élevée en Afrique. Les personnes souffrant de ces problèmes respiratoires constituent la catégorie la plus vulnérable au nouveau coronavirus. En outre, la pneumonie, la tuberculose ou les maladies respiratoires associées au VIH sont parmi les maladies aiguës les plus courantes au sein des populations africaines. A cela s’ajoute une forte augmentation des maladies non transmissibles, dont le diabète qui apparaît également comme un facteur aggravant dans le cas du covid-19.

Enfin, le continent se caractérise par la faiblesse de son système de santé, tant en termes d’infrastructures que de chaînes d’approvisionnement en médicaments et autres équipements de santé. Le continent et particulièrement l’Afrique subsaharienne compte environ 2,1 médecins pour 10 000 habitants comparativement à l’Europe et à l’Asie centrale qui comptent 24,9 médecins pour 10 000 habitants, ou l’Amérique latine et les Caraïbes avec une moyenne de 21,6.

Ainsi pour la Fondation Mo Ibrahim, alors que seuls 10 pays africains fournissent des soins de santé gratuits et universels à leurs citoyens, et que les soins de santé dans 22 pays ne sont ni gratuits ni universels, les gouvernements doivent apporter des améliorations rapides pour gérer et améliorer l'accès aux services de santé de base.

Une gouvernance saine et coordonnée est nécessaire à travers le continent. Dans ce sens, souligne le rapport, il est urgent de donner suite aux enseignements tirés de l'épidémie d'Ebola en 2015 et de remédier aux faiblesses spécifiques des structures de santé en Afrique, à savoir : améliorer les systèmes de santé et l’accès des citoyens, et plus généralement renforcer les données et capacités statistiques.