CULTURE- PERSONNALITES- BOURBOUNE
MOURAD
Par Ahmed Cheniki, from Facebook/Cercle des Anciens
des l’Information et de la Culture, mars 2020
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Clin d’œil à Mourad Bourboune (Extraits)
Bourboune, mon frère
……………………………. Mourad Bourboune, l’auteur de deux romans d’une qualité
exceptionnelle, Le mont des genêts (1962) et Le muezzin (1968) est un être et
un intellectuel exceptionnel. Parler avec lui, c’est apprendre, lire ses
textes, c’est découvrir la complexité du monde et les sentiers sinueux de la
beauté et de la poésie. J'ai découvert Mourad grâce à ses poèmes regroupés dans
son recueil "Le pèlerinage païen". Quelle plume, mon Dieu. Bachir
Hadj Ali et Kateb Yacine Yacine admiraient ses
textes. Il était avant tout poète avant d'être romancier ou journaliste,, comme d'ailleurs, nos grands écrivains, Kateb, Dib,
Haddad, Boudjedra, Tengour,
Djaout et bien d'autres. Faut-il attendre à ce qu’on
parle de lui à Paris ou Beyrouth pour célébrer son talent d’écrivain ? Je me
souviens qu’un jour de 2006, M’hamed Benguettaf alors directeur du TNA, m’avait demandé de lire
un texte dramatique proposé par Mourad, je lui avais répondu que je ne pouvais
juger Bourboune, mais je lirais volontiers le texte
tout en donnant mon accord pour la mise en scène de la pièce. Immense, Monsieur
Bourboune, je ne peux oublier les chroniques qu’il
publiait à Révolution Africaine, ses réparties, son style, son humour. Nous
apprenions, nous, journalistes, en discutant avec cet intellectuel d’une grande
culture. Elégant et modeste, Mourad aimait plaisanter, aborder tous les sujets…
J’avais déjà eu le plaisir de goûter à ces morceaux d’anthologie à Jeune
Afrique, il claqua la porte parce qu’il n’était pas d’accord avec la direction
sur la question du Sahara Occidental, puis à Demain l’Afrique, cet hebdo dirigé
à Paris par Paul Bernetel, avec des signatures de
renom, Edouard Maunick, Josie
Fanon et Bachir Rezzoug. Notre ami Abdelkader Djeghloul, une fois installé à la tête de l’hebdomadaire,
Actualité de l’émigration, lui avait tout naturellement fait appel pour animer
une chronique hebdomadaire, très lue et très attendue par les lecteurs.
Puis, c’est au tour de Zoubir Zemzoum,
directeur de l’hebdomadaire et de Bachir Rezzoug,
directeur de la rédaction de l’inviter à proposer aux lecteurs une chronique à
Révolution Africaine. C’est dans cet hebdomadaire que j’ai appris à connaitre
ce grand écrivain, d’une modestie extraordinaire et d’un style extrêmement
singulier. La lecture de ses deux romans, Le mont des genêts et Le Muezzin, m’a
permis de redécouvrir cette écriture poétique, alerte, éclatée, au rythme
saccadé, qui emporte le lecteur dans le quotidien tragique, celui de la nuit
coloniale (Le mont des genêts) ou l’univers dramatique d’une Algérie trahie,
confisquée (Le muezzin) conjuguant les jeux du désenchantement avec les temps
de l’autoritarisme.
Comme Kateb, Bourboune est un intellectuel engagé,
qui, jeune, participe à Paris à la grève des étudiants avant de rejoindre
Tunis, il joue d’ailleurs dans cette ville dans la pièce de Kateb Yacine, Le
cadavre encerclé en 1958. Une fois l’Algérie indépendante, il préside la
commission culturelle du FLN et met en œuvre plusieurs projets. Il participe en
1963 à un débat sur la culture nationale entamée par la publication d’un texte
de Mostefa Lacheraf qui traite, à l’époque, Mourad,
de « petit Jdanov. Le coup d’Etat de Boumediene allait atténuer les ardeurs de
ce grand intellectuel qui allait rejoindre un certain nombre de militants et
d’intellectuels pour créer un mouvement d’opposition, l’ORP (Organisation de la
Résistance Populaire).
Bourboune est un génial
touche à tout : poésie, théâtre, cinéma, roman. Il retourne à Alger dans les
années où il collabore avec Révolution Africaine, publie des textes, notamment
Le pèlerinage et autres poèmes (Alger, Bouchene,
1989) et « Les dieux brûlés » et écrit quelques scénarios, Moissons d’acier (Ghaouti Bendeddouche, 1983), « La
dernière image » (Lakhdar Hamina,
1986). Avec Hamina, il entre vite en conflit et
poursuit le réalisateur en justice.
Suite au changement de direction à Révolution Africaine qui a vu une grande
partie de la rédaction quitter l’hebdomadaire après le départ de Zoubir Zemzoum et l’arrivée de Abdelali Ferrah, peu sensible aux
jeux de l’écriture journalistique, …………………. ; Bourboune
reprend sa valise pour se réinstaller à Paris. Il a dernièrement signé le
scénario, Larbi Ben M’hidi,
de Bachir Derais.
COMPLEMENT
MOHAMED KOURSI, facebook
Ce que j'ai lu sur lui et repris dans mon
livre dans une note : " Mourad Bourboune est né
à Jijel le 23 janvier 1938. Après des études à Constantine, il poursuit sa
formation à Paris où il participe à la grève des étudiants de 1956. En 1958, il
est comédien à Tunis et joue dans Le Cadavre encerclé de Kateb Yacine. Il
participe à la fondation de l'Union des écrivains algériens et dirige la
commission culturelle mise en place par le FLN en octobre 1963. Après le coup
d'État du 19 juin 1965, il s'installe en France. A Paris, il est journaliste
pendant quelque temps à Jeune Afrique, Demain l'Afrique et l’Actualité de
l’émigration. Son exil ne dure pas. Il est chroniqueur à Révolution Africaine.
Romancier, Mourad Bourboune a écrit Le Mont des
genêts, Le Muezzin, Le Pèlerinage païen, un recueil de poèmes, et Les Dieux
brûlés ainsi que des scénarios, Moissons d’acier (Ghaouti
Bendeddouche, 1983), La dernière image (Lakhdar Hamina).... "