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POLITIQUES- ENTRETIEN PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE/PRESSE NATIONALE, MARDI
31/3/2020
© Synthèse Aps
Le Président de la République, Abdelmadjid Tebboune a affirmé, mardi 31 mars , que l’Algérie avait suffisamment de capacités non
encore utilisées face au COVID-19, tant sur le plan matériel, financier qu’organisationnel.
Lors d’une entrevue avec des représentant de médias nationaux (El Khabar
quotidien, El Hiwar quotidien et El Hayat Tv), le Président Tebboune a assuré que
«notre pays est totalement prêt à faire face à la pandémie», soulignant que le respect
des mesures préventives permettra de traverser «calmement» cette crise.
Rappelant que l’Algérie avait été parmi les premiers pays à prendre des mesures
face à la propagation de cette pandémie et ce, avant même les pays européens»,
il a cité à ce propos «la fermeture des écoles, des lycées, des universités
voire même les stades» en tant que mesure préventive.
A ce propos, le Président de la République a annoncé la prolongation de la
fermeture des écoles, des Universités et des centres de formation professionnelle
et ce, dans le cadre des mesures de prévention et de lutte contre la
propagation du Coronavirus. S’agissant des décisions prises, M. Tebboune a
déclaré que «dès l’enregistrement du premier cas de Coronavirus, introduit par
un ressortissant étranger, nous avons été les premiers à effectuer des
contrôles aux niveaux des aéroports et des ports et à rapatrier nos
ressortissants, notamment de Wuhan (Chine), et à les placer en quarantaine». A
ceux qui prétendent que l’Algérie a tardé à prendre des mesures préventives
contre l’épidémie, le Président de la République a estimé que ces allégations
procèdent d'une «virulente attaque» contre l’Algérie, évoquant «des parties qui
ne digèrent toujours pas la stabilité dont jouit notre pays».
L’Algérie, a-t-il déclaré, «n’a rien à cacher» concernant cette épidémie,
ajoutant que «la situation est sous contrôle, car nous disposons des moyens
permettant de faire face à la pandémie, même en phase 5, d’autant que les
capacités de l’Armée nationale populaire (ANP) n’ont pas encore été utilisées».
Concernant les moyens matériels et le manque d’équipements de protection, M.
Tebboune a expliqué que «le facteur surprise et l'urgence déclarée par l'Etat
ont entraîné, dans certains cas, des perturbations dans la distribution en
dépit de la disponibilité des moyens globalement», précisant que face à cette
situation, des stocks ont été puisés dans certaines wilayas pour être orientés
vers d'autres.
Le Président Tebboune a souligné, dans ce sens, que le Covid-19 a été une
opportunité pour relancer l'industrie nationale dans nombre de créneaux,
notamment les gels hydro-alcooliques et les masques, précisant que «la machine
de production nationale s’est mise en route» avec une production quotidienne de
quelque 80.000 à 90.000 unités outre une hausse notable de la production des
produits désinfectants.
Et d’ajouter qu’à ces capacités nationales disponibles s’ajoutera la
commande passée à la Chine pour l’acquisition de 100 millions de masques
chirurgicaux et 30.000 kits de dépistage, faisant savoir que la réception est
prévue «dans trois à quatre jours». S’agissant des capacités financières, le
Président de la République a rappelé «l’affectation, dans un premier temps, de
370 mds de centimes pour l'acquisition de moyens de prévention et la
réalisation de travaux d’aménagement et autres, puis de 100 millions USD,
évoquant également une proposition d’aide de 130 millions USD de la part la
Banque mondiale (BM) et le Fonds monétaire international (FMI). Réitérant que
le problème n'est pas d'ordre financier (...), il a déclaré «je pourrai prendre
ici la décision de mobiliser un mds USD pour la lutte
contre le Covid-19», faisant remarquer que les réserves de change de l'Algérie
s'élevait à 60 mds Usd.
Et d’ajouter «que celui qui veut nous aider spontanément soit le bienvenu
et ceci sera pour nous un geste d'amitié, mais nous ne demanderons pas l’aumône
(...) nous avons suffisamment de moyens». Par ailleurs, le Président de la
République s’est félicité de la relation d’amitié existante entre l’Algérie et
la Chine, et de leurs accords de coopération stratégiques dans plusieurs
domaines. «La Chine est un pays ami très proche et cette amitié ne plaît pas à
certains», a révélé le Président Tebboune, ajoutant que cette forte amitié
remonte à la période de la guerre de Libération et s’est raffermie après
l’indépendance. «C’est donc tout naturellement que l’Algérie a répondu à
l’appel de la Chine en lui envoyant, en février dernier, des aides pour lutter
contre la propagation du COVID-19», a expliqué M.Tebboune. Pour le Président
Tebboune, l’élan de solidarité de la Chine envers l'Algérie à travers l’envoi
d’aides médicales et de médecins permettra de bénéficier de l'expérience de ce
pays qui a pu venir à bout de l’épidémie.
Concernant ce qui a été colporté au sujet de l’envoi de l’équipe médicale
chinoise à l'hôpital militaire d'Aïn Naâdja, le président de la République a
affirmé que l’institution militaire comptait des milliers d'experts médicaux et
paramédicaux, et qu’elle ne nécessitait aucune aide médicale extérieure,
soutenant que les médecins spécialistes et les infirmiers de l'institution
militaire vont apporter leur soutien aux hôpitaux civils pour faire face à
cette pandémie.
S’agissant de la Chloroquine, médicament produit localement, M. Tebboune a
indiqué que le protocole thérapeutique à base de Chloroquine contre le nouveau
coronavirus (Covid-19) avait montré son efficacité sur certains patients,
rappelant que l’Algérie avait été parmi les premiers pays à utiliser ce
médicament.
Estimant que le débat sur l’efficacité de ce médicament est un débat
scientifique et non politique, le président de la République a évoqué, en
citant le ministre de la Santé, des indicateurs positifs, ajoutant toutefois
que le résultat final sera visible au bout de dix jours, soit à la fin du
protocole. L'Algérie dispose, selon M. Tebboune, d'un stock permettant le
traitement de 200.000 Algériens. Par ailleurs, le Président de la République a
mis en avant l'impératif de faire preuve de discipline face au Coronavirus
(Covid-19). Il a déploré en effet le manque de la discipline «dans
l'application des conseils des médecins et le respect du confinement
sanitaire», exhortant, dans ce sens, les citoyens à «éviter les rassemblements
et à craindre pour leurs familles et pour eux-mêmes». Le Président Tebboune a
affirmé que les médecins algériens étaient parmi «les meilleurs dans le monde»
et que le pays disposait de «tous les moyens» pour faire face à cette pandémie.
Il a annoncé, à ce propos, avoir signé un décret, qui prend effet à compter du
15 février 2020, instituant l'octroi d'une prime exceptionnelle au profit des
personnels des structures et établissements publics relevant du secteur de la
santé, mobilisés dans le cadre de la prévention et de la lutte contre la
propagation du coronavirus.
Décidée pour une période exceptionnelle de trois mois renouvelables, cette
prime est servie forfaitairement à raison de 10.000 DA pour les personnels
administratifs et de soutien, 20.000 DA pour le personnel paramédical et de 40.000
DA pour le personnel médical. Son bénéfice peut être étendu à d'autres
catégories de personnels mobilisés dans le cadre de la prévention et de la
lutte contre la propagation du coronavirus, a-t-il fait savoir. Evoquant ceux
qui remettent en doute les chiffres avancés régulièrement sur l'évolution de la
situation du Covid-19 en Algérie, M. Tebboune a déclaré qu'il s'agit là d'une
«attaque féroce» ciblant «des choses sensibles» en Algérie, notamment l'ANP,
qui constitue «l’épine dorsale du pays», ajoutant que ces derniers «n'ont
toujours pas digéré la protection assurée par l'institution militaire aux
marches populaires et au Hirak». Ces attaques ciblent également «les
institutions de l'Etat» en tentant de donner l’image d'un «Etat totalitaire», a
poursuivi le président de la République, soulignant «la liberté d'expression et
le climat démocratique» dans le pays.
En réponse à une question sur l'avenir des entreprises économiques à la
lumière de la crise que traverse le pays en raison de la propagation du
Covid-19 et de la chute des prix du pétrole, M. Tebboune a assuré qu'il sera
toujours «aux côtés des entreprises et des artisans», ajoutant que «l’Etat
mettra en place tous les moyens économiques permettant le retour des petites et
moyennes entreprises (PME) sans aucune perte». Concernant la question des
stocks de produits alimentaires, sujet d'actualité, le Président de la
République a confirmé «l'abondance de ces produits», écartant toute pénurie. La
production de semoule, à titre d'exemple, a été multipliée dernièrement par
trois grâce à l'augmentation à 100% des capacités de production des minoteries,
a-t-il insisté.
Pour ce qui est du blé, M. Tebboune a annoncé des cargaisons à réceptionner
par voie maritimes en sus de stocks suffisants pour 4 ou 5 mois. «Nous avons
des réserves de change de 60 Mds USD alors que la facture d'importation des
produits alimentaires ne dépasse pas les 9 Mds USD annuellement», a-t-il
assuré, ajoutant que «l’on ne peut donc parler de pénurie de produits
alimentaires».
A ce propos, le Président de la République a tenu à rendre hommage aux
citoyens «patriotes» qui signalent ces dépassements. A la question de savoir à
quel point l'Algérie était prête face aux répercussions de la baisse des prix
de pétrole, le président de la République a estimé que le pays était prêt à
relever ce défi.
«L'Algérie s’apprêtait, avant la chute des cours du pétrole, à la refonte
de son économie», a-t-il rappelé, soulignant que cette chute «entrainerait une
baisse des recettes de 30 à 40% et que ces dernières pourraient ne plus couvrir
que 20% de nos besoins économiques», mais, a-t-il indiqué, «les choses sont
étudiés et des textes sont en préparation pour engager des changements».
Par ailleurs, et concernant le rapatriement des Algériens bloqués à l’étranger,
notamment en Turquie, le Président de la République a annoncé le début «dans
deux ou trois jours», du rapatriement des citoyens toujours bloqués dans ce
pays, rappelant «le rapatriement de plus de 8.000 Algériens à partir de
différents pays du monde, lesquels ont été mis en quarantaine dans des hôtels
de luxe, dont 1.800 en provenance de la Turquie».
A une question sur les raisons du retard de rapatriement d’autres citoyens
algériens de Turquie, le Président Tebboune a expliqué que la procédure
d'identification nécessitait du temps et l’attente de place pour pouvoir les
mettre en quarantaine. «Nous avons parmi ces personnes, des cas ne justifiant
ni de billets ni même de passeports», a-t-il révélé, réitérant son engagement
personnel à «n’abandonner aucun Algérien à l'étranger».