SPORTS – PERSONNALITES- KLOUCHE AHMED
Le 16
mars 1961, la veille de l'Aïd-El-Fitr, Ahmed Klouche fut lâchement assassiné par une patrouille
militaire alors qu’il se trouvait près de la maison paternelle, à « La Ferme »,
localité proche de la ville d’El-Asnam, aujourd’hui Chlef...
Le
16 mars 1961, la veille de l'Aïd-El-Fitr, Ahmed Klouche fut lâchement assassiné par une patrouille
militaire alors qu’il se trouvait près de la maison paternelle, à « La Ferme »,
localité proche de la ville d’El-Asnam, aujourd’hui Chlef...
Il n’avait pas encore 18 ans et il était fraîchement sacré champion de France
de cross-country. Mais qui est Ahmed ? En vérité, peu de gens connaissent cet
athlète pour lequel la ville de Chlef (ex-El-Asnam)
organise chaque année, et cela depuis le lendemain de l’indépendance, le
challenge de cross « Ahmed-Klouche », une course
régulièrement programmée par la Ligue de Chlef et la
Fédération algérienne d'athlétisme. Malgré la guerre de Libération, certains
Algériens, par le biais du sport, visaient à exprimer leur personnalité et démontrer
que l'Algérien avait des aptitudes physiques et des capacités indéniables.
Mais, surtout la force de défendre une cause juste : l’indépendance de
l’Algérie. Le chahid Ahmed-Klouche
était de cette trempe là. Né le 9 août 1943 à «La Ferme», une localité
mitoyenne de la ville de Chlef, le chahid a commencé assez tôt la course à pied, puis le
cross-country. Déjà, en 1958, il se distingue dans le « Challenge du nombre »
organisé par le lycée d'El-Asnam. C'est grâce au regretté El Hadj Mechkal, ancien entraîneur national de la marche et
dirigeant actif au sein de l’AS Mairie d’Alger dans les années 1970, que le
jeune coureur a été révélé au grand public. Frêle, élancé, athlète dans le sens
plein du terme, le « jeune talent » par l'aisance qu'il prônait allait se
révéler de la trempe des grands champions de son époque.
Les succès furent innombrables et dans la foulée, Ahmed Klouch
remporta le championnat d'Alger, celui d'Algérie et est enfin sacré au
championnat de France de cross-country. La consécration, il l’a connue le 12
mars 1961, à l'hippodrome du Tremblay, à Paris, devant plus de 7.000
spectateurs Ahmed Klouch confirmait une fois de plus
sa classe et son talent de sportif né. Libérés par le coup de feu du starter,
plus de 300 athlètes venus de toutes les Ligues d’athlétisme de France et
d'Algérie s'élancèrent en portant en eux l'espoir de la victoire. Ahmed Klouche portait le dossard N° 1. L'arrivée fut annoncée
malencontreusement à un tour avant la fin de la course par un officiel non
averti ; Ahmed Klouch déclenche son accélération et
se détacha irrésistiblement. Il prend près de 50 mètres d'avance sur ses
poursuivants, pour arriver seul devant les officiels qui lui demandèrent de
continuer. Rattrapé par les coureurs français, Ahmed puisa dans toute son
énergie et parvint dans un ultime effort à distancer de nouveau l'ensemble de
ses adversaires sous les applaudissements frénétiques du public. Cette victoire
lui permit d'être nommé capitaine de l'équipe de France junior devant
participer au « Cross des Nations » (devenu aujourd’hui le Championnat du Monde
de cross) qui devait se dérouler le 26 mars 1961, à Nantes. Entre temps, le
souci du revoir —ses parents restés à El-Asnam en Algérie— fut le prétexte qui
ne nous permit pas de connaitre les limites de celui qui pratiquait la course à
pied comme moyen d'expression humaine. C’est après le f’tour,
alors qu’il était sorti prendre l’air et saluer ses amis qu’il fut abattu sans
raison apparente de plusieurs balles par une patrouille de l’armée française, juste
à côté de la maison de ses parents. Il est mort glorieux, broyé par la nuit
coloniale. Ahmed a payé de sa vie la sauvegarde de trois Djounoud
de l’ALN, présents ce soir-là au domicile familial.
Ironie du sort, le préfet de l'époque venait de recevoir un télégramme de la
Fédération française d'athlétisme dans lequel il lui était demandé de veiller
scrupuleusement sur la sécurité du jeune champion, jusqu'à son retour en France
en vue du « Cross des Nations ». Aujourd'hui, El-Asnam se souvient encore de ce
soir fatidique où un jeune homme de 18 ans, qui commençait à peine à goûter au
plaisir de la vie et qui prétendait légitimement à une carrière
prestigieuse, venait alors d’être froidement abattu par l’Armée
coloniale. Ses camarades de foulées, notamment Bahloul
Guenaoui, se souviennent aujourd’hui encore de cet
ami tombé au champ d’honneur pour que l’Algérie vive libre et indépendante