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Football- Professionnalisme- Bilan

Date de création: 24-03-2020 10:37
Dernière mise à jour: 24-03-2020 10:37
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SPORTS- DISCIPLINE – FOOTBALL - PROFESSIONNALISME – BILAN

Football - Ligue 1: Le professionnalisme en... 10 ans !

© par Adjal Lahouari/Le Quotidien d’Oran, mardi 24/3/2020

http://www.lequotidien-oran.com/files/spacer.gifCette pause forcée du championnat de Ligue 1 recèle tout de même quelques aspects positifs pour certains clubs ayant des joueurs blessés ou en voie de guérison. Par ailleurs, elle devrait permettre aux acteurs saturés de se reposer. Pour meubler ce « vide » que tout le monde souhaite le plus bref possible, tous les entraîneurs ont remis à leurs poulains des programmes individualisés afin que ces derniers entretiennent leur forme en vue d'une éventuelle reprise. C'est une bonne occasion pour les remplaçants aussi de progresser et convaincre les staffs techniques afin de postuler à une place de titulaires. Hélas, un arrêt définitif du championnat de Ligue 1 n'est pas à écarter. Et déjà, du côté de Laâkiba, on se prend à rêver de titre, le fait que le CRB se trouvant en tête alimentant ce souhait. A l'inverse, les clubs actuellement en difficulté dans ce palier attendent avec impatience une décision. Disons-le franchement, au risque de déplaire à ces calculateurs : ce serait anormal et injuste d'effacer des résultats enregistrés sur le terrain selon les mérites de chacun. En outre, ce serait une « première » arbitraire qui aurait des conséquences pour l'avenir du football algérien, déjà malade de ses pratiquants et de ses dirigeants. Cela étant, il nous a paru utile de scanner cette Ligue parcimonieuse en satisfactions. « Les hommes mentent, les chiffres non », dit-on. Ces chiffres démontrent clairement le niveau très moyen de ce championnat prétendument professionnel.

L'indispensable retour à la formation

Pour cerner les causes de ce désolant constat, on citera en premier lieu l'absence de formation sérieuse au sein des clubs. Les dirigeants préfèrent miser sur les mercatos pour se renforcer en se livrant à une intense surenchère, quitte à menacer l'équilibre financier de leurs clubs. De ce fait, ces dirigeants reconnaissent de facto leurs faiblesses, un aveu qui en dit long sur leur incapacité à mettre sur pied un projet viable. « Ce que l'on n'a pas, on l'achète ! » Telle est leur démarche préférée. Le PAC est sans aucun doute l'exception grâce à un audacieux projet qui a fait largement ses preuves, puisque c'est auprès de cette Académie que les clubs font leur marché, à l'instar d'ailleurs des clubs du vieux continent. Question : qui est-ce qui empêche ces clubs de suivre l'exemple du Paradou ? Il y a des réponses : par ce que ce projet exige du temps, des entraves insurmontables pour ces gens trop pressés et avides de résultats immédiats. Outre une bonne organisation de base, c'est-à-dire un terrain, un encadrement qualifié et objectif, des opérations de prospection à grande échelle, de la passion et de la patience sont exigées ! Visiblement, c'est trop leur demander. On citera une authentique anecdote. Un dirigeant d'un club d'élite a déclaré aux clubs formateurs : « Formez, formez bien, et lorsque le jour viendra, je prendrai vos joueurs, quitte à verser des centaines de millions ! ». Comment qualifier un tel comportement ? En gens pressés donc, les dirigeants changent plusieurs fois d'entraîneurs en quelques mois seulement lorsque les victoires se font rares. On a vu des entraîneurs renvoyés même lorsque les résultats sont bons. Il y en a qui se font éjecter plusieurs fois sur une saison, et la plupart s'en accommodent pour peu qu'il y ait un « arrangement à l'amiable ». Une minorité a affiché une dignité. Comment alors les équipes pourraient-elles progresser ? Il faut signaler des effectifs sans cesse remaniés d'une saison à une autre. A ce constat, on ajoutera le constant bouleversement de la barre technique, chaque entraîneur ayant sa propre conception du football, ce qui déboussole les joueurs. Mis sous pression, les entraîneurs en viennent à exiger de leurs poulains une attitude de « guerriers » ! Ce terme est déjà impropre dans une discipline où le fair-play doit être le maître mot, car cette dernière sollicite aussi bien les qualités physiques permises par les lois du jeu, que les vertus morales. « My game is fair-play » est la devise préférée de l'institution suprême du football, la FIFA. Hélas, il y aussi la violence, un thème quasi inépuisable pour tous les médias et que notre journal a très souvent évoqué dans ses livraisons.

Bilan amer et alarmant

Beaucoup oublient que le professionnalisme a été instauré il y a déjà 10 ans suite aux injonctions de la FIFA. Décrété « à la hussarde » soudainement et sans préparation, le football algérien est aujourd'hui dans une impasse. Les plus optimistes diront qu'il se trouve à la croisée des chemins. Si tel est le cas, il est urgent d'opter alors pour la meilleure direction, même si elle recèle des aspects rébarbatifs. Un dicton populaire dit bien : « Choisis la chose qui te fait pleurer », allusion faite aux promesses fictives de projets en apparence séduisants et finalement trompeurs. Cet article serait incomplet si l'on n'évoquait pas la situation de la poignée de clubs formateurs. Hélas, en l'absence d'une règlementation claire, ces derniers ne sont pas protégés des dirigeants disposant de moyens financiers conséquents. Les premiers prospectent, dénichent et forment avec amour et passion. Lorsque le « fruit » est mûr, les seconds arrivent en chapardeurs séduisants pour les parents des joueurs. Le « combat » est inégal à une époque où l'aspect économique est très puissant. En 2020, le bilan est amer et alarmant. Tous nos représentants ont été éliminés des compétitions continentale et arabe, et il en est de même pour nos sélections de jeunes. Les clubs prétendument professionnels réclament sans cesse l'aide de l'Etat. En outre, ils traînent des contentieux avec des joueurs et des entraîneurs. Il a été constaté que pour être « libérés » des contraintes de leurs contrats, des joueurs cèdent leurs salaires et primes aux clubs. C'est tout simplement du racket. Ces derniers mois, les dirigeants des clubs se sont avérés incapables de fournir leurs bilans et de réunir les dossiers pour obtenir la licence pro pour la prochaine saison. Il reste à souhaiter que les coulisses ne fassent pas de dégâts. Il y a eu déjà des précédents qui ont faussé la compétition et découragé la maigre frange de responsables de clubs. Comme on le voit, actuellement, il y a trop de déchets dans ce football que nous aimons tous, malgré tout


Jeu défensif et peu attrayant

Les statistiques sont éloquentes : le football pratiqué en Ligue 1 est des plus d
éfensifs, à rendre jaloux les nostalgiques du Calcio des décennies 60/70. En effet, la moyenne par match est très faible : 1,07 en divisant les 375 buts par les rencontres jouées. On comprend mieux le manque d'attrait de ces joutes où on exige des joueurs de ne pas perdre, les défaites étant considérées comme des catastrophes. Ce constat est indéniable car, mis à part quelques matches avec de gros scores, les personnes ayant déboursé des sommes conséquentes aux guichets n'ont pas eu droit à du football spectaculaire. La principale cause vient d'être évoquée, la peur de perdre. Ensuite, il y a le nivellement des valeurs par le bas, constamment signalé dans nos analyses. Souvent, certaines équipes se contentent de résultats « nuls ». Au terme de la 22ème journée amputée des rencontres CRB - PAC et USMBA - ASO, on a enregistré 94 nuls pour 125 victoires et autant de défaites bien évidemment. A 110 reprises, les attaques ont fait chou blanc, il y a eu 18 matches où aucun but n'a été inscrit. Enfin, 50 rencontres se sont achevées sur le score de 1-0. Quels systèmes de jeu sont appliqués dans ce championnat où tout le monde bat tout le monde ? Il est donc admis que c'est un constat très inquiétant, comme en Liga espagnole. Mais la différence par rapport au championnat espagnol, c'est que les rencontres ne manquent pas d'attrait, contrairement à la Ligue 1 algérienne. Certes, les médias évoquent des tactiques de base, c'est-à-dire au coup d'envoi des rencontres mais, pour la suite c'est le « naturel » qui reprend le dessus avec des stratégies défensives inspirées par des entraîneurs soucieux de ne pas perdre pour conserver leurs postes. On osera évoquer une sorte de « reflexe pavlovien ». Le plus étonnant, c'est que cette frilosité défensive ne suffit pas lorsqu'on totalise le nombre de techniciens limogés. Dans ce football fait de calculs et de spéculations, un buteur fait figure de vedette. Il n'y a qu'à citer le nombre restreint de leurs « performances ». Actuellement, Belhocini (USMBA), Abid (CSC) et Tiaiba (ASAM) sont en tête de ce classement avec 10 buts seulement. Ils auront certes l'opportunité d'inscrire d'autres buts, mais ils sont très loin de leurs prédécesseurs, tels Bouiche (JSK), Pons (ASMO), Gamouh (MOC), Baïleche (JSK) plus de 20 buts, et la liste est très longue. Aujourd'hui, il suffit d'inscrire une dizaine de buts pour figurer en tête des goléadors. Dans cette popularité des rôles tenus par les buteurs, les médias ont une certaine responsabilité. L'exemple le plus significatif est de considérer comme un milieu offensif un attaquant. Et cela souligne on ne peut mieux la tendance de « recul » qui est apparue depuis plusieurs décennies dans les équipes de Ligue 1. Ce n'est pas un fait isolé. A titre d'exemple, l'ancien international français Anelka, ému par cette tendance, a décidé d'ouvrir une académie exclusivement pour les attaquants ! Ce que nous souhaitons, c'est que les centres de formation et autres académies qui sont en voie de création en Algérie, accordent une attention particulière au jeu offensif. Car, nous croyons toujours que la meilleure défense c'est l'attaque, au risque de paraître comme partisan d'un système de jeu tombé en désuétude selon les partisans du faux réalisme dont les porte-drapeaux sont Mourinho et Diego Simeone. Question : pourquoi un joueur qui marque un but exalte, transporté par une joie extrême qu'il ne peut contenir ? Réponse : parce que la finalité d'un sport comme le football, c'est de marquer au moins un but pour prétendre gagner des points. Un ancien technicien a dit un jour : « Défendre, c'est conserver. Attaquer, c'est conquérir ». Si Mahrez, Bounedjah, Slimani, Belaïli et Ounas n'avaient pas attaqué et trouvé le chemin des filets de leurs adversaires l'été dernier, l'équipe d'Algérie n'aurait pas remporté la CAN 2019. Il serait souhaitable donc que la stratégie développée par Belmadi et ses joueurs soit une source d'inspiration pour les formateurs chargés de préparer les futures générations. Il est indispensable de s'appuyer sur ce bel exemple, plutôt que de céder au faux réalisme qui consiste à la recherche anarchique du résultat immédiat, et forcément éphémère. Espérons que ces modestes suggestions soient prises en considération par les responsables, chacun dans son domaine.

L'Algérie, berceau de buteurs

Un coup d'œil aux archives nous apprend que l'Algérie a toujours possédé de grands buteurs, que ce soit en clubs ou en équipe nationale. Il y en a qui ont brillé dans les deux registres, d'autres non. Et pourtant, ils avaient du talent à revendre. En championnat d'Algérie, la palme revient à Nasser Bouiche, dont le record risque de tenir très longtemps. Avec 36 buts, le longiligne avant-centre a placé la barre très haut et précède de valeureux anciens, tels Hocine Saâdi (NAHD 25 buts), Gamouh (MOC 24 buts), Hadj Adlane (JSK 23 buts), Griche (ESS 21 buts), auxquels s'est joint la saison écoulée le jeune Zakari Nadji (PAC 20 buts). Le populaire Abdelkader Reguieg « Pons » en a inscrit autant (ASMO 20 buts), ainsi que Baïleche (JSK). En équipe nationale, c'est Abdelhafid Tasfaout qui figure en tête avec 36 buts. Son record est l'objectif actuel de Slimani qui en est à 29. Belloumi, Madjer, Menad, Bensaoula, Lalmas, Assad, Dali, Meçabih, Dziri, Yahi, Kalem, Hachouf, Fergani, Ighili, Saïfi, Cherrad, Bencheikh, Akrour, Boutabout, Akli, Antar Yahia, suivent avec 7 et 6 buts. Chez les joueurs encore en activité comme Slimani, on citera Soudani, Bounedjah, Belaïli, Brahimi, Ghoulam, Taïder, susceptibles d'améliorer leurs performances.