Nom d'utilisateur:
Mot de passe:

Se souvenir de moi

S'inscrire
Recherche:

Essai Abdou Elimam(Abdeljil) - "Le Maghribi, alais "Ed Derija"

Date de création: 20-03-2020 12:13
Dernière mise à jour: 20-03-2020 12:13
Lu: 1009 fois


CULTURE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ESSAI ABDOU ELIMAM (ABDEL JLIL)- « LE MAGHRIBI, ALIAS « ED-DERIJA »… »

Le maghribi, alias « ed-derija » (la langue consensuelle du Maghreb). Essai de Abdou Elimam (Abdel Jlil) , Editions Frantz Fanon, Alger 2015, 244 pages, 600 dinars(Pour rappel. Déjà publié)

Une présentation de prime abord surprenante, et il y a de quoi, que cet éclairage (scientifique)  , dès la fin des années 90 puisque l‘auteur en est à sa troisième édition. La langue consensuelle au Maghreb ...c’est le Maghribi ; en fait une appellation qu’il estime plus correcte que celles de « arabe algérien », ou « arabe dialectal », ou « dialecte » ou « ed darija » ou « el umiya ».....Autre chose : Il y a une relation de parenté entre le punique et le maghribi.Cette dernière aurait des origines puniques (puisant ses racines dans l’Afrique du Nord carthaginoise)  . Mais attention ! Il ne s’agit pas , pour l’auteur, de chercher à « constituer » une langue pour l’ensemble du Maghreb. Cela relève du « pur fantasme »...car il est difficile de tenter de réaliser ce que l’histoire sociale des peuples  a permis d’élaborer au fil du temps. Et, surtout de parvenir à formuler, dans un contexte d’exclusives « pan-arabistes », à formuler les contours d’une (nouvelle ?) identité culturelle et linguistique nationale. L’espace « dialectisant » s’était recroquevillé, hormis quelques « bravades »de la chanson raï. Et, seul l’espace berbérisant recelait des  voies d’espérances . On donc préféré une « fuite en avant féconde »....dans la langue (arabe)  fosha.

L’auteur révèle dans ce cadre que le Président Ahmed Ben Bella , alors aux commandes du pays, avait « acheté » (pour l’ensevelir, car le contrat stipulait que les résultats de l’enquête ne devaient, en aucun cas , être divulgués) une recherche menée par des linguistes de l’Université de Berkeley ayant séjourné en Algérie en 1963-1964 : Les chercheurs se seraient vite rangés à l’avis de promouvoir le « dialectal » car c’était véritablement la langue de l’échange interrégional la plus utilisée et la plus consensuelle . Ils auraient également suggéré la reconnaissance et la promotion du berbère.

L’Auteur : Né à Oran, docteur d’Etat et professeur de linguistique.A exercé dans plusieurs établissements universitaires étrangers. A publié plusieurs articles et ouvrages de sociolinguistique, de didactique et de linguistique cognitive. Se réclame du courant énonciatif (E. Benvéniste, G. Guillaume, A. Culiolii, R. Lafont......)

Extraits : « Les langues nous préexistent car les mécanismes biologiques de réception/émission sont toujours- déjà – inscrits dans nos gènes et dans nos neurones à la naissance. Quant à l’évolution des langues en contact, elle est  (toujours)  synthèse transitoire. Se présente donc aux linguistes un horizon ouvert à l’infini » (p 12), « Désastreuse est la décision politique lorsqu’elle tente de substituer aux langues maternelles une langue nationale unique dont la caractéristique principale est d’être non native «  (p 82), « Chaque société du « monde arabe » a, dans son espace géographique propre, dans son histoire sociale et humaine , un support linguistique qui la perpétue et la distingue. Ces supports ne sont autres que les langues natives, les langues maternelles » (p 86).

Avis : Ouvrage très, très technique, conseillé aux spécialistes, les linguistes. « Aboutissement de la prise en charge d’un refoulé » comme l’avoue l’auteur.   Donc, comme pour lui , il va (peut-être) vous servir de « cure analytique » qui vous aidera à « assouvir cette faim identitaire qui plonge ses racines dans cette Afrique du nord carthaginoise »

Citations : «  Une formation linguistique témoignant de son autonomie métalinguistique est une « langue » à part entière » (20), « Lieu de matérialisation des significations, les langues auraient cette puissance phénoménale d’agir au lieu et place des hommes » (p 21)