EDUCATION- PERSONNALITES- DJILALI LIABÈS
Djilali
Liabès est né le 1er janvier 1948 à Sidi Bel Abbès. C’est le dernier enfant d’une famille d’une famille
de trois filles et trois garçons dont le père, Kaddour,
exerce le métier de bijoutier. C’est une famille traditionnelle, et ce qui
prédomine dans cette maison modeste du quartier Montplaisir,
c’est la pratique religieuse, la lecture quotidienne du Coran et des Hadith. La
bibliothèque familiale comporte surtout des livres sur l’Islam, mais aussi des
manuscrits de Kaddour Liabès
qui rédige régulièrement des commentaires et des études du Coran.
Sidi
Bel Abbès est une ville de garnison de l’armée
coloniale. C’est là que se trouve le plus grand casernement de
la sinistre Légion étrangère. La présence militaire française est
insupportable dans cette ville et elle est certainement une des raisons de
l’engagement de la famille Liabès dans la Révolution.
Dès les débuts de la Guerre de libération, la maison familiale est un lieu de
cache d’armes et un abri pour les moudjahidine de la Wilaya 5. Les deux frères
de Djillali ainsi qu’une de ses sœurs s’engageront
très tôt dans les rangs du Front de Libération Nationale. Alors que lui-même a
douze ans, sa famille subit une terrible épreuve lorsque son frère
Abderrahmane, âgé à peine de 17 ans, meurt en martyr au maquis. A la veille du
cessez-le-feu, son autre frère est assassiné par l’OAS à Sidi Bel Abbès alors qu’il est accompagné de son épouse enceinte qui
est elle-même blessée lors de l’attentat.
Ces
évènements douloureux transforment Djilali du jeune adolescent qu’il était en
adulte. C’est dans ces circonstances qu’il commence à forger sa personnalité et
à chercher sa voie. La lecture devient son refuge. Il lit sans cesse, de façon
véritablement boulimique, ce qui lui tombe sous la main, les journaux, des
romans, des livres qu’on lit beaucoup plus tard dans la vie et que d’ailleurs,
plus tard, il relira.
Il
est solitaire. Ses sœurs sont mariées et sont frères sont morts. Cette
adolescence triste n’est pas dénuée de révolte. Il menace de quitter le lycée
alors qu’il est en classe de première. Il accepte mal le système scolaire et,
de toutes façons, il trouve plus d’intérêt et de satisfaction dans les lectures
qu’il se choisit. Il restera dans cet état d’esprit à l’université, ce qui ne
l’empêchera pas de faire de brillantes études. Après le baccalauréat, il quitte
Sidi Bel Abbès pout l’Ecole Normale Supérieure
d’Alger où il étudiera la philosophie avec des professeurs comme Georges Labica ou Etienne Balibar.
L’étudiant brillant qu’il est se résout mal à la discipline scolaire. Peu
présent aux cours, c’est encore par son travail personnel qu’il réussira.
Son
engagement politique commence dès son arrivée à l’ENS. Nous sommes en 1968. Il
crée avec ses camarades un cercle d’études marxistes et il initie de nombreux
étudiants à la lecture de Marx et d’autres philosophes. C’est un homme
silencieux et attentif aux autres. Mais c’est un solitaire. Il refuse d’adhérer
formellement au mouvement étudiant afin de garder son autonomie de pensée et sa
liberté d’analyse, comme, plus tard, il refusera, pour les mêmes raisons,
d’adhérer à un parti politique.
Après
sa licence de philosophie, il s’oriente vers la sociologie et l’économie. Il
entre en 1971 à l’AARDES (Centre de recherches du ministère du Plan) et dirigera
pendant 10 ans une des plus grandes études effectuées par l’AARDES, « Le
secteur privé en Algérie ». En 1982, il soutient sa thèse de 3ème cycle sur «
Capital privé et patrons d’industrie en Algérie de 1962 à 1982 » à l’Université
d’Aix-Marseille et rejoint l’Université d’Alger comme enseignant en sciences
sociales. Pour assurer ses enseignements en langue arabe, il puisera dans son
enfance les bases de la connaissance de la langue acquises aux côtés de son
père et s’acharnera par un travail personnel à maîtriser parfaitement la lange arabe.
En
1988, il soutient sa thèse de Doctorat d’Etat à l’Université Paris VII sur «
Entreprises, entrepreneurs et bourgeoisie d’industrie en Algérie :éléments d’une sociologie de l’Entreprendre ». A partir de
là, il participera à de nombreux séminaires nationaux et internationaux. Ses
recherches et travaux restent à ce jour une référence fondamentale et
indispensable pour tous ceux qui s’intéressent aux questions qu’il a abordées
au cours de sa carrière universitaire.
En
1990, il est nommé Directeur du Centre de Recherche en Economie Appliquée
(CREAD), mais poursuit son enseignement au profit des étudiants de première
année et maintient l’encadrement d’étudiants en thèse avec l’objectif de
continuer à former ses étudiants aux méthodes d’analyse scientifique. A cette
époque il participe également à la création de l’Association Algérienne de
Prospective.
Il
est nommé ministre des Universités en juin 1991 à un moment où l’Algérie
connaît des bouleversements profonds. Deux ans plus tard, il devient Directeur
de l’Institut National des Etudes de Stratégie Globale (INESG). Il dirigera
alors une étude prospective intitulée « Algérie 2005 ». Cette étude ne verra
pas le jour.
Marié
en 1972 à Dalila Derguini, il est père de trois enfants,
Sabri né en 1973, Hind née
en 1974 et Dalil né en 1992.
Djilali
Liabès meurt assassiné par les terroristes islamistes le
16 mars 1993 en bas de son immeuble d’habitation (Cité Ben Omar/Kouba)