CULTURE- PERSONNALITES- BACHTARZI MAHIEDDINE
Mahieddine Bachtarzi, né le 15 décembre 1897 dans la Casbah à Alger et
mort le 6 février 1986 à Alger, il est l'un des principaux artisans du théâtre
algérien. Il fut aussi chanteur d'opéra (ténor), acteur, auteur de théâtre et
directeur du Théâtre national algérien.
Il
s'initia très jeune au chant religieux où le seul instrument était la voix.
Poursuit des études coraniques à la Médersa libre de cheikh Ben Osman, à
l’issue desquelles il devient chantre à la mosquée Jamaa
al-Jdid d'Alger et muezzin. Le mufti Boukandoura, réputé pour son érudition et ses qualités de
musicien, lui révélera les premiers secrets d'interprétation des modes avant
qu'il ne se détournât vers la musique profane.
Sa
voix de ténor était tellement fascinante que déjà en 1921, il comptabilisait
plus de 66 disques enregistrés, sans compter le nombre impressionnant de
concerts donnés aussi bien en Algérie qu'en France, en Italie et en Belgique.
Il fut surnommé Le Caruso du désert par la presse française à la suite d'une
réception donnée au Quai d'Orsay. À partir de 1923, il assuma la direction de
la Société musicale Ei-Moutribia
et devint, à partir de 1930, le 3e Maghrébin membre de la Société des auteurs,
compositeurs et éditeurs de musique (Sacem), après
Edmond Yafil et le Tunisien Mohamed Kadri.
Toutefois,
en intellectuel éclairé, il réalise bien vite les limites de la musique en tant
que moyen de communication, dans le contexte colonial. Sans rompre totalement
avec la chanson, il se découvre une nouvelle vocation, avec Allalou
(en) et un peu plus tard Rachid Ksentini, Mahieddine Bachtarzi déblaie le
terrain pour faire admettre l'existence d'un théâtre algérien en s'adressant
aux Algériens dans la langue qu'ils parlent, transposant sur la scène, à leur
intention, des récits légendaires ou populaires. C'est ainsi qu'il créera sa
propre troupe et tout en ayant l'évident souci didactique, il opta pour le
genre comique, adopta le style réaliste et entreprit la difficile tâche de se
réapproprier un patrimoine riche, mais dévasté par plus de cent ans de calamité
coloniale.
Après
l'indépendance de l'Algérie, il assume la direction du Conservatoire municipal
d'Alger (1966-1974) et rédige ses Mémoires parus chez la Sned,
en 3 volumes. Il demeure l'interprète qui a le plus œuvré pour la musique
arabo-andalouse d'Alger. Il obtiendra de nombreuses distinctions honorifiques
tout au long de sa vie, meurt le 6 février 1986 à Alger, à l'âge de 88 ans.
Après avoir reçu les palmes tunisienne (1929) et marocaine (1962), chevalier de
l'Ordre du Ouissam alaouite et de commandeur du
mérite humain décerné par les autorités suisses pour sa contribution et le rôle
qu’il a joué pour faire connaître la culture et la musique algériennes. Son
pays l'honore, à titre posthume, le 21 mai 1992, en lui décernant la médaille
de l'Ordre du Mérite national.
Le
théâtre national algérien (TNA) porte son nom