COMMUNICATION-
BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ESSAI M’HAMED HOUAOURA – « LA PLUME ET LE
COMBAT »
©Nassima Chabani/El Watan, samedi 29 février 2020
M’hamed Houaoura (journaliste et auteur) vient de signer aux
éditions Dar El Gharb ( Oran, 2020)son deuxième livre
intitulé La plume et le combat, témoignages
sur les pulsations du journal d’un pays colonisé, l’Algérie. Dans cet
entretien, l’auteur, vous donne, à vous lecteurs, quelques pistes de
compréhension sur le sujet traité dans son ouvrage.
– Après Yamina Oudaï, l’héroïne oubliée, vous revenez dans l’univers de
l’écriture avec un livre intitulé La plume et le combat, consacré à des témoignages
de figures de proue de la Révolution algérienne…
Côtoyer des femmes et des hommes et entendre
leurs histoires passionnantes, leur combat durant les moments difficiles
traversés par notre pays pour arracher leur liberté, non pas avec des bombes ou
des armes à feu, mais juste avec leurs stylos, leurs crayons, c’était
extraordinaire.
Chaque témoin avait d’ailleurs écrit son
histoire. En plus, il y avait parmi ces intellectuels patriotes des Algériens
issus de toutes les régions du pays, mais surtout des citoyens algériens
d’origine européenne.
Ces témoins auraient pu travailler et vivre
dans l’opulence pendant que le peuple algérien menait sa lutte contre le
colonialisme.
Ces femmes et ces hommes armés de leur foi et
leur courage avaient choisi le sacrifice pour l’indépendance de l’Algérie. Tout
cela m’a captivé au plus haut point et m’a incité à rapporter leurs témoignages
dans cet ouvrage. D’ailleurs, je ne suis pas le seul à écrire sur ce sujet.
– Comment vous est venue l’idée de vous
intéresser à ce thème et comment s’est fait le choix de ces quatre personnages
historiques, dont Zahir Ihadadène,
Lamine Bechichi, Pièrre Chaulet ou encore Evelyne Lavalette ?
En effet, il s’agit du résultat de mes
contacts avec des authentiques patriotes algériens. Chacun avait son récit
particulier sur son combat pour l’indépendance de notre pays. Je voulais mettre
l’accent sur le rôle du journaliste dans les moments difficiles. Ainsi, l’idée
m’est venue de mettre en lumière le rôle du journaliste dans la lutte pour la libération
de son pays est venue.
Alors, suite à moult démarches personnelles et
de contacts, je peux citer la moudjahida Zoubida Amirat, à titre
d’exemple, qui m’a permis de prendre attache avec Evelyne Lavalette et Pierre Chaulet. J’ai pu rencontrer ces personnalités et
enregistrer leurs témoignages. Dommage, j’aurai souhaité avoir plus de matières
et témoignages. J’ai raté par exemple Réda Malek, car il était fatigué.
Hélas, des témoins étaient décédés, d’autres
trop âgés et ne pouvaient pas répondre à mes sollicitations en raison de leur
état physique qui les en empêchait. Modestement, je n’ai pu consigner sur ce
livre que quatre témoignages.
– Comment avez-vous fait pour approcher et
récolter tous ces témoignages auprès des personnes en question ?
Comme je viens de le souligner, la tâche
n’était pas aisée. Je considère que ces personnalités font partie des monuments
du secteur de la communication et de l’information en dépit des faibles moyens
mis à leur disposition. Il y a d’autres journalistes qui se sont sacrifiés et
que je ne peux pas tous citer.
La seule chose qui demeurera gravée dans mon
esprit jusqu’à ma mort, c’est incontestablement leur très fort attachement à
l’Algérie, leur intelligence, leur humilité, leur intégrité, leur pureté, leur
courage, leur disponibilité pour transmettre l’histoire du combat de leurs
frères et sœurs, leur richesse culturelle.
Un honneur et une chance inouïe quand on les
rencontre. Face à ces authentiques amoureux de l’Algérie, on se sent trop
petit, de surcroît pour un auteur né lors du déclenchement de la guerre de
Libération nationale. Un heureux hasard, n’est-ce pas ?
– A travers votre ouvrage, vous avez tenté de
mettre en exergue le réseau d’information et de communication appartenant à de
puissants colons, tout en ne manquant de mettre l’accent sur l’aventure du
mythique média révolutionnaire El Moudjahid ?
Dans ce livre, j’écris dès l’entame de mon
introduction que l’Algérie disposait d’une multitude de révolutionnaires
visionnaires, en citant Boudiaf Mohamed, Abane Ramdane, Larbi Ben M’hidi, Benyoucef Benkhedda, qui avaient décidé malgré les difficultés de
créer le 22 octobre 1955 le journal La résistance algérienne et
fonder après le journal El Moudjahid au
mois de juin 1956.
Cette élite de la Révolution algérienne savait
le rôle de la communication dans la lutte d’un peuple.
Malgré tous les moyens colossaux du pays
colonisateur en matière d’information, le combat du peuple algérien a été
médiatisé. Pour l’anecdote, M. Ihadadène m’avait dit
que le général de Gaulle et son Premier ministre recevaient chacun un
exemplaire du journal La résistance algérienne,
malgré toutes les difficultés dans la récolte de l’information et de
l’imprimerie.
De grands noms avaient contribué dans la
confection du média algérien, le choix et la pertinence de leurs articles et
aussi la distribution du journal. Un véritable exploit que seul un peuple qui
croit à son combat peut réussir.
– Votre livre La plume et le combat se veut
aussi un hommage aux anciens routiers de la presse nationale, mais également à
tous les journalistes assassinés durant la décennie noire…
Le journaliste algérien s’est imposé bien
avant 1954, durant la guerre de Libération nationale et après l’indépendance.
Chaque période avait ses caractéristiques. Je
ne suis pas un historien, mais j’essaye d’écrire et de rendre fidèlement des
témoignages. J’ai rappelé le drame vécu par les journalistes décédés ou
assassinés par les hordes criminelles.
Le sacrifice de ces martyrs ne doit pas être
effacé de notre mémoire. En outre, le journaliste algérien a contribué à
l’institutionnalisation par l’ONU de la Journée mondiale de liberté de la
presse (3 mai, ndlr). Zoubir Souissi
du Soir d’Algérie et Belhouchet Omar du journal El Watan avaient
participé à la réunion de Windhoek (Namibie).
Le combat du journaliste est perpétuel. Je
rapporte également quelques extraits de témoignages des journalistes européens,
asiatiques, ayant vécu dans les maquis, ainsi que la solidarité des
journalistes africains avec l’Algérie.
Dans ce livre La plume et le
combat, je voulais modestement relater quelques
détails du combat mené par les quatre témoins durant une partie de la vie de
leur patrie. Pour terminer, je remercie M. Ahcène Djaballah Belkacem, pour sa
préface qui a donné une touche particulière à mon ouvrage.