FINANCES- ETUDES ET ANALYSES - RAPPORTS COUR DES COMPTES- ETUDE ACHITE
BELKACEM
Publication des rapports de la
Cour des comptes : Un plus pour la transparence de la vie publique
© Par Belkacem Achite , ancien magistrat de la Cour des comptes/El Watan, pages
Idées et Débats, lundi 17 février 2020
Les services du
secrétariat général du gouvernement ont consacré le contenu intégral du Journal
officiel (JORADP) n° 75 daté du 04 décembre 2019 à la publication du rapport de
la Cour des comptes pour l’année 2016.
Ce sera la troisième
fois, depuis sa création en 1980, soit il y a quarante ans, que l’institution
supérieure de contrôle des finances publiques se trouvera projetée à travers
l’affichage des résultats de ses travaux sur le devant de la scène nationale.
Vaut mieux tard que jamais, pourrait-on dire. Faudrait-il à cet égard rappeler
que, nonobstant les deux rapports publiés par J.O du temps où le président
Zeroual officia à la tête de la République, aucune initiative n’a été prise
dans ce sens et depuis lors, par les autorités publiques habilitées à autoriser
une telle publication.
A l’évidence, la
récente décision a dû être prise à un haut niveau de l’Etat tant le fait
engageait la remise en cause, du moins compte tenu de la conception qui a pu en
avoir été faite jusqu’ici, de l’absurde règle du secret ayant entouré, de façon
quasi systématique et durant les quatre mandats du chef de l’Etat sortant, les
résultats des travaux d’une institution dont la Loi fondamentale prévoyait
pourtant expressément la publication en la forme solennelle d’un Rapport annuel
adressé au président de la République.
En fait, la disposition
légale de l’espèce ne représentait ni une innovation algérienne, ni une
coquetterie juridique du législateur. Ni que, surtout, sa «mise en veilleuse»
n’avait de sens tant le fait ne se justifiait nullement ni au regard des
circonstances exceptionnelles qui, le cas échéant, l’auraient exigé, ni en
raison du caractère «périlleux», s’il en était, des données à révéler au sujet
de la gestion des finances publiques de l’Etat ou de ses collectivités.
C’est que, en plus que
de se conformer à une pratique internationale en la matière, établie depuis
longtemps dans la plupart des pays démocratiques, la publication des résultats
des travaux des institutions supérieures de contrôle a, partout où la procédure
a prévalu , obéi au souci majeur de transparence devant caractériser la
conduite des affaires publiques ; surtout s’agissant de celles se rapportant à
la préservation des deniers publics contre toute forme de dilapidation, de
détournement ou d’emploi irrégulier.
Partout dans le monde,
la mise à la disposition du citoyen des données et informations relatives est
en rapport direct avec les problématiques de démocratisation des sociétés
lesquelles tendent à être de plus en plus impliquées, dans le cadre de la
démocratie participative, dans la gestion des collectivités et fonds publics.
Dans un tel contexte, l’aménagement des meilleures conditions d’accès du
citoyen au type d’informations qu’engage un tel enjeu ne fait, au demeurant,
que traduire la lettre ou l’esprit de dispositions constitutionnelles de
l’espèce
. A coup sûr, les
précédents dirigeants du pays n’ignoraient guère ce genre de considérations ;
cependant, ils ne pouvaient pas moins penser que leur pouvoir omnipotent ne
pouvait souffrir quelque critique ou reproche que leur peuple puisse émettre en
se fondant sur des preuves ou arguments étayés du type de ceux qu’insèrent les
Rapports annuels d’une institution supérieure de contrôle. Ce pourquoi ils
avaient appliqué un embargo quasi sans faille sur le contenu de tels documents.
Une conception et une pratique qui avaient, en fait, cessé depuis longtemps
dans de nombreux pays mais qui, chez nous, a survécu incompréhensiblement alors
que même dans la Tunisie de Benali, les Rapports annuels de la Cour des comptes
faisaient même l’objet d’une présentation par les magistrats de cette
juridiction au premier responsable de ce pays…
Il est vrai, en
Algérie, la pratique du secret absolu avait prévalu juste pour ce qui concerne
les contenus des rapports élaborés par les pléthoriques commissions ad hoc, –
celles de réformes de l’éducation, de la justice et des structures de l’Etat
présidées respectivement par les professeurs Rachid Touri, Mohand Issad pour
les deux premières et le conseiller présidentiel Missoum Sbih pour la troisième
– lesquelles ont été pourtant mises en place en grande pompe durant la première
mandature de la gouvernance de Abdelaziz Bouteflika.
A la vérité, s’il faut
donc applaudir la récente décision de publication du Rapport annuel de la Cour
des comptes pour 2016, il demeure que nul n’ignore que, pour rompre avec les
errements du passé, il avait bien fallu le souffle salvateur du hirak national
qui, depuis le 22 février 2019, ne cesse d’imposer des réajustements profonds à
maints domaines de la vie politique, économique et sociale de la nation.
Désormais, et quel que puisse être l’évolution des dynamiques en cours, les
pouvoirs publics sont tenus de conférer à la gestion économique et financière
du pays plus de transparence, sans quoi l’effet dévastateur de la rumeur
publique s’occupera d’amplifier, comme par le passé, les réalités que d’aucuns
croiraient pouvoir soustraire à l’opinion publique !
En attendant d’autres
actes et gestes de cette nature, félicitons-nous de la possibilité qu’ont déjà
les citoyens de pouvoir prendre connaissance, par eux-mêmes, du contenu, non
seulement du Rapport public de la Cour des comptes pour l’année 2016, mais
aussi de pas moins huit autres précédents documents du genre qu’il est loisible
à chacun de consulter sur le site officiel de ladite institution.
Souhaitons que les
chercheurs et autres universitaires, enseignants et étudiants, puissent trouver
dans la matière ainsi mise à leur disposition l’occasion d’enrichir leur réflexion
sur les questions de gestion de notre pays aux plans financier, économique et
social, cela avant que d’autres institutions publiques habilitées également, et
de par la loi, à communiquer les résultats de leurs travaux soient, à leur
tour, autorisées à lever les formes d’interdits tacites ou formels qui
restreignent à ce jour le droit du citoyen à accéder, pour maints autres
domaines et à l’exception de ceux d’entre eux soumis à la norme du secret
légal, à une information objective et significative.
Ce qui vient d’être
rappelé précédemment étant considéré, il faut tout de même s’étonner de ce que
l’initiative prise récemment de publier le dernier Rapport annuel de la Cour
des comptes ne fut relevé que par de rares médias alors que, à l’étranger, le
fait aurait constitué les Unes de la presse écrite et l’information d’ouverture
des chaînes de télévision. Il est vrai cependant, le moment de la publication
avait inopinément coïncidé avec les décisifs développements d’une actualité
politique marquée par le climat fébrile de l’organisation de l’événement de
l’élection présidentielle du 12 décembre 2019.
C’est pour ne pas
laisser persister un tel silence qu’il a paru indiqué de proposer, aujourd’hui
et ici, au lecteur assidu du supplément économique hebdomadaire d’El Watan, une
lecture rapide du contenu dudit Rapport, et ce, en attendant que les
spécialistes des finances publiques, en particulier, et ceux de l’économie, en
général, interviennent par des contributions plus fouillées sur les constats,
les observations et recommandations que la Cour des comptes a relevés au titre
de l’année 2016.
La forme du Rapport de la Cour des comptes pour
l’année 2016
Sous réserve de la
lecture et de l’opinion que chacun s’en fera, le contenu du Rapport annuel
publié, il y a maintenant plus d’un mois, pourra, à coup sûr, surprendre ceux
qui s’attendraient à y trouver des faits d’exception ou de type sensationnel,
comme il s’en trouve souvent dans les documents de l’espèce que produit, par
exemple, la Cour des comptes française. Pourtant, une lecture approfondie de la
substance de chacun des sujets traités dans la publication algérienne ne
manquera pas de susciter l’intérêt de nombreux citoyens et, plus sûrement
encore, de nombre d’universitaires et de la plupart des gestionnaires en place.
En particulier, ces derniers ne s’empêcheront pas de relever et de s’attarder
sur le type d’anomalies, négligences ou fautes de gestion reprochées à leurs
collègues. En fait, le profit que chacun pourrait avoir à découvrir par
lui-même le contenu de la publication considérée variera d’un centre de
préoccupation à un autre.
La première image qui
frappe le lecteur qui a entre les mains la copie intégrale du Rapport 2016 est
sa masse volumineuse – pas moins de 413 pages – dont la matière se distribue
entre quatre Parties relatives, la première, à l’exécution de la Loi de
finances 2016 et des programmes d’équipement de grands services de l’Etat, la
seconde aux conditions de prise en charge d’actions d’intérêt public par les
collectivités locales, la troisième à l’examen des conditions de gestion
d’aspects parfois particuliers d’entreprises et établissements publics et, la
quatrième enfin, au bilan d’activités de la Cour des comptes lequel a eu à être
opportunément adossé à la présentation d’un bref aperçu des ressources humaines
de la Cour ainsi que de ses moyens budgétaires.
Toujours s’agissant de
cet aspect formel, la deuxième remarque que n’évitera pas de relever le lecteur
non averti se rapporte au caractère quelque peu non actuel, dépassé diraient d’aucuns,
des données recueillies ou des exercices contrôlés. A ce propos, il importe
cependant de rappeler que, outre les retards inexcusables que cette juridiction
peut comptabiliser elle-même dans le traitement des dossiers, les résultats des
travaux de la Cour des comptes ont la caractéristique particulière d’être
soumis à des procédures légales incontournables aux délais absolument
incompressibles. Liés à l’engagement de la procédure contradictoire permettant
aux gestionnaires d’apporter leurs explications ou justifications au sujet des
faits ou observations les concernant, et ce, après que lesdits griefs eussent
été adoptés par la formation habilitée de l’institution.
De fait, un temps qui,
généralement, s’étend sur une année pleine ou à peine moins ; cela
indépendamment des contraintes nécessitées par le processus d’élaboration et
d’adoption du Rapport annuel lui-même !
En troisième lieu,
l’attention du lecteur doit être attirée sur l’intérêt que représente l’étude
des réponses que les gestionnaires et autorités de tutelle ont apportées aux
seize insertions proposées par la Cour. Reprises in extenso, elles sont de
nature à relativiser, parfois, les appréciations de cette dernière ; cela quand
la plupart d’entre elles ne font que les confirmer pleinement. Au-delà, c’est à
un véritable fécond débat que, au final, invite l’échange considéré que, bien
assurément, les universitaires et spécialistes des finances publiques ne
manqueront de soumettre à leur analyse critique.
Un effort auquel s’est
soustrait l’auteur de la présente contribution lequel, à une ou deux exceptions
près, s’est juste employé à présenter succinctement le contenu des principales
insertions, et ce, pour se conformer à la position de neutralité qu’il veut
s’imposer en raison de sa qualité d’ancien magistrat et responsable au sein de
la Cour des comptes.
Un budget 2016 marqué par une réduction des
dépenses et un redressement des recettes
Au titre de l’exécution
du budget 2016, la Cour a relevé une réduction non négligeable du déficit
budgétaire initialement prévu. Une baisse qui, a encore estimé cette
institution, aurait pu être plus sensible si le budget 2016 n’avait pas
été grevé de dépenses dites «imprévues» dont, cependant et bien hélas, aucune
explication n’est donnée, sinon que celles-ci sont insuffisamment
renseignées par le ministère des Finances, avait conclu le Rapport annuel.
Untel constat trouve
son explication dans la compression notable (12%) des dépenses de l’exercice
lequel accuse, en même temps, un redressement des recettes (10%) demeurant,
cependant, inférieur à celui de 2015 (15%), a observé la Cour. Toujours, pour
les recettes, il est noté que la fiscalité ordinaire y prend une part
prépondérante atteignant 66% alors que la fiscalité pétrolière est d’un apport
ne dépassant guère 33% (1682 milliards de dinars).
Cependant note, par
ailleurs, l’institution de contrôle, les «Restes à recouvrer» sur les droits
constatés du Trésor demeurent importants : 11 400 milliards DA, soit le
double des recettes budgétaires de l’année 2016 (5026 milliards Da).
Sur un autre plan, et à
titre toujours illustratif, la Cour n’a pas manqué d’attirer l’attention sur la
fraude et l’évasion fiscales (886 milliards Da) et les transferts sociaux (1841
milliards Da) lesquels représentent, quant à eux, pas moins de 10% du PIB.
Maintes autres données
et observations émaillent l’insertion relative à l’exécution du budget
2016 laquelle est, en fait, un extrait condensé du Rapport d’appréciation
qu’établit la Cour des comptes sur l’Avant-projet de loi de règlement
budgétaire (APLRB) que le gouvernement transmet à l’Assemblée législative,
laquelle, en dernière instance, lui délivre le quitus qu’exige l’examen de
l’exécution de la lois de finances considérée.
Un rapport
d’appréciation qu’élabore l’institution de contrôle laquelle agit, en la
matière, comme le ferait un commissaire aux comptes devant un Conseil
d’administration d’une entreprise dont il apprécie l’exactitude, la régularité
ou la sincérité de ses comptes et bilans annuels. Ce qui justifie, peut-être, le
caractère plutôt comptable du contenu de l’insertion considérée, laquelle, pour
les besoins d’une lecture publique, aurait gagné à être plus significative dans
la présentation des données, constats et observations retenus !
Des moyens d’action appréciables pour la Protection
civile
En exécution du plan
d’équipement élaboré en sa faveur au titre du programme de soutien à la
croissance, «PCSS», pour la période 2005-2009, et de celui dit de consolidation
de la croissance économique, «PCCE» décidé pour la période 2010-2014, l’Etat
est parvenu à doter la Protection civile d’instruments d’intervention
conséquents propres à lui permettre de faire efficacement face à toutes les
formes de dangers ou périls menaçant les citoyens et leurs biens comme aussi
les installations économiques du pays (incendies, noyades, calamités
naturelles….). A ce titre, on relève qu’une enveloppe globale de 89 milliards
Da a été dégagée pour
les périodes précitées au bout desquelles la Protection civile a pu disposer
d’un parc national de 3400 véhicules, soit de quoi équiper chacune de ses
unités opérant sur le terrain de trois ambulances et quatre engins, en moyenne…
Naturellement, l’examen des conditions dans lesquelles ont été effectuées ces
acquisitions a permis à la Cour des comptes de reprocher aux gestionnaires
diverses insuffisances ou anomalies auxquelles, cependant, la direction
générale de la Protection civile n’a pas manqué d’apporter des réponses
précises que le lecteur pourra apprécier.
Éducation nationale : un programme de formation
complémentaire d’enseignants insuffisamment pris en charge
En application des
recommandations émises par la commission de réforme de l’école, le gouvernement
a dégagé des moyens importants (45 milliards de DA) pour financer le programme
de formation complémentaire qui, étalé sur dix ans, devait permettre d’élever
le niveau des acquis scientifiques et de la qualification professionnelle des
anciens enseignants des cycles du fondamental (13 6000 maîtres) et du moyen (78
000 PEM). Au final, seuls 98 000 maîtres (73%) et 28 000 professeurs (36%)
desdits effectifs en ont bénéficié.
Sur les 17 milliards de
DA débloqués, seuls deux tiers des crédits ont été consommés. Le constat
d’insuccès ainsi établi a été étayé d’observations précises de la part de la Cour.
Les réponses apportées par les administrations concernées ont confirmé les
remarques émises par cette institution. A coup sûr, les lecteurs du Rapport
s’en feront une idée encore plus juste.
La contribution des établissements de
l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique à leur propre
financement, une expérience avortée
Au terme d’un
intéressant audit, la Cour des comptes a su établir un inventaire significatif
de contraintes d’ordre juridique ayant limité le niveau de concrétisation de l’objectif
visant la réduction de la charge budgétaire pesant annuellement sur l’Etat que
devait permettre l’exécution rémunérée de travaux et prestations effectuées, au
profit de tiers, en sus de leur mission principale, par les établissements
universitaires. Une insertion dont la lecture assidue laisse apparaître que les
résultats peu probants d’un tel programme sont, en apparence, dus à la
non-implication suffisante du ministère des Finances et des autorités de
tutelle des organismes concernés pour l’aménagement des meilleures conditions
de concrétisation d’un tel objectif.
La mobilisation des
ressources en eau par les directions de l’hydraulique des Wilayas de
Boumerdès, Blida et Médéa : Des résultats limités
Bien que le travail mené par la Cour eut surtout à privilégier l’appréciation
des niveaux d’exécution des opérations d’investissement là où le lecteur aurait
attendu une analyse plus rigoureuse des insuffisances et déficiences ayant
contraint la réalisation du programme, les habitants des localités devant
bénéficier des ouvrages et équipements ainsi planifiés auront, certainement et
pour ce qui les concerne, déjà la satisfaction de disposer de données et
informations validées par l’institution de contrôle.
Et ce n’est pas peu
lorsque le citoyen sait les imperfections entourant celles portées à sa
connaissance par d’autres canaux de communication. Ainsi, les lecteurs des
régions concernées pourront-ils noter la faiblesse des réalisations pour des
causes qui, pour certaines, sont loin d’être insurmontables ; cela quand
tout le monde se surprendra, par exemple, à apprendre que sur les 100 000
m3 que livrent tous les jours les 13 stations de dessalement de l’eau de mer de
Cap Djinet, seulement un tiers de cette production était utilisé en 2016 !
Communes : Une gestion nécessitant plus de
rigueur et de dynamisme
Parallèlement au
contrôle de la régularité et de l’exactitude des dépenses des communes
auxquelles elle procède lorsqu’elle apure les comptes annuels de ces
collectivités, la Cour des comptes a fait le bon choix de s’inquiéter de la
gestion du patrimoine immobilier que la plupart des municipalités du pays
possèdent. Il en a résulté que celles-ci, du moins dans la majorité des cas
celles d’entre elles qui ont été concernées par de telles investigations, n’en
ont guère tiré les revenus appréciables qu’elles pouvaient en attendre.
En moyenne, ceux-ci
atteignent à peine 5% de leur budget de fonctionnement ! Parmi les
diverses causes mises en exergue pour justifier de telles carences, le citoyen
ne manquera pas de relever, par exemple, que la gestion des biens de l’espèce
ne fait guère l’objet du soin attentif requis, et ce, même si bien des
contraintes objectives déclinées par la Cour expliqueraient le fait.
Outre cette question
d’ordre éminemment budgétaire, les contrôles de cette dernière ont eu aussi à
s’intéresser à divers autres sujets. Tels ceux relatifs au soutien aux
catégories sociales défavorisées de communes du Sud du pays, à la réalisation
du programme d’informatisation de l’état civil des communes de cinq wilayas de
l’Oranie et, enfin, au problème de l’enlèvement des ordures des communes
chefs-lieux de Blida et de Chlef. Cela sans oublier l’appréciation du programme
(2005-2017) dit d’amélioration urbaine de la commune de Annaba d’un montant
prévisionnel global de 1600 milliards de centimes. Des informations, sans
doute, intéressantes pour beaucoup de lecteurs !
Recours non souvent fondé à la procédure dite de
«l’urgence impérieuse» à la Wilaya d’Alger
Notant qu’elle est
appliquée à 10% des dépenses exécutées au profit de ladite circonscription
territoriale, le Rapport annuel de la Cour des comptes relève qu’une telle
pratique, prévue certes par la loi, ne fut nullement, ou si peu, justifiée dans
la plupart des cas. La Cour a appuyé son constat d’exemples précis fort
significatifs, lesquels ne manqueront pas, tout a priori, d’inspirer les
gestionnaires de collectivités à plus de circonspection lorsqu’il s’agira pour
eux de recourir à la procédure légale considérée
La
Cour s’intéresse à des aspects particuliers de la gestion d’Entreprises et
établissements publics
Dans cette partie de
son Rapport, la Cour a orienté ses contrôles sur cibles qui, à première vue, ne
semblent pas comporter des risques élevés tant le lecteur peut s’étonner du
caractère limité des constats et observations relevés. A l’exception de
l’appréciation de la gestion de la Caisse générale des marchés publics (CGMP),
les objectifs assignés aux évaluations engagés sur la gestion d’activités
déterminées du Laboratoire de contrôle des produits pharmaceutiques (LNCPP), de
la formation des cadres et agents de la Caisse des assurances (CAAT) et de
l’Agence nationale de contrôle et de régulation des activités dans le domaine
de l’hydraulique (ARA) ne semblaient pas avoir été des plus affinés. Du moins,
à comparer la nature des constats et observations retenus par la Cour avec les
résultats auxquels ses autres contrôles ont aboutis au titre de nombre des
insertions précédemment présentées.
La Cour des comptes et son bilan annuel d’action
La quatrième partie du
Rapport annuel est, à première vue, une innovation qui ne manquera pas d’être
appréciée par de nombreux lecteurs dès lors qu’elle leur offre l’occasion
d’avoir un aperçu succinct de la contribution qu’apporte la Cour des comptes
aux activités des organisations internationales dont elle fait partie et,
ensuite et surtout, d’apprécier un aspect méconnu du bilan d’action de cette
institution, lequel ne ressort pas obligatoirement de la lecture de ses
Rapports publics. Ainsi pourra-t-on relever, à ce dernier titre, qu’en 2017 la
juridiction financière a eu à formaliser, dans le cadre de ses attributions,
1528 actes, dont 158 de caractère dit administratif (notes d’appréciation
relatives à la qualité de la gestion, notes de principe et lettres de présidents
de Chambre).
L’activité
juridictionnelle s’est, pour sa part, traduite par l’adoption de 809 arrêts
définitifs, dont 92 (11%) prononçaient la mise en débet – l’obligation de
rembourser de ses propres deniers – pour un montant total de
38 707 000 Da de comptables publics reconnus avoir fait des paiements
à tort ou n’ont pas accompli les diligences nécessaires pour recouvrer des
sommes auprès des débiteurs du Trésor public.
Toujours en ce qui
concerne la mise en jeu de la responsabilité des gestionnaires, la juridiction
financière a eu à déférer devant sa formation spécialisée, dite Chambre de
discipline budgétaire et financière (CDBF), pas moins de 51 affaires au terme
du jugement desquelles des amendes ont été infligées aux ordonnateurs et autres
gestionnaires fautifs, cela nonobstant la poursuite des intéressés devant les
juridictions pénales lesquelles ont été, à ce titre, rendues destinataires de
33 dossiers consignant des faits comportant des présomptions d’infractions de
caractère délictueux ou, éventuellement, criminels.
Assurément, une charge
de travail supplémentaire assez lourde pour les 128 magistrats opérationnels
que la Cour enregistre dans les effectifs qu’elle a dénombrés dans la quatrième
partie de son Rapport annuel. Toutefois, le champ de contrôle de l’institution
est si vaste que, tout manifestement, le nombre de conseillers et auditeurs,
mais aussi de vérificateurs, doit être rapidement multiplié tant le plan de
charge de cette dernière est vaste et varié – plus de 5000 comptes de gestion
déposés en moyenne chaque année pour être apurés, alors que 800 seulement (16%)
ont pu être soumis à cette procédure, toujours selon les données révélées par
le Rapport annuel.
Assurément, la Cour des
comptes doit requérir une attention plus soutenue de la part du gouvernement
pour mettre davantage à niveau l’ensemble de ses moyens d’action tout autant
que ses méthodes d’intervention et de travail. A cet égard, il est heureux de
noter, d’ores et déjà, que l’Exécutif qui présente ces jours-ci son programme
d’action au Parlement entend aller dans ce sens vis-à-vis de l’ensemble des
organes de contrôle, et il a cité à ce titre la Cour des comptes et
l’Inspection générale des finances (IGF).