ENERGIE- PERSONNALITES-
BRAHIMI MOHAMED (DOYEN DES PETROLIERS)
© Abdellah Bourim/L’Expression,
dimanche 16 février 2020
Surnommé
«le doyen des pétroliers». Lui, c’est le foreur qui s’est, non seulement, forgé
seul durant sa carrière dans les hydrocarbures, mais qui a aussi formé des
générations dans ce domaine. Mohamed Brahimi, natif
de la wilaya de Ménéa dans le sud du pays, est le
maître d’œuvre d’une «success story» qui devrait être
«enseignée à des générations d’Algériens», selon ses amis, cadres de la Sonatrach.
Inconnu ou totalement méconnu du grand public, «le maître a laissé son
empreinte dans l’industrie pétrolière nationale», témoignent ses collègues,
lors d’une cérémonie que le Centre de recherche sur l’information scientifique
et technique a organisée, samedi 15, à
son honneur. Une rencontre où étaient présents des ministres, des politiques et
des cadres de la Compagnie nationale des hydrocarbures, la Sonatrach,
à l’instar du fondateur de la Sonatrach, Sid Ahmed Ghozali, Aït El Hocine ex-directeur de la compagnie
pétrolière, l’ancien chef du gouvernement, Ahmed Benbitour,
le président de l’APN, Slimane Chenine,
Cette rencontre est également une occasion pour la présentation de la
biographie de Mohamed Brahimi, écrite par le
professeur Khiati intitulée «Mohamed Brahimi. Le maître des derricks» où il retrace le parcours
«exceptionnel» de l’homme qui «était l’un des pionniers» de l’industrie
pétrolière en Algérie. «C’est un homme qui n’a pas fait d’école comme tous les
enfants de son âge qui étaient destinés à changer les roues des voitures ou de
démonter des moteurs. Mais lui, il n’a pas accepté ce destin. Il s’est investi
dès son jeune âge dans l’apprentissage de la langue anglaise, et ce avec l’aide
d’un Hollandais qui l’avait inscrit à des cours par correspondance à l’Institut
français du pétrole.» Il fallait donc attendre l’année 1956, lors de la
découverte du premier puits de pétrole dans le Sud algérien par la France
coloniale, pour que ce dernier saisisse l’occasion et entame une carrière dans
le domaine. «En 1956, il a découvert le pétrole et s’est intéressé à cela. Sa
force physique et sa maîtrise de la langue anglaise lui ont permis d’intégrer
le secteur et de faire carrière dans le domaine.» Depuis, il a exercé le métier
de «foreur» dans plusieurs compagnies étrangères qui exerçaient sur le sol
national jusqu’au 23 février 1971, le jour de la nationalisation des
hydrocarbures et de l’homme qui est devenu par la suite l’un «des meilleurs
formateurs en forage à la Sonatrach», témoignent ses
compagnons.
Pour Abdelmadjid Attar, ex-directeur général de la Sonatrach,
«l’homme est une école de forage. Il a formé des générations dans ce domaine.
Elles sont devenues par la suite des managers dans différentes régions du
monde».
«C’est aussi une école des éruptions, c’est un monsieur qui a vu une vingtaine
d’éruptions, c’est un connaisseur dans ce domaine, jamais un homme n’a fait
autant d’irruptions dans le monde. Dommage que l’Algérie ne lui ait pas accordé
une certaine importance», regrette le professeur Khiati,
auteur de la biographie.
Invité à prendre la parole, Mohamed Brahimi, s’est
dit très heureux «C’est un immense honneur pour moi de recevoir ce livre, je
ressens comme une gratification récompensant plusieurs décennies de travail au
service d’un idéal qui ne m’a jamais quitté, celui de servir mon entreprise et
celui de mon pays.»
Revenant sur son parcours, l’intervenant a mis en évidence les difficultés
qu’il avait rencontrées sur son passage pour atteindre son objectif. «Cela n’a
pas été toujours facile pour moi de tracer mon chemin grâce à certaines
personnes qui sont présentes dans cette salle et d’autres qui nous ont
malheureusement quittés et pour qui j’ai une pieuse pensée. J’ai réussi à
surmonter les aléas de la vie et à relever les défis nombreux et particuliers à
cette période de l’histoire de l’industrie pétrolière dans notre pays»,
affirme-t-il. A la fin de cette cérémonie, le «maître-foreur» s’est confié à
l’assistance. Entre ses mains un cadre portant l’acte de franchise de
grand-mère. «Ce que vous voyez dans cette photo est l’acte de franchise de ma
grand-mère qui a été ramenée du Mali comme esclave. Elle a été libérée en 1898.
Elle a pris le soin de mon père après la mort du sien, qui l’a laissé à l’âge
de 6 ans», déclare-t-il avec plein d’émotion.