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Rencontre Gouvernement/Walis 16/2/2020- Allocution A.Tebboune

Date de création: 21-02-2020 20:07
Dernière mise à jour: 21-02-2020 20:07
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ADMINISTRATION- WILAYATE - RENCONTRE GOUVERNEMENT/WALIS,D.16/2/2020- ALLOCUTION A. TEBBOUNE

© Synthèse Neila Benrahal /El Moudjahid, lundi 17 février 2020 

 Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a annoncé, dimanche 16 février 2020, à Alger, l’élaboration d’une loi criminalisant le non-paiement des impôts.

Il a également fixé un délai  d'une année aux walis pour évaluer la mise en œuvre des projets engagés.  «Les premiers résultats devront être concrétisés,  dans le domaine de l’amélioration du cadre de vie des citoyens,  d'ici 3 à 4 mois»,  a-t-il lancé aux walis lors de la rencontre gouvernement-walis, qui s’est ouverte au Palais des nations de Club des Pins.

 Une première, lors des travaux de la réunion gouvernement-walis, tenus en présence du président de la République, Abdelmadjid Tebboune. Un reportage émouvant, réalisé par la direction de l’information à la présidence et l’ENTV, sur instruction de M. Tebboune, montrant la souffrance et la marginalisation des populations dans «les zones d’ombre».

Des jeunes, moins jeunes, des élèves et des habitants à l’Est, à  l’Ouest et à l’extrême Sud du pays, se plaignant de l’absence totale des commodités, notamment l’eau potable, l’électricité, le transport scolaire, les cantines scolaires... Ils s’exprimaient en toute franchise et sans censure et criaient leur détresse, mettant en cause les responsables locaux.

«Ils n’ont aucune appartenance politique. Les images résument la situation dans ces régions d’ombre. Des citoyens qui vivent une période de l’avant-62, alors que nous avons les moyens», a insisté le président de la République, dans son discours, à l’occasion de l’ouverture des travaux de la réunion gouvernement-walis. Ont assisté à cette rencontre, les membres du gouvernement, les walis, walis délégués, élus et partenaires socioéconomiques. Dans son discours, le chef de l’Etat a souligné les grands axes de la mise en œuvre du plan de développement local, tout en insistant sur l’impératif de «l’amélioration du cadre de vie des citoyens». Il a indiqué que «cette réunion est une occasion qui réunit l'autorité de planification et l'autorité d'interface locale» pour un objectif unique et un effort unifié afin de «prendre en charge les aspirations des citoyens et mettre un terme à leurs souffrances, dans le cadre d'une nouvelle ère et d’une nouvelle République, de manière à construire une Algérie nouvelle».

 Hommage au Hirak 

 Le président a entamé son allocution  par un hommage au mouvement populaire pacifique, qui célèbre sa première année. «Le Hirak traduit la volonté du peuple qui est sorti, sous la haute protection de l’ANP, revendiquer le changement radical et rejetant toute aventure qui pouvait conduire à l'effondrement de l'Etat national et de ses piliers pour revivre la tragédie vécue lors des années 90». «Ce peuple a réitéré cet engagement, en toute responsabilité en décembre dernier, à l’occasion des élections présidentielles transparentes. Telle a été la volonté invincible du peuple, car émanant de la volonté de Dieu», a assuré le président de la République. Le Hirak, qui a permis l'émergence de plusieurs mécanismes, à l'instar de l'Autorité nationale indépendante des élections (ANIE), a remis l'Algérie sur les rails de la légitimité, la préservant ainsi de l'aventurisme», a affirmé le Président Tebboune.

« J’ai réitéré mon engagement pour le changement radical et la satisfaction ainsi des revendications du Hirak et nous sommes,  aujourd’hui ici, pour la mise en œuvre de ces revendications », a-t-il poursuivi. Le président de la République a déclaré à l’assistance : «Dans ce contexte particulier, nous sommes dans l’obligation du changement notamment au niveau local, à travers la rupture définitivement avec les anciennes pratiques et le rapprochement avec les citoyens afin de briser le cloisonnement créé par le passé entre le citoyen et l'Etat pour rétablir la confiance perdue». « Cet objectif pourra se traduire à travers l'adoption d'un nouveau mode de gouvernance assaini de tous les vices, ambiguïtés, corruption ou autoritarisme», et ce, dans le but de préserver le droit du citoyen et sa dignité, a-t-il ajouté. Dans ce sens, le président de la République a évoqué une réflexion profonde lancée, avec la participation de tous les acteurs, en vue d'instaurer la décentralisation de la gestion locale. «Certains textes se sont révélés aujourd'hui caducs. Ils nécessitent une adaptation à la situation et aux défis», dit-il, précisant que le mode de gestion devra suivre et s’adapter à l'évolution démographique. Le chef de l’Etat a, dans cet ordre d’idées, donné plusieurs instructions aux walis. Elles concernent,  entre autres, «l’intensification des visites d’inspection notamment aux zones d’ombre». Il a mis, en outre,  en avant l’importance du contrôle populaire. «Il faut désigner des chargés de mission, qui se déplacent en visites d’inspection. Il faut recourir aux vidéos et filmer et dépasser les rapports écrits», exigera-t-il.

 Pas de ligne rouge dans la révision de la Constitution, hormis  l’unité et l’identité nationales

 Evoquant la révision de la Constitution, le président de la République a indiqué qu’il a reçu récemment le président du Comité d'experts chargé de formuler des propositions pour la  révision constitutionnelle, Ahmed Laraba. «Il m’a présenté un exposé. Je lui ai affirmé qu’il n'existe aucune ligne rouge dans la révision constitutionnelle prévue, hormis ce qui a trait à l'unité et à l'identité nationales», relèvera-t-il. Le chef de l’Etat a, à cet égard, rappelé que, dès sa finalisation, la première mouture de la révision constitutionnelle sera distribuée à tous «afin que la Constitution soit consensuelle», estimant que «tout un chacun est en droit d'émettre un avis, négatif ou positif» sur ce document.

La prochaine Constitution «consacrera la séparation des pouvoirs pour définir les missions de chacun. Cela nous permettra de rompre avec les anciennes pratiques et les dérapages de l'autocratie» a-t-il indiqué. Cette révision intervient dans le cadre de la «nouvelle politique que nous voulons adopter pour opérer le changement», a-t-il dit, ajoutant : «Nous devons bâtir ensemble une démocratie réelle et solide, non conjoncturelle et pas sur mesure. Nous empruntons progressivement cette voie»,  notant que  la Constitution est «la base même de la gouvernance dans tous les systèmes».

A l’occasion, il a évoqué la possibilité de la création d’une cour constitutionnelle  indépendante «qui examinera les conflits et les requêtes opposant  les Pouvoirs,  en plus de l'actuel Conseil constitutionnel», précisant qu’à l’instar de l’ANIE,  cette juridiction sera indépendante.

Il sera procédé, par la suite, à la révision de la loi organique relative au régime électoral, dans le cadre d'une démarche visant à «écarter l'argent sale et les corrompus de la politique» et permettre «l'émergence d'une nouvelle classe politique de jeunes». 

 Une loi-cadre contre les faux bénéficiaires de logements 

 La lutte contre la corruption sera poursuivie sur tous les plans et «avec rigueur», a aussi assuré M. Tebboune, de même que l’abus de fonctions.  S’adressant aux walis, le Président a indiqué que la corruption a porté préjudice à l’économie nationale et mis le citoyen face à «la petite corruption» qui est plus dangereuse car elle touche directement le citoyen lésé qui est en droit de bénéficier des services de l'administration et de demander les documents dont il a besoin, sans qu'une quelconque compensation lui soit exigée en contrepartie. Le président de la République a révélé que 16.800 certificats de résidence falsifiés ont été recensés, vendus à 1.500 DA le document. «Il faut combattre ce phénomène. Personne n’est protégé. L’abus de fonctions dans le but de s'enrichir est immoral, d’où l'impératif de lutter contre ce phénomène, car nul n'a le droit d'exiger au citoyen une compensation en contrepartie d'un service», a-t-il insisté. Dans  ce sens, le Président a annoncé la saisine du Premier ministre et du ministre de la Justice pour l’élaboration prochaine d’une loi-cadre pour la criminalisation de tout faussaire dans le but de bénéficier indûment d’un droit, notamment le logement. «Il sera condamné entre 5 et 10 ans de prison ferme». Le président a  insisté sur le recours au Fichier national du logement et son assainissement. Il a, par ailleurs,  exhorté les responsables concernés à honorer leurs engagements vis-à-vis du citoyen qui «sait pertinemment distinguer le véritable responsable, de celui qui veut gagner du temps». Il les a appelés à adopter un discours réel et sincère. «Il faut éviter de faire de fausses promesses et ne promettre que ce que nous sommes réellement en mesure d'offrir aux citoyens, dont il ne faut plus négliger et dédaigner les préoccupations», a-t-il insisté. 

M. Tebboune a insisté, en outre, sur le contrôle technique des projets, la justice sociale et la digitalisation. «Les responsables centraux et locaux doivent lutter contre le gaspillage des dépenses publiques. Les dépenses publiques doivent être affectées au règlement des problèmes de développement et non pas gaspillées et utilisées pour la réfection des trottoirs tous les six mois».

 Limiter les cortèges officiels 

 Il a relevé que «les trottoirs sont parfois rénovés tous les six mois, alors que le citoyen habitant à 5 kilomètres du chef-lieu de la wilaya manque d'eau et d'électricité», soulignant l'impératif de maîtriser et de contrôler les marchés publics. «Le contrôle technique a fait défaut,  faisant de chaque investissement de développement local une source de gaspillage. Ce que nous réalisons est refait trois ou six mois après, et ce en toute impunité», a-t-il ajouté. «Les directions techniques relevant des ministères techniques seront désormais responsables de la qualité», a indiqué le président de la République, relevant l'impératif d'adopter «des normes permettant de développer le pays sans gaspillage aucun, ni recours à de nouveaux travaux déja réalisés, après quelques mois».

Aux ministres, il dira qu’ «il faut lutter contre le gaspillage, notamment à l'occasion des visites qui doivent devenir le slogan de la résolution des problèmes de développement. Les visites ne sont pas synonymes d'ostentation et de festins, nous devons éviter les cortèges composés de 20 à 30 voitures et dont seulement trois ou quatre véhicules transportent les personnes concernées». Aussi, les cortèges ministériels doivent «impérativement transporter les personnes concernées seulement, et si le déplacement sur le terrain est indispensable, il y a le transport public voire les bus», a-t-il instruit.  

 Vers une loi criminalisant le non-paiement des impôts 

 Le président de la République a, par ailleurs, annoncé la préparation d'une loi criminalisant le non-paiement des impôts. «Une loi criminalisant le non-paiement des impôts est prévue, à l'instar de ce qui est en vigueur dans plusieurs pays à travers le monde, dont les Etats-Unis où le non-paiement des impôts est considéré comme étant un crime économique», dira-t-il. «Des hommes d’affaires ont été classés parmi les plus riches de ce pays, alors qu'ils ne payent pas leurs impôts, alors que le fonctionnaire, lui, s'acquitte de ses impôts par retenue sur salaire», a-t-il relevé. «Vous savez que 1.216 milliards de dinars constituent le montant global des dettes, en janvier 2020, des investisseurs algériens auprès des banques», a affirmé le chef de l’Etat. «Le passé récent tragique a provoqué une hémorragie des fonds de l'Etat, en devises et en dinar. C'est pourquoi les citoyens s'interrogent aujourd'hui sur les méthodes à même de garantir les financements», a-t-il précisé, déplorant le fait que «le financement existe mais les remboursements ne sont pas effectués».  S’adressant au ministre de l’Industrie, Ferhat Aït Ali, le Président a indiqué  qu’il lui a donné des instructions «afin de mettre en place en extrême urgence un nouveau modèle industriel pour donner un élan au secteur». Notre économie est totalement «désarticulée sous l’effet de la fraude et de la surfacturation», a déploré M. Tebboune,  qui a annoncé l’interdiction stricte d'importation des matières produites en Algérie. Il a assuré que les moyens existent. «80 milliards de DA  ont été  octroyés aux communes, sur deux tranches, à la fin de l'exercice écoulé et 100 milliards autres seront  dégagés au mois d'avril prochain, puisés du Fonds de  solidarité du ministère de l'Intérieur», a-t-il fait savoir. «Il suffit de les mobiliser», a-t-il dit. Il a insisté, en outre, sur le travail de proximité et le développement de proximité. «Il faut améliorer le cadre de vie des citoyens  et garantir une justice sociale. Certains jouent avec des milliards et ont des avions et d’autres sont marginalisés. C’est intolérable. On ne demande  pas de transformer  les villages en villes, mais d’œuvrer au développement durable des communes», a-t-il insisté.