SPORTS-
BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ESSAI YAZID OUAHIB- « AHCENE LALMAS,LA LEGENDE »
AHCENE LALMAS, LA LÉGENDE. Essai de Yazid Ouahib, Aca, Alger 2019, 363 pages et album photos, 1 000
dinars.
Une idée, dit-il, que hantait son esprit depuis bien
longtemps. Ecrire un ouvrage sur une des plus grandes
légendes, sinon la plus grande du football national contemporain (post-62).....celle
de Ahcene Lalmas. Car, certainement, il y en eut des
célébrités..... : locales , régionales,
nationales et internationales dont on parle aujourd’hui encore , même chez les
tout jeunes : Madjer, Belloumi,
Assad, Zefzef, Attoui « Baba Ali », Draoui,
Hadefi, Oudjani, Bouchache, Hachouf, Seridi, Melaksou, Koussim, Gamouh, Freha, Nassou, Kalem, Bencheikh .....et d’autres et d’autres. Mais, Lalmas a été celui qui a le plus marqué les
esprits ....par son jeu et son style , par sa régularité, par son caractère et son engagement ...et
aussi, parce qu’il a eu, aussi, la ...mal-« chance » d’être si
« aimé » par tous les publics
de tous les stades algériens et si fédérateur que le « pouvoir »
algérien lui avait interdit de
s’expatrier. Une icône ? Non, une idole.......durant toute sa carrière
mais aussi jusqu’à son décès....et
après. Toujours imité , parfois chahuté, mais jamais
égalé.
Lalmas, un nom qui se suffit à lui-même : Né le 12 mars
1943 à Bir Mourad Rais (Alger).....pas très loin du
stade communal (aujourd’hui Iguer) dans une famille
de sept enfants. Le plus jeune des garçons.....Les vastes champs de Tixeraine,.....l’école......le foot sur les terrains vagues
des environs...... l’équipe de quartier (de la « Colonne
Voirol »)....l’école de football d’Hydra.....1956, à l’âge de 13 ans, les
activités sportives (des juniors et seniors) sont gelées suite à l’appel du
Fln......apprenti tôlier......déménagement , en 58, à Appreval
(Kouba) .....et toujours le foot dans des rencontres
de quartier (7 contre 7) . Mais, déjà célèbre....guide
et meneur de jeu !
Septembre 62, premier championnat critérium
organisé par la Ligue d’Alger. Une longue et riche carrière allait
commencer : Om Ruisseau à tout juste 20 ans (côtoyant ainsi Abdelghani Zitouni, durant une
seule saison, 62-63) ) , Cr Belouizdad (ex-Belcourt)
(« venu comme un roi, il est parti comme un seigneur »), mille et une
sollicitations dont plusieurs étrangères (et un « niet » catégorique
des autorités de l’époque) , équipe nationale dont il devint assez vite le
« patron » (Onze ans de carrière internationale......dirigé par onze
sélectionneurs. Début en tant que titulaire contre la Bulgarie le 6 janvier
1963 au stade du 20 août, à l’âge de 19 ans et 10 mois. Victoire : 2-1)
.....joueur, entraîneur-joueur (dont Crb et Ir Santé) , coach des jeunes, membre du Bureau
fédéral de la Faf.....et même bien placé pour être sélectionneur des Verts,
mais écarté « sous la pression de ceux qui ne le portaient pas dans leur
cœur »......Des victoires, des buts (dont un marqué , le 4 novembre 1964,
au légendaire Lev Yachine de l’Urss) et encore des
buts, des sacres, des défaites, des heurts, des sanctions (à cause de son
franc-parler !) , des mises à l’écart, de l’amertume, des solidarités, des
amitiés solides et durables, la vie familiale .....et, une carrière pas facile du tout, tout particulièrement durant les années 90,
d’officier de .......police
(commissariat.....à Belouizdad....au
plus fort du terrorisme ). Dernière apparition sous le
maillot vert......à 31 ans et 8 mois.
Il a fallu que la maladie (un accident cardio-vasculaire durant l’été 2010) le freine.....le seul
match qu’il n’a pas dominé. Un match qui a duré 8 ans.
Il est mort le 8 juillet 2018.
L’Auteur :
Né à Alger (Kouba). Licence en journalisme de
l’Université d’Alger/Ensj. Journaliste à partir de mi-70: Jeunesse
Action, El Hadef, Algérie Actualités, El
Moudjahid.....correspondant de l’Equipe (France) , Abola (Portugal) , African soccer
(Londres) ......., membre fondateur- en
1990 - du quotidien El Watan dont il est le
responsable de la rubrique Sports. Depuis 2008, membre du jury du « Ballon
d’or France football » et, de 2004 à 2013, membre de la commission médias de la Caf.
Extraits : « Ses
admirateurs sont bien plus nombreux que ses détracteurs » (p15), « Sa
franchise n’a pas été toujours bien acceptée.....Il s’est construit comme
joueur dans ce climat où seul le plus fort survivait » (p 180),
« Lalmas avait un grand cœur. Il volait toujours
au secours des pauvres et démunis....sans le crier sur tous toits »(p 183), « La vie d’Ahcène Lalmas n’ a pas été un long fleuve tranquille. Elle a été
un combat permanent du début jusqu’à la fin ....Il n’a jamais eu peur de
l’adversité même lorsqu’elle avançait masquée» (p 295)
Avis :Un
exercice pas aisé mais un exercice réussi ! Ce sont des ouvrages de ce
genre qui manquent le plus...pour mettre en valeur et en exergue les valeurs
premières et essentielles de la réussite personnelle et professionnelle basée
sur le talent (et le génie parfois) mais aussi et surtout sur l’effort et la
constance.....et le respect du travail bien fait, pour le plus grand bonheur
des publics.
Citations : « Dès
le départ, il avait un idéal. Être le meilleur partout et en toute
circonstance. Les adversités qu’il a affrontées sur les terrains vagues,
d’abord, et en compétitions officielles, ensuite, ont forgé son caractère de
gagneur, de battant et d’homme de défis » (p 209), « Qui dit juge,
dit loyauté et esprit d’équité. Je ne crois pas qu’un arbitre utilise la bonne
manière en me priant de me taire lorsque je réclame après un droit que
m’octroient les règlements qu’il est tenu d’appliquer. Si j’étais arbitre,
j’expliquerai ma tâche aux joueurs et l’erreur étant tout à fait humaine, je
leur demanderais de m’aider. Un arbitre qui exige le respect doit d’abord
respecter les joueurs et que ces derniers sentent ce respect. Alors, mais alors
seulement , tout ira pour le mieux j’espère» (A. Lalmas, p 357),