ECONOMIE- ETUDES ET ANALYSES- ALGERIE COFACE 2020
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Meziane Rabhi/Liberté
L’assureur-crédit français Coface a maintenu l'Algérie dans
la catégorie C, qui concerne les pays à “risque élevé”.
L’incertitude
politique et la persistance des difficultés du secteur des hydrocarbures pèsent
sur la croissance économique en Algérie. C’est du moins ce que relève la
Compagnie française d'assurances pour le commerce extérieur (Coface), qui a
publié, mardi 4 février 2020, son guide
risque pays. L’assureur-crédit a maintenu l'Algérie dans la catégorie C, qui
concerne les pays à “risque élevé”. En d’autres termes, la Coface juge
incertaines les perspectives économiques et financières.
Le contexte
politique peut être instable et l’environnement des affaires comporte
d’importantes lacunes. Dans son appréciation du risque, la Coface fait état
d’un ralentissement de la croissance en 2019, estimée à seulement 0,8%,
“pénalisée par l’incertitude politique et la persistance des difficultés du
secteur des hydrocarbures”. En 2020, elle devrait rebondir, mais resterait
faible, prévoit l’assureur-crédit français, qui table sur un taux de 1,6%.
Alors que les perspectives sont peu favorables pour les prix du pétrole, “le déclin
progressif de la production de pétrole et de gaz, imputable à l’épuisement des
champs et aux infrastructures vieillissantes, et la croissance de la
consommation domestique de gaz naturel devraient continuer à peser sur
l’évolution des recettes d’exportations”, indique la Coface.
L’assureur-crédit
estime que l’adoption de la nouvelle loi sur les hydrocarbures et l’abrogation
de la règle 49/51 régissant l’investissement direct étranger pourraient
encourager l’investissement privé. Mais, nuance-t-il, “les investisseurs
risquent de se montrer hésitants face à la résistance de la rue à l’égard de
ces textes et, plus globalement, au climat politique incertain”. En outre,
précise la Coface, “l’activité du secteur privé local devrait également
continuer d’être perturbée par les changements abrupts dans l’encadrement et la
gestion des entreprises provoqués par les enquêtes anti-corruption”.
Par ailleurs,
l’investissement public pourrait être entravé par l’espace budgétaire
restreint. L’assureur-crédit français évoque la persistance du déficit du
déficit budgétaire à un niveau élevé cette année. “Avec plus d’un tiers des
recettes générées par le secteur des hydrocarbures, les ressources budgétaires
devraient rester entravées par les difficultés du secteur. En dépit des
augmentations de la fiscalité (hausse de la taxe de domiciliation bancaire par
exemple), la faible croissance devrait se répercuter sur leur évolution. Les
augmentations d’impôts devraient également rester limitées pour éviter
d’alimenter la grogne sociale” note l’assureur.
Aussi, ajoute la
Coface, “malgré les velléités de réduction du train de vie de l’État, les
dépenses de fonctionnement, notamment la masse salariale publique, et les
transferts sociaux devraient être préservés aux dépens de la dépense
d’investissement en capital”. La Coface anticipe la poursuite de l’érosion des
réserves de changes, estimant que le solde courant devrait rester déficitaire,
pénalisé par l’important déficit commercial. Les récentes découvertes de gaz ne
devraient pas permettre d’enrayer le déclin des recettes d’exportations des
hydrocarbures à court terme.
“L’excédent de
la balance des transferts, alimentée essentiellement par les envois de fonds de
travailleurs expatriés, ne comblera pas les déficits plus élevés des revenus et
des services. Ce déficit devrait continuer d’être financé en ponctionnant les
réserves de changes, poursuivant leur chute quasi ininterrompue depuis 2014”,
indique le rapport. La Coface estime que l’élection
présidentielle du 12 décembre dernier “ne semble pas offrir un règlement
définitif à la crise politique qui secoue le pays”. Pour l’assureur-crédit
français, “les tensions politiques et sociales sont susceptibles de rester
élevées. La prévalence de la pauvreté, le manque d’opportunités d’emplois et le
contexte économique difficile alimenteront probablement aussi le
mécontentement”.