CULTURE-
RELIGION- ISLAM- SIDI M’HAMED BOUQABRINE (ALGER/ATH SMAIL)
Sidi M'hamed Ben Abderrahmane Ben Youssouf Al Idrissi
Al Hassani Ezzouaoui Al Azhari,
dit aussi M’hamed Ben Abderrahmane Ben Ahmed El Guechtouli, El Djerdjeri, El Azhari, appartenait à la tribu des Guejtoula
d’où le surnom d’El Guejtouli, El Djerdjeri
pour le Djurdjura d’où il venait et El Azhari pour
l’université Al Azhar ou il va étudier vers l’âge de 20 ans. Sidi M'hamed est issu de la faction des At
Smaïl dans la région de Boghni
en Kabylie de la tribu berbère des Iguejtoulen, où il
naquit, selon certaines sources, vers 1720.
Issu
d'une famille maraboutique, il fut très tôt dirigé vers les sciences de la
religion musulmane. Il étudia dans une des zaouïa du
Djurdjura surnommé «Montagne de la lumière» (Djebel Ennour).
Il apprit le Coran et les fondements de la religion auprès du Cheikh Sidi
Hussein Ben Aârab des At Iraten, qui fonda sazaouïa après
son retour d'Égypte.
À
l’époque, toutes les zaouïates du pays enseignaient
la langue arabe, le Coran, le hadith, le fiqh, la
charia, la poésie mais également les mathématiques et l’astronomie.
Très
jeune déjà il commence à étudier les sciences religieuses dans sa région d’abord.
Par la suite il entreprit un voyage en Orient pour approfondir sa science et
compléter ses connaissances. M’hamed Ben Abderrahmane
va alors à l’université Al Azhar en Égypte pour étudier. Il réside dans le riouak (galerie) des maghrébins. Là il se lie d'amitié avec
«le petit Malik» (fameux commentateur de Khalil),
le cheikh Ahmed Edderdir (1715-1786), qui prendra la
succession du cheikh Al Hafnaoui, à la tête de la tariqa Khalwatiya.
Par
l'entremise d'Edderdir, Sidi M'hamed
rencontrera le cheikh El Hafnaoui qui l'initia,
dirigea sa progression dans la tariqa et le fit
entrer en khalwa, «retraite». Sidi M’hamed adopte cette Tariqa et s’y
attache. Après quoi le cheikh El Hafnaoui l'envoie
pour un long périple en Inde et au Soudan où il initia, parmi d'autres, le
sultan du royaume du Darfour.
Sa syaha (voyage spirituel) dans ces contrées durera 6
années. Puis de retour en Égypte,
El Hafnaoui l'autorisa à repartir dans son pays.
Après une absence de 30 ans, il revint dans sa faction les At
Smaïl et fonda vers 1183 de l'hégire, la première
zaouïa Khalwatiya d'Afrique du Nord. Il initia de
nombreux disciples autochtones dont Sidi Errahmouni
auteur d'ouvrages de grammaires et de jurisprudence dans le rite malékite.
La khalwatiya est une pratique soufi, une voie «tariqa» parmi les
nombreuses voies «toroq» adoptées par les soufis,
chacun à sa manière, pour «atteindre la Vérité». La Khalwatiya
tire son nom du mot khalwa qui signifie retraite, et
pour la tariqua khalwatiya,
la retraite spirituelle du pratiquant en est le principe fondamental. En
référence à la retraite spirituelle de Mahomet, dans la grotte de Hira, et à la retraite du prophète Moïse sur le mont Sinaï.
Le Khalwati, ou Khalwi doit se
retirer dans une grotte ou alors dans une pièce fermée, pour pratiquer la
prière, la méditation, le wird, c'est-à-dire la
récitation du Coran et le dhikr qui est l’invocation
des noms de dieu.
Cette
retraite avec très peu de nourriture, est d’une durée illimitée avec un minimum
de trois jours quand même. Son œuvre -son retour au pays Après 30 ans
d’absence, il revient enfin chez lui. Il s’installe d’abord dans son village
des Aït Smaïl, où il fonde une zaouïa.
Il décide par la suite de s’installer à Alger pour y fonder une autre zaouïa.
Il choisit de s’installer dans ce qui sera plus tard le quartier du Hamma, il fonde sa grande zaouïa qui rayonnera sur toute
l'Algérie.
Cette
zaouïa, accueillant les pauvres, les orphelins et les étrangers, est aussi une
université où de nombreuses sciences sont enseignées. Elle devient le lieu
privilégié de la Khalwa de ceux qui viennent demander
l'initiation. Le cheikh aura pour disciples Sidi Abderrahmane Bacha tarzi El Qosantini qui propagera
la tariqa dans le Constantinois et dans tout l'est du
pays, Sidi Ibn Azzouz El Bordji,
Sidi Ameziane El Haddad, chef spirituel de la révolte
des Mokrani, Sidi Ahmed Tidjani
fondateur de lantariqa Tidjaniya
et bien d'autres. Sa Tariqa Khalwatiya
est devenu la Rahmania (ce qui donnera à la zaouïa Lalla Rahmaniya son nom), en
référence à Abderrahmane, le nom de son père. C’est ainsi que Sidi M’hamed avait introduit la voie, la Tariqa
Khalwatiya en Algérie.
Il
enseignera pendant environ 25 ans, jusqu’au jour où sentant sa santé décliner,
il décide de rentrer chez lui, dans son village natal. C’est là-bas qu’il
décède en 1793, à l’âge de 73 ans.
Sa mort
et son influence Après sa mort un grave conflit éclata entre les rahmani d'Alger qui, voulant le voir enterré dans la grande
zaouïa où lui est élevé aujourd’hui un mausolée (au cimetière de Sidi M’hamed à Alger), volèrent sa dépouille du cimetière des At Smaïl, et les rahmani kabyles qui apprirent le vol. On décida de trancher
ce conflit en ouvrant la tombe en Kabylie.
Et la
légende populaire affirme que l'on retrouva la dépouille telle qu'elle fut
enterrée. Depuis Sidi M'hamed est surnommé Bou Qabrine -le saint aux deux tombeaux pour témoigner d'un de
ses nombreux prodiges.
La tariqa Rahmaniya continua à
prospérer à travers le pays. De nombreuses zaouïas sont fondées ici et là. La Rahmanya devient très vite la tariqa
qui compte le plus d'adeptes en Algérie. Cette donnée va profondément être
modifiée par l'arrivée, en 1830, des troupes françaises.