TOURISME-
REGION- MASCARA- THERMALISME
© A.Ghomchi/El Moudjahid, mercredi 22 janvier 2020
La wilaya de
Mascara possède de grandes potentialités thermales et touristiques dont
certaines sont oubliées et surtout ignorées par la population, à l’exemple de
la source de Sidi Ahmed Benkhedda située à quelques
kilomètres seulement du chef-lieu de la daïra de Hachem
ou celle de la localité de Sidi Boussaid. Chacune
de ces sources a ses propres vertus thérapeutiques ; la première guérit les
pathologies dermatologiques selon les propos des habitants riverains des lieux
et la seconde a un effet thérapeutique sur les reins. Nous avons visité le
Saint patron, Sidi Ahmed Benkhedda, qui est le
septième grand-père de l’Emir Abdelkader et le père de Sidi Kada
Belmokhtar. Cet homme avait choisi d’élire
domicile loin des siens dans le but de faire ses recherches religieuses, à
mi-chemin entre le chef-lieu de daïra de Hachem et la
localité de Ain Mansour, à quelques kilomètres du chef-lieu de la commune de Hachem, dans un mausolée au sommet d’une colline qui
surplombe un oued et une source. Ce genre d’abri a été construit pour
cacher la partie inférieure de la personne qui peut prendre un bain, non loin
de là où se trouve un puits à partir duquel est exploité
l’eau que dégage la source en excédent pour irriguer les cultures. Cette source
a malheureusement séché car les fellahs riverains ont procédé au forage à la
sonde de plusieurs puits. Pourtant cette source était classée au
patrimoine thermal en même temps que Bouhanifia. Aujourd’hui
il n’en reste que des traces, mais, d’après des spécialistes, l’eau se trouve à
huit mètres seulement et peut être extraite une nouvelle fois. Reste à
savoir si cette eau a les mêmes propriétés que celle qui se dégage de la
source. Sidi Ahmed Benkheda est le gardien d’un grand
cimetière qui contient des milliers de tombes que certaines personnes situent
l’existence à plus de 700 ans, mais laissé a l’abandon. D’autre part, ces
lieux, malgré leur éloignement du tissu urbain, n’ont pas échappé à la
dégradation Hadj Benaissa, 72 ans dira : «Avant, l’oued coulait à flots. La source
dégageait une bonne eau ; des gens venaient de tous les coins de
l’Ouest. Chaque jour des voitures circulaient a travers champs pour
arriver a la rivière, mais aujourd’hui tout a changé, plus personne ne rode
dans les parages, puisque la source a séché car son eau a été exploitée pour
les champs . En effet, la wilaya dispose des sites
naturels, culturels, une riche histoire, des sources thermales qui peuvent lui
permettre de développer plusieurs secteurs touristiques : le tourisme culturel,
le tourisme thermal, le tourisme climatique, le tourisme d’affaires et même le
tourisme sportif et de loisirs. Au vu de son histoire, Mascara a toujours
«enfanté» des hommes connus par l’histoire des nations, vu leurs
sacrifices, leur héroïsme et leurs œuvres. Ces hommes ont fait et font
l’histoire de l’Algérie allant de la Préhistoire à nos jours en passant par les
ères romaines, ottomanes, l’époque de l’Emir Abdelkader et durant la révolution
de Novembre-1954. Durant l’époque romaine, la wilaya a abrité plusieurs cités
et forteresses qui furent construites telles que Castra Nova (Mohamadia), Aqua Sirence (Bouhanifia) Alamilaria (Benian) Tasacora (Sig) et Sira ( Hacine),
ces villes étaient munies de rempart pour repousser les assauts de la
résistance populaire. Celle conduite par Roba à Béniane
en est l’exemple. Mascara a connu une prospérité culturelle durant l’époque
ottomane, devenue la capitale du Beylik de l’Ouest de 1701 à 1792 ;
période durant laquelle plusieurs Ulémas se sont distingués. Malgré la division
de la ville par les Ottomans, en plusieurs quartiers comme Ain Beida, Bab Ali, Argoub Smail, en les entourant aussi de murailles, cette ville qui
a vu naitre l’Emir Abdelkader. Il y a appris le Coran et tout le savoir
qui lui ont servi de point de départ pour entamer son combat contre
l’envahisseur français, une révolution qui a duré plusieurs années. Cette
wilaya a également un riche patrimoine culturel et archéologique, riche et
varié, qui peut faire d’elle une destination privilégiée des chercheurs et des
spécialistes dans le domaine archéologique, par exemple la sablière de Tighennif, lieu où fut découvert les ossements du premier
homme ayant habité l’Afrique du Nord plus de 500.000 ans avant J.C, ainsi que
des squelettes d’animaux et des outils en pierre utilisés par l’Atlantrope (Homme de l’Atlas). L’aqua
Sirence, l’actuelle Bouhanifia,
ville romaine construite sur la rive d’Oued El Hammam ; Alamilaria
(Béninan) située à quelques 50 km du chef-lieu de la
wilaya de Mascara. En ce lieu fut érigée la Basilique à la mémoire de
«Roba», la Donatiste qui a mené la résistance contre l’envahisseur romain et
qui fût assassinée le 25 mars 434 par les Traditeurs. Les autres sites romains
sont ensevelis comme Castra Nova, Tasacora et Sira, nécessitant des fouilles. Le patrimoine historique
existe comme l’arbre de la Derdara, sous lequel a eu lieu
le 27 février 1832 la réunion de tous les notables, chefs de tribus et oulémas
de la région pour faire allégeance à l’Emir Abdelkader et le désigner à la tête
de la résistance contre l’envahisseur français, allégeance décidée suite à
l’annonce de la prise d’Alger par les forces françaises et au soulèvement
populaire mené par cheikh Sidi Mahiedine chef de la zaouia Kadiria d’El Guetna qui a réussi à repousser les soldats français
de la ville d’Oran durant la Bataille de «Khang Ntah 1 et 2. C’est donc sous cet arbre qu’ont été prises
les premières décisions qui ont abouti à l’organisation de la résistance
populaire qui durera plusieurs années. Une seconde allégeance eu lieu le 4
novembre 1833 à la mosquée Ain Beida, connue également sous le nom de Sidi Hacene, une réunion regroupant l’Emir Abdelkader et les
chefs de tribus des différentes régions d’Algérie venus signer un pacte
d’alliance contre l’occupant français. Ce pacte est considéré par les
historiens comme l’acte de naissance de l’Etat algérien moderne. La zaouia de Sidi Mahiedine située à
El Guetna à quelques kilomètres de Mascara,
était dirigée par cheikh Sidi Mahieidine. Elle
constituait un espace de savoir, de science et un refuge pour les
démunis. L’Emir Abdelkader y a vu le jour, y a appris le Coran et les
sciences, ainsi qu’un bon nombre de ses lieutenants issus de la même zaouia. La grande mosquée Mostefa-Ben Touhami
construite par Mohamed Ben Ottomane dit «El Kebir»
durant le règne ottoman, porte aujourd’hui le nom de Mostefa Ben Touhami un notable de la région nommé par L’Emir Abdelkader
en qualité de wali de Mascara. À ceci s’ajoute la diversité du relief
constitué de montagnes, de forêts et d’oueds. Ce potentiel naturel lui
permet de développer un tourisme climatique, des randonnées pédestres, des
campings, y pratiquer de la chasse, la pêche dans les barrages et des activités
sportifs à l’air libre.
A. Ghomchi