CULTURE-
ARTS PLASTIQUES – PEINTURE- OMAR RACIM
Omar Racim
est né le 1er janvier 1883 à Alger, précisément à La Casbah. En
1901, à l’âge de 14 ans, Omar Racim travaille quelque
temps à l’Imprimerie officielle d’Alger. C’est là qu’il acquiert la passion
ainsi que la vocation de l’écriture et du journalisme. En 1902, il
rejoint le mouvement naissant des réformistes musulmans et il sera parmi ceux
qui, en 1904, reçoivent Cheikh Mohamed Abdou, un des promoteurs (avec Djamel
Eddine El Afghani), de la Nahda qui déferle du Machrek vers le Maghreb et qui secouera la torpeur de
l’intelligentsia musulmane algérienne. Il fut le premier journaliste
nationaliste de langue arabe et créa en 1908 son premier journal, Al Djazaïr. Cette revue, éditée en langue arabe, contenait
dans ce numéro un article de Cheikh El Tantaoui, avec
un titre aussi évocateur que : «Soulèvement d’une nation». Bien entendu,
l’administration coloniale ne voyait pas d’un bon œil la création de ce genre
de revue et malheureusement suite aux entraves administratives et au manque de
moyens financiers, elle ne put survivre à ce premier numéro. De 1908 à 1914,
Omar participe à la rédaction de nombreux ouvrages en langue arabe.
En 1912, Omar Racim fera plusieurs séjours au
Moyen-Orient, particulièrement en Egypte où il rencontra le Cheikh El Tantaoui.
Grand
défenseur du panarabisme et de la lutte contre le colonialisme, Omar Racim rentra à Alger convaincu de la justesse de ses idéaux
et il fonda dès son retour un périodique entièrement rédigé, calligraphié,
illustré et lithographié de sa propre main. La première action qui a été menée
ici en Algérie consistait, tout d’abord, à établir un inventaire des arts
locaux ; pour cela, une grande exposition a été organisée en avril 1905 à la
médersa d’Alger, nouvellement inaugurée. Le professeur Georges Marçais, éminent professeur d’art islamique, se chargea de
son organisation. Les œuvres exposées provenaient de diverses régions
d’Algérie. La plupart ont été prêtées par les grandes familles algériennes et
par certains collectionneurs. Par la suite, la majorité de ces œuvres ont été
acquises par l’Etat. Elles font actuellement partie des collections du
département d’art islamique du Musée des antiquités. Omar a été le
précurseur de la préservation du patrimoine immatériel de la culture et
des us algériens.
Ce
qui a fait dire au célèbre historien Mohamed Kaddache
que Omar était aussi imprégné par l’élan réformiste
musulman incarné par la Nahda qui œuvrait pour
l’émancipation des autochtoctones afin de les
soustraire du joug colonial. Dans ce contexte, la création du
journal Dhoul Fikar par Omar Racim ne fut
nullement fortuite, même si cette action lui valut moult déboires, surtout
lorsque ses correspondances avec des nationalistes d’Egypte furent interceptées
par les services de renseignement, ce qui lui valut d’être déféré devant les
tribunaux et d’écoper d’une condamnation à mort, commuée en
détention préventive à la prison de Barberousse. En 1933, il fut nommé
professeur à l’Ecole des arts indigènes, et plus tard il rejoint son frère
comme enseignant à l’Ecole des beaux-arts d’Alger.
Au
Salon de 1939, la presse de l’époque rapporta que les œuvres de
Omar Racim eurent un succès considérable, et
cette exposition fut rehaussée par la présence de nombreuses personnalités
culturelles et religieuses, et c’est durant cette exposition que Mohamed Laïd Khalifa, poète, grand homme de culture et membre
influent de l’association des Ulémas musulmans algériens dès sa création en
1931, dédia un poème en 10 strophes en hommage à Omar Racim.
A sa mort en 1958 à l’âge de 75 ans, relève Le Monde,
la presse française d’Algérie a pratiquement passé sous silence
l’événement. «C’était l’un des derniers survivants de la vieille école des
peintres miniaturistes algériens à laquelle Mohamed, son frère, donna un éclat
particulier dans tout le monde musulman. Omar était un homme d’une culture
raffinée. On rêvait, en sa compagnie, à la vie policée et pleine de charmes des
cités de l’Andalousie musulmane. Il était d’une politesse exquise que
n’excluaient pas certaines rudesses de ses adversaires et pour être plus
précis, de ceux qu’il tenait pour responsables de la stagnation de son
art : l’administration française et le colonialisme». Omar a
été inhumé au carré familial du mausolée Sidi Abderahmane,
situé dans la Haute Casbah (actuellement rue Bencheneb)
près de la médersa. Malgré le mutisme de la presse coloniale, une foule
nombreuse composée d’hommes de culture, de lettres, de dignitaires religieux et
de Français libéraux l’a accompagné jusqu’à sa dernière demeure.
Omar
Racim fut l’un des derniers survivants de la vieille
école des peintres miniaturistes et calligraphes algériens qui, avec son frère
Mohamed ont donné un éclat particulier dans tout le monde arabo-musulman.