HISTOIRE-
POINTS DE VUE ET OPINIONS- ALN/ETAT MAJOR - COMMANDANT AZZEDINE.
Organisé conjointement par le journal El
Moudjahid et l’association Machaâl Echahid, le Forum de la mémoire (janvier 2020) était
l’occasion pour le dernier membre vivant de l’état-major de l’ALN, membre du
CNRA, le commandant Rabah Zerari dit Azzedine, de
revenir sur la pertinence et l’opportunité de l’ALN en 1954.
«À mesure que les Algériens interrogent leur histoire
et particulièrement celle qui traite de la guerre de Libération nationale,
surgissent des questionnements autour de tel ou tel autre fait ou événement, il
en est ainsi de la création de l’état major de l’ALN» dira l’invité du forum
qui regrette que très peu de choses soient écrites à ce sujet depuis le
recouvrement de l’indépendance. Pour le commandant Azzedine «c’est la
détermination des hommes qui écrit l’histoire et qui en force le
cours. L’Armée de libération nationale c’était un djoundi
plus un fusil, tout imprégnée de l’insolente espérance de la jeunesse, c’est
donc le fusil de chasse qui a eu raison des chars et des B26.
L’invité du forum de la mémoire expliquera qu’au départ, le pays avait été
configuré en 5 zones, chacune était animée par un colonel et ce sont les
animateurs du FLN qui se sont métamorphosés en commandants militaires. «Le
travail de formation politico-militaire et d’organisation des dechras dans les 5 zones était indispensable et allait
déterminer l’action militaire», dira le commandant Azzedine. Notre invité
expliquera que c’est le congrès de la Soummam qui va structurer le front et
l’Armée de libération en créant le Conseil national de la Révolution algérienne
et surtout le CCE qui sera chargé de la coordination politico-militaire mais
«pas encore d’état-major chargé des questions de stratégie et de tactique
militaire en dépit du fait que Krim Belkacem encore colonel de la wilaya III en avait fait la
suggestion».
L’ALN devait consacrer
la primauté du politique sur le militaire
Le dernier survivant de l’état-major de l’ALN témoignera qu’a l’époque Abane Ramdane et Ben M’hidi avaient opté pour la primauté du politique sur le
militaire, il ne fallait donc pas créer d’Etat major de l’ALN qui serait une
structure qui risquerait de s’opposer au CCE. «Mais sur le terrain, la guerre
s’est durcie et avec le plan Challes et ses
opérations meurtrières la pression est devenue d’une intensité accablante
«témoignera notre invité. Il expliquera que l’ALN étouffait à l’Est comme à
l’Ouest et toute l’Algérie est comme prise dans les mâchoires d’un étau
impitoyable. «Et c’est dans ces conditions que des questions de savoir si un
état-major n’aurait peut être pas développé une contre-stratégie. Peut-être
qu’il aurait concentré les efforts conjugués de toutes les wilayas pour gêner
l’ennemi», dira le commandant qui précisera qu’en septembre 1958 le GPRA s’est
substitué au CCE et va vite devenir une instance sinon de l’exercice d’une
souveraineté populaire et un précieux instrument de gestion. «Mais cinq
mois après sa constitution le GPRA est bousculé par un certain nombre de crises
et les colonels, notamment Krim Belkacem
vont plaider pour une autorité ferme, solide, homogène, révolutionnaire et
restreinte pour diriger le pays et la guerre d’où la création de l’état-major
de l’ALN «, témoignera le commandant Azzedine.
Du comité interministériel de guerre, naîtra pour la première fois un état-major
de l’armée de libération avec des prérogatives bien précises.
Les prérogatives de
l’état-major en 1959
Le commandant Azzedine nous transporte au 31 janvier 1960 pour nous préciser
les attributions du chef d’état-major de l’ALN. Citant une circulaire datant de
la même date, notre invité expliquera que l’état-major a, entre autres, le haut
commandement de l’ALN et la responsabilité de la conduite et de la coordination
des opérations militaires. L’intervenant regrette que cette page de l’Histoire
n’ait pas intéressé les chercheurs et les historiens puisque peu de choses sont
écrites à ce sujet et aussi concernant tous les autres soubresauts de
l’histoire. Il dira «qu’incontestablement Boumediene qui était à la tête
de l’état major de l’ALN était un grand organisateur mais qu’il avait commis
beaucoup d’erreurs».