HISTOIRE - GUERRE DE LIBERATION NATIONALE - QASSAMAN
Le texte de l'hymne national Qassaman (Nous jurons !) a été rédigé par le grand poète et nationaliste, homme de lettres et journaliste, originaire du M'Zab, Zakaria Ben Slimane Ben Yahia Ben Cheikh El Hadj Slimane dit Moufdi Zakaria (né le 12 avril 1908 à Beni Izguen et décédé le 17 août 1977 à Tunis , père du politologue Slimane Cheikh). Lamine Bechichi (mercredi 20 novembre 2013, Conférence à Mila) a précisé que l'idée est venue du militant Hocine Belmili, originaire de Mila /Grarem, qui avait soumis le projet à Abane Ramdane. Et , ce dernier avait chargé Lakhdar Rebbah et Benyoucef Benkhedda de trouver un poète apte à écrire le texte en insistant sur un contenu "mobilisateur et flétrissant le colonialisme". Sa composition musicale a été réalisée d'abord par l'artiste tunisien Mohamed Triki, puis par le compositeur égyptien Mohamed Fawzi . Et, c'est en 1957 que, pour la première fois, l'hymne national est joué par un orchestre du Caire (cinq couplets de cinq vers).
Selon les historiens (dont Mohamed Abbas), c'est durant l'été 1955 que Moufdi Zakaria, qui tenait un commerce de tissu (ex-)rue Blandan à Alger , a été contacté par le moudjahid Rebbah Lakhdar pour écrire le texte de l'hymne national et ce, sur ordre des dirigeants de la Révolution armée ( Selon El Moudjahid, Abane Ramdane avait proposé la création et l'adoption d'un hymne lors d'une réunion en 1955). En moins de 24 heures, c'est-à-dire le lendemain de la rencontre entre les deux hommes, le poème était écrit.
Il y a, en vérité, une autre thèse . L'hymne national aurait été composé par Moufdi Zakaria en 1955 (au début de l'année?) dans son commerce situé dans le quartier de la Casbah au 2, rue Boualem Rahal, actuellent ou le 25 avril (?), dans le cellule 69 de la prison de Serkadji (ex-Barberousse).
Ce qui est certain, c'est que le premier enregistrement sur disque a été réalisé de nuit, à la radio d'Alger, à l'insu des autorités françaises (selon Abderrahmane Laghouati).
C'est en 1957 que, pour la première fois, l'hymne national fut joué par un orchestre du Caire.
Notes : - Moufdi Zakaria avait déjà écrit plusieurs chants patriotiques comme Min Djibalina en 1932, le chant du Ppa, Fidae El Djazair Rouhi ou Mali en 1936…Il est l'auteur de plusieurs poèmes ainsi que de l'Illiade algérienne, une oeuvre monumentale de mille et un vers rendue publique en 1972.
- On sait qu'il y eut, en 1956, trois tentatives infructueuses de mise en musique de Qassaman : D'abord par l'artiste algérien Mohamed Touri en Algérie,ensuite par une chorale algérienne en Tunisie avec l'artiste tunisien Mohamed Triki., puis durant l'éta 1956 , la version finalement retenue, composée par l'Egyptien Mohamed Faouzi
- La loi de base est celle du 4 mars 1986 relative à l'hymne national (Joradp du 5 mars 1986)
- L'article 75 de la Constitution puis l'article 5 de la Constitution de 1996, révisée en 2002 font référence à l'hymne national. En 1987, un débat eut lieu à propos du raccourcissement de l'hymne afin de supprimer le couplet central relatif à la France, mais l'Apn se prononça en faveur du maintien du contenu initial.
- Mercredi 12 novembre 2008, le Parlement, les deux Chambres réunies, adoptait le loi portant révision partielle et limitée de la Constitution ,initiée par le Président de la République: L'article 5 était amendé et reformulé. Il précisait , entre autres, que "l'emblème national et l'hymne national sont des conquêtes de la Révolution du 1er Novembre 1954. Ils sont immuables.".......et, "l'hymne national est Qassaman dans l'intégralité de ses couplets"
- Tout acte , comportement ou attitude portant atteinte aux caractères attachés par la loi à l'hymne national (attitude de respect et de dignité qui lui sont dues de la part de tout citoyen et de toute personne participant ou assistant à son interprétation) entraîne à l'égard de l'auteur une peine d'emprisonnement (de 5 à 10 ans. Voir ordonnance du 8 juin 1965 , modifiée et complétée portant code de procédure pénale et ordonnance du 8 juin 1966 modifiée et complétée portant code pénal. ).
- Dimanche 29 juillet 2012, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Amar Belani, précise à la presse , dans la déclaration suivante: "Réagissant à l’article paru le 26 juillet dans la version online du Daily Telegraph qui porte atteinte aux symboles de l’Etat algérien, particulièrement à son hymne national, l’ambassade d’Algérie à Londres a élevé une vive protestation auprès du directeur de cette publication, assortie d’une mise au point à insérer dans ce quotidien", a précisé le porte-parole.
"Une démarche sera effectuée auprès des autorités compétentes(britanniques) pour attirer leur attention sur la teneur de cet article qui bafoue l’esprit et l’idéal olympique, porte atteinte aux longues souffrances endurées par le peuple algérien pour recouvrer son indépendance et sa dignité de nation souveraine et qui attente à son hymne national qui est une conquête immuable de la glorieuse Révolution du 1er-Novembre 1954", a-t-il ajouté. »
Le Daily Telegraph a passé en revue 10 hymnes nationaux sur les 205 hymnes de toutes les nations qui participent à ces jeux olympiques de Londres: ceux de la Corée du Nord, de l’Uruguay, la Grèce, l’Espagne, l’Algérie, la Colombie, l’Iraq, le Burkina Faso, le Kazakhstan et la République démocratique du Congo en les présentant comme les plus mauvais. Chaque hymne fait l’objet d’une présentation sobre agrémentée d’un fichier son.
Que dit le Daily Telegraph ? : « Le compositeur de l'hymne national de l'Algérie, le poète Mufdi Zakariah, a écrit les paroles avec du sang sur les murs de sa cellule dans une prison coloniale française en 1956, écrit le Telegraph. En plus de glorifier les mitrailleuses et la poudre à canon, l'hymne est celui parmi les quelques-uns au monde à faire référence à un autre Etat, à savoir la France. »
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Les Egyptiens ont amputé des passages critiquant la France dans Qassaman, l’hymne national algérien, lors de la composition musicale, pour des raisons politiques.
Ils avaient supprimé le passage ‘Ya Farança kad madha waktou el itab’ (Ô France, le temps des reproches est révolu) et changé un autre passage qui était ‘lam takoun tousghi Farança idh natkna’ (la France ne nous écoutait pas), devenu ‘lam yakoun yousgha’ (on ne nous écoutait pas). Personne ne s’est rendu compte de la disparition du mot ‘France’ de ce passage», a révélé mardi 11 février 2014, au centre Mustapha Kateb à Alger, Lamine Bechichi, lors d’un débat organisé à la faveur de la semaine culturelle de l’Agence nationale de communication, d’édition et de publicité (ANEP). M. Bechichi a expliqué cette censure par la situation de l’Egypte en 1956, après la nationalisation par Gamal Abdelnasser du canal de Suez. «Cela avait suscité une grosse polémique. La situation était donc tendue. Israël avait fait alliance avec l’Angleterre. Les Egyptiens ne voulaient pas avoir la France sur le dos. A l’époque, la propagande française prétendait que l’Egypte soutenait les nationalistes algériens, alors que ceux qui combattaient les Français étaient bel et bien les Algériens, pas les Egyptiens ! Aussi, les autorités voulaient-elles éviter tout problème supplémentaire avec la France, d’où l’amputation de Qassaman», a-t-il expliqué.
Lamine Bechichi a précisé que l’hymne national algérien a été composé par l’Egyptien Mohamed Fawzi, qui était inscrit à Radio Sawt El Arab au Caire. «Dans cette radio, les compositeurs prenaient des projets suivant un ordre mentionné sur une liste. Le jour où l’hymne national algérien devait être pris en charge, c’était le tour de Mohamed Fawzi. Or, Fawzi était connu pour la composition de chansons d’amour et de chansonnettes pour enfants. Il lui avait été demandé de laisser sa place à un autre compositeur pouvant mieux appréhender un chant patriotique. Fawzi avait refusé. Il s’était engagé à former l’orchestre et choisir le studio d’enregistrement en payant de sa poche. Le résultat fut surprenant», a précisé Lamine Bechichi, lui-même auteur-compositeur et ancien directeur général de la Radio algérienne.
«Le texte, composé de cinq couplets, a été composé en Algérie à la fin de 1955, puis en Tunisie par Mohamed Triki qui avait mis une musique différente pour chaque couplet. C’était le générique de l’émission ‘Sawt El Djazaïr’ en Tunisie. A l’époque, je lisais à l’antenne le commentaire politique écrit par Abdallah Cheriet alors que Aïssa Messaoudi présentait les informations militaires. Abane Ramdane, à travers Benyoucef Ben Khedda et Lakhdar Rebah, suivait l’élaboration de l’hymne national. Il était apparu inacceptable que la musique change à chaque couplet du poème de Moufdi Zakaria. Ahmed Khider avait donné le texte à Ahmed Tewfik El Madani, qui l’avait remis ensuite à Ahmed Saïd afin de trouver un compositeur au Caire, pour élaborer une musique correcte à l’hymne national», a-t-il indiqué.