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Yennayer 2970- Ayrad à Beni Snouss

Date de création: 11-01-2020 18:27
Dernière mise à jour: 11-01-2020 18:27
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CULTURE-  PATRIMOINE- YENNAYER 2970– AYRAD A BENI SNOUSS 

L’Ayrad chez les Béni Snouss

Il faut savoir que les populations des trois villages de la commune de Béni Snouss (Ath Snous, wilaya de Tlemcen) organisent le 12 janvier de chaque nouvel an la fête traditionnelle dite d’Ayrad (lion en Tamazight) qui coïncide avec Yennayer. C'est donc une occasion où toutes les familles Snoussi préparent le berkoukès, les beignets, les crêpes et autres plats. Le spectacle du dit carnaval se fait dès la tombée de la nuit.  Les participants à la fête passent ensemble d’une maison à une autre à Khémis, l'un des trois villages des Béni Snouss. Les comédiens sont généralement au nombre de neuf, avec un guide, et sont tous déguisés portant des masques à base de cornes, de peaux d’agneaux, etc. Le grand Ayrad quant à lui est tiré à l’aide d’une chaîne par une personne, afin qu'il ne puisse s'échapper. 

Le guide, pour sa part est muni d’un drapeau à la main. Il est entouré des comédiens qui frappent aux portes des maisons. Dans le cas où le propriétaire de la maison n’ouvre pas, les spectateurs disent à haute voix : «Chebriya mherssa moulat eddar emtalqa» (la jarre est brisée et la maîtresse de la maison sera divorcée) ; puis déposent un «kerkor» (amas de pierre) devant l’entrée de cette maison.                                                                                                                          

 

La pérennité de ce carnaval depuis son origine réside dans son authenticité

 

Lorsque la porte est laissée entrouverte, c’est la lionne (l’biyya) qui entre la première, accompagnée par des spectateurs qui jouent du tambourin, du bendir et de la ghaita tout en clamant à haute voix : «Hallou bibankoum rahna jinalkoum» (ouvrez vos portes, nous sommes venus).  Après avoir effectué quelques tours dans la maison, la lionne tombe à terre et fait la morte à chaque séance. 

Puis le grand Ayrad (le lion) entre avec fureur et regarde la lionne en train de mourir. Après quelques minutes de jeu et au réveil de la lionne, le maître de la maison remet au guide de l’argent -celui de la ziyara- et surtout des fruits mélangés, des gâteux, du pain, des grenades, des figues sèches, etc. Puis c’est au tour du m’qaddem de réciter la «Fatiha» à haute voix tout en souhaitant une nouvelle année abondante en richesses et en priant Dieu d'apporter sa miséricorde et sa clémence. Ensuite tout le monde se dirige vers une autre maison et ainsi de suite jusqu’à l’aube et ce, durant trois jours. Tous les dons recueillis ici et là sont partagés et remis aux nécessiteux et démunis du vilage.  

 Il est regrettable que cette fête ancestrale ne soit plus célébrée comme autrefois en raison des changements survenus au sein de la société et, par la même, des mentalités. Mais elle n’est pas oubliée pour autant puisque les personnes âgées se rappellent encore des exceptionnels moments de joie passés. Car la pérennité de ce carnaval depuis son origine réside dans son authenticité : il est spontané et tiré de nos us et coutumes et des croyances les plus lointaines. Ne serait-ce qu'à ce titre, c'est le patrimoine de tous les Algériens. 

C'est pourquoi il est toujours célébré avec faste pour marquer à la fois le nouvel An amazigh et s’inscrire dans l’esprit de la solidarité communautaire et de l’attachement au sacré.