SANTE - TABAGISME – CONSOMMATION PRODUITS DU TABAC - RAPPORT OMS
2018
© Djamila
Kourta/El Watan, dimanche 5 janvier 2020
Plus de 7 millions des décès sont dus à la consommation directe de
produits du tabac, alors qu’environ 1,2 million résultent du tabagisme passif.
Depuis 2010, le tabagisme recule dans 60% des pays environ.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a rendu public un nouveau
rapport au mois de décembre 2019 sur les tendances de la consommation de tabac
dans le monde qui fait ressortir pour la première fois que le nombre d’hommes
consommateurs de tabac diminue. Ce qui constitue selon l’organisation
onusienne «un changement majeur dans l’épidémie mondiale de tabagisme» et
de signaler que «les efforts de lutte des pays pour sauver des vies,
protéger la santé et vaincre le tabagisme progressent». Cette conclusion,
rendue publique, démontre, selon l’OMS, comment dans les pays l’intervention
des autorités peut protéger les communautés face au
tabac, sauver des vies et éviter les préjudices liés à la consommation.
Comme l’a souligné le Directeur général de l’OMS, le Dr Tedros
Adhanom Ghebreyesus, «la baisse de la consommation chez les hommes
constitue un tournant dans la lutte contre le tabagisme. Nous avons longtemps
constaté une hausse régulière du nombre d’hommes consommant les produits
mortels du tabac. Or, maintenant, pour la première fois, nous observons une
baisse due à l’attitude plus ferme des gouvernements face à l’industrie du
tabac. L’OMS continuera de collaborer étroitement avec les pays pour que cette
nouvelle tendance soit maintenue», a t-il déclaré selon la même source.
L’OMS rappelle que depuis près de 20 ans, le nombre total de
consommateurs de tabac dans le monde a diminué d’environ 60 millions, passant
de 1,397 milliard en 2000 à 1,337 milliard en 2018, selon la troisième édition
du rapport mondial de l’OMS sur les tendances de la prévalence du tabagisme
2000-2025. La baisse est due en grande partie à la réduction d’environ 100
millions du nombre des consommatrices, ramené de 346 millions en 2000 à 244
millions in 2018.
Au cours de la même période, les hommes – qui représentent 82% des
1,337 milliard de consommateurs mondiaux actuels – ont été 40 millions de plus
à utiliser des produits du tabac (1,093 milliard en 2018 contre 1,050 milliard
en 2000). Or, le nouveau rapport montre que la tendance à la hausse du
tabagisme masculin a été stoppée.
Selon les projections de l’OMS, le nombre de consommateurs hommes
diminuera de plus d’un million en 2020 pour s’établir à 1,091 milliard et
de 5 millions d’ici à 2025 pour atteindre 1,087 milliard. D’ici à 2020, les
projections de l’OMS font apparaître une diminution de 10 millions du nombre
total pour les deux sexes par rapport à 2018 et une nouvelle baisse de 27
millions d’ici à 2025, où il ne devrait pas dépasser 1,299 milliard. Depuis
2010, le tabagisme recule dans 60% des pays environ. Pour le Directeur de la
promotion de la santé à l’OMS, le Dr Ruediger Krech, «les
réductions constatées au niveau mondial montrent qu’en introduisant des mesures
et en renforçant leur action globale sur la base de données factuelles, les
pays peuvent protéger le bien-être de leurs ressortissants et de leurs
communautés».
Les progrès accomplis en vue de la cible d’une diminution de 30%
du tabagisme d’ici à 2025 fixée par les gouvernements restent néanmoins
insuffisants, signale le rapport. Au rythme actuel, la réduction
n’atteindra que 23% en 2025, seuls 32 pays étant en mesure de franchir la barre
des 30% de baisse. Mais la baisse prévue chez les hommes – qui représentent la
grande majorité des consommateurs – peut être renforcée et servir à accélérer
les efforts en vue d’atteindre la cible mondiale selon le chef de l’unité de
lutte antitabac à l’OMS, le Dr Vinayak Prasad.
«Le nombre des consommateurs diminue, a-t-il fait observer, ce qui représente un grand pas
en avant pour la santé publique mondiale. Mais notre mission n’est pas encore
accomplie. Sans une action nationale renforcée, la diminution prévue du
tabagisme ne permettra pas d’atteindre les cibles mondiales. Nous ne devons
jamais relâcher nos efforts contre les multinationales du tabac.»
Le rapport de l’OMS couvre la consommation de cigarettes et de
cigares (y compris les bidis, cheroots et kreteks), le tabac pour pipe et pour
pipe à eau, les produits du tabac sans fumée et les produits du tabac chauffés,
mais pas les cigarettes électroniques. A noter que chaque année, le tabagisme
est à l’origine de plus de 8 millions de décès, entraînant la mort d’environ un
consommateur sur deux. Plus de 7 millions de ces décès sont dus à la
consommation directe de produits du tabac, alors qu’environ 1,2 million
résultent du tabagisme passif. La plupart des décès liés au tabac touchent les
pays à revenu faible ou intermédiaire qui sont la cible d’activités et d’efforts
de commercialisation intenses de la part de l’industrie du tabac.
Une tendance à la baisse en Algérie
La prévalence de la consommation de tabac est de 16,5% en Algérie.
Une moyenne de 15 cigarettes sont consommées par jour
selon la dernière enquête Step Wise 2016-2017 réalisée par le ministère de la
Santé de la Population et de la Réforme hospitalière. Une tendance à la baisse
enregistrée depuis 2003 où un homme sur deux était fumeur. Le pourcentage du
nombre de fumeurs est passé de 50% à 42%.
Le tabac constitue un des facteurs
de risque comportemental identifié des Maladies non transmissibles (MNT). Il
occupe une place importante dans l’apparition de certaines maladies telles que
le cancer.
La dernière étude réalisée par le
ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, en
collaboration avec l’OMS stepwise Algérie 2016-2017, dont l’objectif principal
était d’estimer la fréquence des principaux facteurs de risque des
maladies non transmissibles – sur un échantillon représentatif, composé
de 7450 personnes, âgées de 18 à 69 ans révolus, tirées au sort, au sein
des ménages à travers le territoire national – montre que la prévalence
de la consommation de tabac chez les fumeurs actuels était de 16,5% dont 32,2% des
hommes et 0,4% des femmes.
Cette fréquence était de 14,3% chez
les fumeurs actuels quotidiens et de 10,9% chez les anciens fumeurs quotidiens.
La cigarette industrielle était le produit tabagique le plus consommé chez les
fumeurs actuels dont le pourcentage de consommation du tabac fumé est de 97,6%.
La prévalence de la consommation de tabac fumé et sans fumée était de
21,8%. Elle était plus fréquente chez les hommes que chez les femmes, soit
42,6% contre 0,7%.
Le tabac sans fumée est représenté
avec une prévalence de la consommation actuelle de 8,9% avec une nette
prédominance masculine (17,3% vs 0,4%) et la sa prévalence de la consommation
quotidienne est de 15,5%. L’enquête a également révélé que le pourcentage de
répondants ayant déclaré être exposés à la fumée de tabac au niveau du
domicile était de 30,5% dont 34,5% des hommes et 26,5% des femmes alors qu’ils
étaient 35,6% à déclarer être exposés à la fumée de tabac en milieu
du travail dont 51,9% d’hommes et 19,1% des femmes.
Les résultats de l’enquête ont aussi révélé que l’âge moyen du
début de consommation de tabac fumé pour les deux sexes et indépendamment de
l’âge était de 17,6 ans et le nombre moyen d’années de consommation de
tabac était de 18,3 ans. Le nombre moyen total de cigarettes industrielles
utilisées par les fumeurs quotidiens était 15 cigarettes par jour.
La quantité moyenne de tabac utilisée par type de fumeurs quotidiens chez les
femmes n’a pas été rapportée en raison de la faible prévalence du tabagisme
chez les femmes
Le rapport a mis l’accent sur la consommation du tabac chez les
enfants qui représentent quelque 43 millions d’enfants âgés de 13 à 15 ans en
2018, dont 14 millions de filles et 29 millions de garçons.
Concernant les femmes, le nombre de consommatrices du tabac en
2018 était de 244 millions et on devrait en compter 32 millions de moins
d’ici à 2025. L’organisation mondiale de la santé se félicite par ailleurs de
la réduction du nombre de consommateurs de tabac dans certains pays : « 15
pays des Amériques sont en passe d’atteindre la cible de 30% de diminution
du tabagisme d’ici à 2030, ce qui fait de cette région de l’OMS celle des six
qui réalise les meilleurs progrès.» De plus en plus de pays appliquent
des mesures anti-tabac efficaces qui ont l’effet souhaité en faisant reculer le
tabagisme, a relevé l’OMS. Les taxes sur les produits du tabac contribuent à
réduire la consommation et les dépenses de santé liées au tabac, tout en
représentant aussi une source de recettes permettant de renforcer le
financement du développement dans bien des pays, a rappelé l’organisation
onusienne.