VIE POLITIQUE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH-
ESSAI MAHDI BOUKHALFA- « LA REVOLUTION DU 22 FEVRIER..... »
LA RÉVOLUTION DU 22 FÉVRIER.DE LA
CONTESTATION A LA CHUTE DE BOUTEFLIKA. Essai de Mahdi Boukhalfa. Chihab Editions, Alger 2019, 164 pages, 1000 dinars
« Chronique d’une chute ...annoncée (ou
espérée ou attendue) ».....et/ou « Histoire du « grand
réveil tranquille mais déterminé». A vous de choisir un titre
alternatif !
En plus d’être dirigé depuis 1999 par un
homme ne souffrant aucune critique ou action pouvant lui faire de
l’ombre......et, depuis le troisième et quatrième mandat, devenu un homme
malade, ne pouvant ni s’exprimer clairement ni se déplacer sans un fauteuil
roulant ou une civière (sinon pour aller se soigner à l’étranger) ...ne voilà
-t il pas qu’IL s’était mis dans la tête de briguer un .................5è
mandat. Rien que ça !
Il était évident que l’homme, depuis un
certain temps ,
était « pris en charge » par ce qui est communément appelé une « ‘Issaba » (une « Bande ») . De plus, le pays
– vu la baisse de la rente suite à la dégringolade des prix du pétrole, aux
« folles » dépenses et aux
détournements liés à une corruption affairiste généralisée - commençait à
connaître une crise sociale profonde dont le chômage, le sous-emploi, les
problèmes de logement, l’inflation, la précarité sociale ambiante dans des
villes livrés au népotisme, à l’injustice sociale , à la « harga » des jeunes et à la « hogra »
dans tous les domaines et dans tous les secteurs...
C’était sans compter sur le « ras-le
bol » des populations, jeunes et moins jeunes, d’un peuple qui en avait assez d’être humilié
et ridiculisé tant en Algérie que sur le plan international.....les prestations
« oratoires » et l’ « alacrité » de leur Président étant régulièrement
décryptées et moquées par la presse internationale.
A partir du 22 février, les événements
s’accélèrent à une vitesse 2.0. Des appels « anonymes » sur les
réseaux sociaux, ce nouveau monstre de la com’ moderne (comme toujours dans ces circonstances-là) et
ce sont les premières manifestations
contre le pouvoir et le 5è mandat à Bordj Bou Arréridj,
à Jijel, Kherrata et Khenchela......La
suite est connue obligeant Bouteflika à abandonner son ambition. La suite est
encore plus extraordinaire, voyant des centaines de milliers, parfois des
millions, de citoyens , hommes, femmes,
enfants , vieux et jeunes, descendre , pacifiquement, dans la rue demandant le
départ de tout un système obsolète et pourri ayant trop –et très mal- duré.
Naissance et vie d’un « Hirak ». La bonne humeur du « dégagisme ».
L’armée présente contre les « clans ». La fin de règne d’un
autocrate. La « Bande » sous les verrous. Les « grands »
oligarques corrompus estés en justice......et bien
d’autres doivent suivre......Pour la mise en place d’une autre République,
celle-ci réellement démocratique et sociale......
L’Auteur :
Socio-urbaniste de formation, journaliste depuis février 1983 (Aps où il fut chef de bureau à Bordj Bou Arréridj – avec des reportages époustouflants - puis à
Blida puis à Rabat, Horizons, El
Moudjahid, Le Quotidien d’Oran, Mghrebemergent.info.....). Un souvenir :
journaliste Aps
à Bordj (ville natale d’un « oligarque » bien en cours de l’époque), il avait ,
quelques jours avant le 5 octobre 88, rapporté la rumeur persistante concernant
un soulèvement populaire imminent. L’info ayant « fuité », il fut
rapidement « arrêté » quelques jours,
son passeport confisqué, je crois, .....et
interdit de se déplacer à Alger. Il a fallu bien des interventions pour qu’il
soit mis fin aux mesures de « rétorsion »...et « libéré ».
Extraits : « Dans cet extraordinaire élan populaire, les Algériens ont (ré)
inventé les marches et les manifestations pacifiques et, cerise sur le gâteau,
le matériel du parfait manifestant « zen ». Ils doivent déposer les
brevets de droits d’auteurs pour avoir inventé une nouvelle méthode de
manifester et la panoplie du parfait contestataire en colère contre le
pouvoir » (p 17), « Nous voulons que cette jeunesse ait sa chance,
qu’elle ait de l’espoir. La majorité de ceux qui ont marché avec nous n’ont
connu que Bouteflika . Autrement dit, ils n’ont rien
connu et ils ont été privés d’espoir » (Un participant aux marches, p 23),
« Son entêtement (Bouteflika) à s’accrocher au « fauteuil » du pouvoir, malade, ne parvenant même plus à
s’exprimer , a été vécu comme l’ultime provocation, la dernière humiliation ,
celle de trop, par les Algériens » (p 27), « Bouteflika, narcissique
d’entre les narcissiques, qui n’a jamais accordé le moindre entretien, le moindre intérêt
(......) aux journalistes et aux médias Algériens qualifiés vulgairement de
« Tayabette el Hammam », dès son arrivée au
pouvoir (.....) est sorti par la petite porte. Quelle
disgrâce pour celui qui se prenait pour le « rédacteur en
chef » de la presse nationale » (p 163)
Avis :Un grand
reportage accompagné d’analyses et de
commentaires comme cela sied si bien à nos journalistes. Du trois en un.
Et, il y a toujours excellé ! D’autant que c’est le
sujet de la « carrière »....Touchons du bois .....pour qu’il y en ait
encore bien d’autres!
Soixante quatre photos couleurs dont
plusieurs (20) de l’ami à la barde
fleurie, Mohamed Arezki Himeur. La totale,
quoi !
Citations : « Le
mensonge d’Etat ne passe plus dans une Algérie3.0 » (p 19), « Etrange
cette propension maladive à le comparer à un messie, un envoyé de Dieu.....Le
secrétaire général de l’Ugta n’avait-il pas juré en
2014 lors d’un meeting à Arzew que Bouteflika était un
prophète ? » (p 44), «La rue a pris une longueur d’avance sur
les politiques. Ce n’est pas la première fois en Algérie. Elle a été toujours
en avance. Le politique en termes de partis
du pouvoir est toujours en retard, à la traîne de la rue, pas toujours dans le bon sens certes,
mais elle bouge plus vite que le pouvoir . La rue
s’exprime mieux que le pouvoir, elle est plus visible que le politique » (Nacer Djabi, sociologue cité, p
54), « Le président n’est pas venu pour servir le pays, mais pour
gouverner les Algériens » (Bouchachi , avocat ,
cité, p 86)